L’éditorial de Fabrice Grosfilley : Sophie Wilmès, le grand retour
C’est un retour qui ne dit pas son nom. Veste bleue électrique, visage sérieux, hier matin Sophie Wilmès était donc au siège du Mouvement Réformateur. Assise à droite de Georges-Louis Bouchez pour annoncer la réorganisation interne du MR. Cela fait très longtemps que Sophie Wilmès n’avait pas participé à une conférence de presse. Et même si elle s’en défend ou tente d’en minimiser la portée cette communication n’a rien d’anodin. Hier les réformateurs ont donc annoncé un redéploiement de leur direction de parti. Georges-Louis Bouchez reste bien président, il est prolongé jusqu’au 30 novembre 2024, donc en théorie après les élections communales de l’année prochaine.
À ses cotés Sophie Wilmès sera chargée, “des relations externes, des négociations et de leur coordination” en vue des élections du 9 juin 2024. En gros Georges-Louis mène la campagne et continuera d’être le communicant numéro un, Sophie dirigera les négociations avec les autres formations politiques si les résultats permettent aux libéraux de monter dans les gouvernements que se soit au niveau régional ou fédéral. Les deux forment donc désormais un tandem, un duo. La tête et les jambes, ou plutôt le débatteur et la stratège. Face à la presse Sophie Wilmès réfutait le terme de vice-présidente…et pourtant cela-y ressemble très fort. Le président en titre précisait que “Sophie Wilmès prendra un rôle central de conviction, de communication et de négociation“, et tout le monde parle d’être plus efficace, plus collégial, plus convaincant.
On signalera qu’autour de ce duo présidentiel qui ne dit pas son nom, 4 membres du bureau joueront le rôle de chef de file. David Clarinval pour le fédéral, Willy Borsus à la région Wallonne, David Leisterh pour Bruxelles et Pierre-Yves Jeholet pour la Fédération Wallonie-Bruxelles formeront un bureau de campagne. Précision importante : ce bureau est censé se réunir tous les jours, histoire de ne pas rééditer le fameux groupe des 11 censé encadrer Georges-Louis Bouchez qui ne s’était dans les faits réuni qu’une seule fois. Promis, juré, le pilotage du MR est désormais un travail collectif.
Évidemment les plans sur papier ne résistent pas toujours à la réalité. On notera que Georges-Louis Bouchez garde deux de ses proches (David Leisterh et David Clarinval) au sein de ce cercle décisionnaire. Aux “deux Davids” feront face Pierre-Yves Jeholet et Willy Borsus nettement plus critiques sur la manière dont le parti a été géré ces dernières années. Dans cet attelage Sophie Wilmès fait donc déjà figure d’arbitre. À ce positionnement interne s’ajoute la communication externe : elle devra s’assurer que le programme électoral et sa déclinaison médiatique resteront de “centre droit”. C’est à elle aussi que reviendra la responsabilité de convaincre le PS, Ecolo, les Engagés, que le MR est un partenaire loyal sur lequel on peut compter et que son programme reste compatible avec celui des autres formations francophones.
Sophie Wilmès parviendra-t-elle à adoucir le verbe de Georges-Louis Bouchez ? Ce sera l’un des enjeux des prochains mois. Son immense popularité ne peut pas faire de tort, pensent sans doute plus d’un électeur libéral. Il n’est en revanche pas certain que l’ancienne Première ministre soit si populaire au sein des autres Etats majors politiques. Si tout le monde a salué sa gestion de la crise de la Coivid-19, socialistes et écologistes gardent en mémoire des passes d’armes sur le socio-économique qui en font une personnalité sans doute moins ronde que ce que son image auprès du grand public laisse paraitre.
Pour faire bref le MR n’est pas redevenu un partenaire désirable par l’intermédiaire d’une simple conférence de presse, et ce sont bien les résultats électoraux qui dicteront les rapports de force et définiront les coalitions possibles. Cela n’empêche pas cette journée d’être un fait de campagne. Depuis le mois de juillet 2022 où elle avait quitté la vie politique pour être aux côtés de son époux. Sophie Wilmes était en retrait mais conservait une cote de popularité sans égal. Une rente de situation, disaient ses détracteurs. Elle est désormais dans un rôle actif de premier plan. Cela change tout , pour elle, pour le MR, mais aussi pour la suite de la campagne électorale.
NB : dans notre matinale David Leisterh a précisé que le leadership sur les négociations devrait rester à Georges-Louis Bouchez.