Course contre-la-montre pour bénéficier des primes Renolution : “L’entrepreneur ne me répond plus”
Après avoir été suspendu le 16 août dernier, faute de moyens budgétaires suffisants, le portail pour l’octroi des primes Renolution a rouvert ce jeudi. Une bonne nouvelle pour les personnes en train d’isoler leur habitation… si elles parviennent à respecter les délais. De son côté, le secteur de la construction déplore une communication politique très maladroite.
C’est une habitante de Berchem-Sainte-Agathe qui nous interpelle. Celle-ci souhaite réaliser depuis des mois des travaux d’isolation dans son logement. Un contrat a été signé avec une entreprise au mois de février pour des travaux initialement prévus pour le mois de mai et un acompte a même été versé. Mais depuis, les reports s’enchaînent. Avec la fin de l’année qui approche, elle risque de voir sa prime Renolution – permettant de réduire le coût de l’isolation de son logement – lui filer entre les doigts.
Le gouvernement bruxellois en affaires courantes a approuvé formellement ce jeudi la réouverture sans délai du portail d’accès aux primes Renolution jusqu’au 31 décembre 2024. Concrètement, les Bruxellois qui rénovent et qui ont des factures de fin de travaux datant de 2024 (ou 2023) pourront introduire leur dossier de prime jusqu’à un an après la fin de leurs travaux.
Les explications du ministre bruxellois de l’Environnement Alain Maron (Ecolo) dans Bonjour Bruxelles :
Pour les factures datant de 2025, rien n’est garanti jusqu’à présent. Il faudra attendre une décision du prochain gouvernement – toujours en cours de négociations – sur le nouveau système de primes. Or, le MR a déjà fait part de sa volonté de changer le système actuellement mis en place. De quoi soulever les craintes des personnes ayant déjà investi. “Ce projet est financièrement réalisable pour nous, pour autant que nous puissions prétendre à la prime Renolution“, déplore notre témoin.
Contacté, un conseiller juridique explique que tout retard dans l’exécution des travaux ne peut constituer un motif de résiliation du contrat, ni donner lieu à une indemnisation si aucun délai d’exécution n’a été prévu. Le contrat en question reste donc bien valable, d’autant qu’il serait difficile de trouver une autre entreprise dans les délais liés à la prime Renolution. Seuls recours restant pour les personnes lésées : un accord à l’amiable avec l’entreprise ou la mise en demeure. Or, on le sait, le secteur de la construction est en pénurie et peine à suivre toutes les demandes et les conditions hivernales qui arrivent ne laisseront plus beaucoup de créneau disponible.
Les avocats déconseillent en tout cas de payer par avance l’entreprise afin de rentrer dans les délais, le dossier de prime nécessitant des preuves supplémentaires que le simple paiement bancaire.
Le secteur déplore un “effet d’annonce” qui a “explosé le budget”
Si le secteur ne parvient pas à suivre, ce n’est évidemment pas par manque de volonté mais par manque de bras, rétorque-t-il. “L’annonce du 16 août (Ndlr : ) a été très maladroite. Elle a créé un énorme appel d’air qui a explosé le budget. Les personnes qui comptaient faire leurs travaux plus tard se sont précipités. C’est comme être dans une voiture, donner un gros coup d’accélérateur puis un gros coup de frein au lieu de maintenir un rythme de croisière. On sait que ce n’est pas bon pour la consommation“, compare Laurent Schiltz, Secrétaire Général à Embuild.Brussels, le porte-parole du secteur de la construction à Bruxelles.
Après des années de système ininterrompu de primes – les primes Renolution ont été créées début 2022 pour fusionner les Primes Énergie, et les Primes à la rénovation de l’habitat et à l’embellissement des façades – ce genre de date butoir est une nouveauté pour le secteur. “Nous n’avons pas l’habitude, cela nous fait assez peur. Ce que nous demandons, c’est un message rassurant sur l’avenir de la part des autorités. Les primes nous permettent d’anticiper“, ajoute Laurent Schiltz.
Un message rassurant qui risque de se faire attendre tant qu’un nouveau gouvernement bruxellois n’a pas été formé.
Victor de Thier – Photo : Belga