Audi Brussels : la Région bruxelloise se prépare à l’après

Le ministre bruxellois sortant de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Bernard Clerfayt, a reçu les syndicats d’Audi, vendredi à Bruxelles. Il leur a exposé les initiatives prises par la Région pour se préparer à la restructuration annoncée par le constructeur automobile.

Audi souhaite restructurer l’usine de Forest, où est produit le modèle Q8 e-tron. Jusqu’à 1.500 personnes pourraient perdre leur emploi cette année, suivies de 1.100 l’an prochain. La direction doit encore préciser les nombres.  En attendant, on prend les devants. Une cellule de crise a été mise sur pied avec les différents organismes régionaux de l’emploi (Actiris, Bruxelles Formation, le Forem et le VDAB). Les interlocuteurs sociaux seront associés prochainement, a expliqué Bernard Clerfayt après avoir rencontré les syndicats.

Reportage Bryan Mommart et Béatrice Broutout

Dans le cadre de la procédure Renault, Audi devra prendre en charge le reclassement professionnel (outplacement) des travailleurs licenciés pendant trois mois, voire six s’ils ont plus de 45 ans. Ensuite, les organismes publics régionaux prendront le relais. En fonction de leur lieu de résidence, les demandeurs d’emplois seront dirigés vers Actiris, le Forem ou le VDAB. “Les organismes se préparent à accompagner des centaines de travailleurs. Ils se voient toutes les trois semaines”, résume Bernard Clerfayt.

Même si Audi reste flou jusqu’ici. On ne connaît pas, par exemple, la proportion de Flamands, de Bruxellois ou de Wallons dans les licenciements; ni les profils qui seront licenciés en premier. On estime que l’usine compte 15% de Bruxellois, 40% de Wallons et 45% de Flamands. Certains profils devraient toutefois retrouver rapidement du travail. Actiris a reçu des demandes de renseignements de plusieurs entreprises qui sont intéressées, selon Bernard Clerfayt. Dans la zone Bruxelles-Brabant wallon-Brabant flamand, 5.800 emplois sont vacants dans le secteur de l’industrie. “Les travailleurs spécialisés auront des opportunités dans d’autres secteurs industriels avec une formation complémentaire”, soutient le ministre.

Côté syndical, on attend des informations de la part d’Audi. Voir les instances publiques se préparer est plutôt rassurant, a commenté Najar Lahouari, président de la Fédération syndicale des métallurgistes du Brabant (FGBT).

La production pourrait reprendre le 2 septembre chez Audi Brussels

Cependant, les syndicats constatent très peu d’empressement à reprendre le travail tant que le personnel ne dispose pas de perspectives.

La production d’Audi Brussels, qui devait initialement reprendre le 20 août, débutera finalement le 2 septembre, a annoncé vendredi la direction de l’entreprise lors d’une assemblée générale du personnel.

“Les employés ont clairement manifesté, par des huées et des sifflements, leur refus de reprendre le travail sans garanties sur l’avenir du site”, a souligné Franky De Schrijver, délégué principal de la FGTB-ABVV chez Audi Brussels.

►Revoir | Audi Brussels : une assemblée générale houleuse sans nouvelles annonces

Les sifflements se sont fait entendre jusqu’à l’extérieur du bâtiment vendredi matin, donnant le ton d’un concert pour le moins particulier à Forest National. C’est là que la direction d’Audi Brussels a informé le personnel rassemblé – environ 1.300 personnes selon les syndicats – sur l’avenir de l’usine. Après avoir exposé la situation actuelle, la loi Renault et les conclusions du conseil d’entreprise extraordinaire de jeudi, la direction a abordé le redémarrage de l’usine.

La production restera à l’arrêt la semaine prochaine et les employés bénéficieront de congés payés, a précisé M. De Schrijver. “Les fournisseurs, eux, vont progressivement redémarrer. Ils souhaitent que les pièces détachées stockées à l’extérieur soient rapatriées dans l’usine à partir de jeudi, avec l’intention de relancer la production le lundi suivant”, a-t-il ajouté.

Le porte-parole d’Audi Brussels, Peter D’hoore, s’est quant à lui montré plus prudent. Après avoir abordé la situation actuelle, la loi Renault et le conseil d’entreprise extraordinaire de jeudi, il a confirmé que la question de la reprise de l’activité était bien à l’ordre du jour. “Ce que nous pouvons dire, c’est que nous ne redémarrerons pas la semaine prochaine, les employés seront donc en congés payés. Nous allons cependant entamer des préparatifs en vue d’une reprise et engager des discussions avec les partenaires sociaux pour déterminer la date de ce redémarrage“, a-t-il nuancé.

Un discours qui n’a visiblement pas convaincu l’ensemble des employés présents à Forest National. “Il était pourtant clairement indiqué sur l’écran (de la salle à Forest National, NDLR) que la production était censée reprendre le lundi 2 septembre”, a souligné le syndicaliste flamand. “Nous l’avons déjà dit, c’est à la direction de décider quand la production reprend, pas aux syndicats”, a-t-il conclu.

Belga