La politique climatique bruxelloise sur la bonne voie, malgré les nombreux défis
La politique climatique menée par les autorités bruxelloises évolue bien, mais les défis à venir restent nombreux, constate le Comité d’experts Climat de la Région bruxelloise dans son rapport d’évaluation 2024, publié mercredi. La consommation de gaz naturel notamment reste préoccupante.
D’emblée, les experts saluent l’approbation par le gouvernement en avril 2023 du Plan Air Climat Énergie (PACE). Ce plan représente “une avancée significative dans la lutte contre le changement climatique au niveau régional. Toutefois, le Comité insiste sur la nécessité d’une mise en œuvre efficace et rapide” du PACE. Étant donné l’adoption récente de ce Plan, le Comité n’a pas encore pu évaluer le document de manière exhaustive, avertissent les experts.
Ces derniers adressent cependant aux autorités régionales toute une série de recommandations, “développées dans un contexte d’urgence et de record”, insiste-t-on. “2023 fut en moyenne (…) l’année la plus chaude jamais enregistrée au niveau mondial et ce réchauffement continuera à être exacerbé dans les villes”, expliquent les scientifiques. Bruxelles n’échappera certainement pas à la règle.
Réchauffement deux fois plus élevé
Le réchauffement en Belgique semble deux fois plus élevé qu’à l’échelle mondiale. Le principal point de mesure météorologique du pays étant situé à Uccle, la Région bruxelloise est dans la même galère. Le réchauffement à Uccle et à l’échelle mondiale depuis 1981 est respectivement de 0,4°C et de 0,18°C par décennie. L’an dernier, la température annuelle moyenne à Uccle était supérieure de 3,3°C à sa référence préindustrielle (1850-1900).
Au niveau mondial, la différence était de 1,48°C pour la même période, étayent les experts. La situation est particulièrement problématique dans les grandes villes en raison du phénomène d’îlot de chaleur urbain qui, à Bruxelles, peut, pendant une vague de chaleur, élever les températures jusqu’à 8°C au-delà de celles de l’environnement rural à proximité. Parmi les conseils formulés dans le rapport, les auteurs appellent à adopter une approche centrée sur les limites planétaires et sur l’empreinte globale, et ne pas se cantonner au seul calcul des émissions de gaz à effet de serre.
Ils jugent en outre encourageantes les évolutions de la consommation d’énergie de la Région, “mais la décarbonation de la chaleur devra passer par une réduction beaucoup plus prononcée de la consommation de gaz naturel, ce qui nécessitera la définition d’un plan d’actions concret, et d’objectifs intermédiaires”. Les experts qualifient de “nécessaire” le taux de rénovation du bâti fixé à 3% dans le PACE, mais attirent “l’attention sur les enjeux de justice sociale associés aux politiques de rénovation et de primes afin de ne pas renforcer les inégalités existantes”.Ils plaident encore pour des objectifs de production locale d’énergie renouvelable plus ambitieux.
Pour mener à bien les grands objectifs climatiques, le Comité préconise de dépasser la “logique du subside individualisé”. Il préfère des approches collectives et innovantes à l’échelle du quartier en vue notamment de réaliser des économies d’échelle et “une optimisation des investissements tout en garantissant la participation citoyenne”.
Belga – Photo : Belga