Le héros “Imbattable” invite à sauter à pieds joints dans son univers au Musée de la BD
Le Centre belge de la bande dessinée (CBBD) accueillera un nouveau super-héros dès samedi et jusqu’au 16 mars: Imbattable. Décalé, ce personnage dispose d’un seul pouvoir magique, celui de se jouer des cases en s’y déplaçant à sa guise. L’exposition “Imbattable – Au-delà des cases” invite petits et grands à sauter à pieds joints dans son univers aussi ludique que réflexif.
Lycra jaune et masque noir, Imbattable est né sous le trait de Pascal Jousselin en 2013. Il s’est d’abord glissé dans le Journal Spirou, avant de décliner ses rebondissements sous forme d’album dès 2017. Son ambition dans la vie? Secourir un chat dans un arbre, plutôt que sauver le monde de la destruction, résume modestement son auteur. Bon enfant, sans véritable “méchant”, la série jongle avec les codes de la bande dessinée pour mieux les exposer dans des aventures rocambolesques.
Sens dessus dessous, l’exposition qui lui est consacrée au Musée de la BD l’est tout autant. Un long tunnel jaune aspire le visiteur à son arrivée. Englouti par ce vortex spatio-temporel, le public navigue entre quelques rappels théoriques du métier (qu’est-ce qu’une case, une gouttière…) et un robot émetteur d’ondes pour se retrouver…au générique de fin. Rembobinage, marche arrière toute! Un tronçon plus large permet aux aventuriers de s’extirper du passage pour plonger dans les bulles de Pépé Cochonnet, dont les paroles deviennent littéralement une arme, les couleurs de Chromaline ou les échelles de Toudi, qui s’amuse avec les perspectives. Si l’on suit simplement le tunnel, “on passe à côté de l’expo.
Mais si l’on sort du cadre, un autre parcours physique s’ouvre”, explique Marie Bréhin, étudiante en design d’exposition à l’École Boulle à Paris. La jeune fille de 22 ans a conçu “Imbattable – Au-delà des cases” avec Arthur Harricot, Hanna Braun et leurs camarades de classe.
Le trio a voulu offrir au spectateur “le même pouvoir” que celui du super-héros: “briser l’espace-temps”, renchérit Arthur Harricot. L’exposition fonctionne ainsi en deux temps, comme la BD: “on peut la lire d’abord de manière linéaire, ensuite dans son ensemble”, résume Hanna Braun. “J’ai grandi avec Astérix, Tintin et Lucky Luke”, qui proposent également différents niveaux de lecture, acquiesce Pascal Jousselin. “Mon moteur, c’est de m’amuser à créer des choses qu’on ne peut faire qu’en BD”, ajoute l’auteur, lui-même surpris par son propre concept. “Je ne pensais pas que j’aurais un jour matière à compiler un album” mais, “tant que j’ai des idées, je continue”, sourit-il. En réponse à la liberté que lui a accordée le Journal Spirou, le Français avait à cœur de laisser le champ libre aux étudiants pour mettre en scène son héros. Le quinquagénaire et le musée leur ont donc donné carte blanche.
Ni Hanna, ni Marie, ni Arthur ne connaissait “Imbattable” et ses personnages “attachants” il y a quelques semaines. Ci et là, des banquettes ont donc été disposées pour permettre aux enfants de 7 à 77 ans de découvrir les pages croquées des trois albums d’Imbattable. La dernière-première partie de l’exposition revient sur les précurseurs du genre, les “méta-auteurs” qui, comme Pascal Jousselin, déconstruisent le médium BD avec ruse et humour. À moins que les curieux ne partent à la recherche du “tableau perdu”, tout droit sorti d’un album d’Imbattable…
Belga.