Assassinat de Frank Goes : la troisième cible évoque lui aussi des arrangements douteux
La cour d’assises de Bruxelles a entendu mercredi après-midi le patron d’une importante entreprise de rénovation de façades à Bruxelles. Cet homme aurait été la troisième cible d’une vague de répressions commanditée dans ce secteur particulier de la construction, et dont a été victime l’un de ses confrères, Frank Goes.
Cinq hommes sont accusés de l’avoir assassiné à Jette le 29 septembre 2020. Comme d’autres témoins avant lui, l’entrepreneur a déclaré que la pratique des dessous-de-table entre le syndic d’immeuble OP/Trevi et l’entreprise City Façade, appartenant à l’un des accusés, était notoire.
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“Quelle que soit l’irritation que l’on peut ressentir vis-à-vis d’un autre entrepreneur ou d’un client, je ne comprends pas qu’on puisse avoir l’intention de l’écarter en employant de tels moyens“, a dit le témoin, invité à décrire son sentiment lorsqu’il a appris par les enquêteurs qu’il était la probable troisième cible d’une répression dans son milieu de travail.
L’entreprise du témoin est active dans le même domaine que City Façade, l’entreprise du principal accusé, Youssef Allali. Celles-ci sont spécialisées dans l’enveloppe extérieure et l’étanchéisation de bâtiments. “Youssef Allali et moi ne sommes pas vraiment des concurrents, car il ne travaille qu’avec des particuliers tandis que je ne travaille que pour des grandes entreprises. Je sais qui c’est, mais je ne le connais pas“, a-t-il dit.
“Beaucoup de malfaçons”
Pour le témoin, il est donc impossible que l’accusé ait pu vouloir s’en prendre à lui – selon cette hypothèse qu’il était ciblé – pour des raisons de concurrence exacerbée. Il a néanmoins confié deux réflexions qui auraient pu provoquer de l’animosité chez son confrère.
“Nous avons été appelés sur des chantiers qui avaient été menés par City Façade et qui comportaient beaucoup de malfaçons, mais nous refusions d’intervenir. City Façade proposait des prix entre 30 à 40 pourcents plus bas que les nôtres. On n’a jamais compris comment ils pouvaient faire ça. L’équation était pour nous incompréhensible. Nous, nous voulons être une entreprise qui propose un travail de qualité, et la qualité a un prix“, a considéré l’entrepreneur.
Comme d’autres témoins avant lui, il a également parlé d’arrangements financiers entre le syndic d’immeubles OP/Trevi et City Façade. Ces arrangements auraient permis à City Façade de remporter les appels d’offre lorsqu’une copropriété gérée par OP/Trevi décidait de faire rénover ses façades. “Au début, nous répondions à des appels d’offre du syndic OP/Trevi, mais on a rapidement arrêté de perdre notre temps. C’était décourageant de voir que c’était toujours City Façade qui remportait le marché“, a-t-il lâché.
Belga – Photo : Belga