Opération Savons : les préjugés sur l’épilepsie sont encore nombreux

Le 13 février est la journée internationale de l’épilepsie. Estelle Rikir, neurologue à l’hôpital Erasme, était l’invitée du 12h30 pour mettre la lumière sur cette maladie.

La Ligue francophone belge contre l’épilepsie lance ce lundi sa nouvelle opération “Savons” : lavons les préjugés à travers la vente de savon à la violette, car ils sont encore nombreux. “C’est une maladie fréquente, c’est la deuxième maladie neurologique la plus fréquente“, rappelle Estelle Rikir, neurologue à l’hôpital Erasme et membre de la Ligue. “Paradoxalement c’est une maladie dont on parle très peu parce que c’est une maladie qui a une sale réputation. Jusqu’il y a peu, c’était encore considéré comme une maladie honteuse. Les patients n’osent pas parler de leur maladie, donc on est là pour parler pour eux“, explique l’invitée du 12h30.

Au Moyen-âge, les patients épileptiques étaient considérés comme possédés et étaient exorcisés. “Au 19ème siècle, les épileptiques étaient encore internés de force et enchaînés de force dans les hôpitaux psychiatriques. Jusqu’il n’y a pas longtemps, les femmes épileptiques ne pouvaient pas se marier et on les stérilisait de force“, ajoute Estelle Rikir.

La crise d’épilepsie, principal symptôme de cette maladie, est un trouble de la fonction du cerveau, de façon vraiment subite et imprévisible. 1% de la population est concernée par l’épilepsie : “C’est 100.000 personnes en Belgique“, précise la neurologue. “Dans son entourage, on connaît tous, au moins, une personne concernée par cette maladie“, ajoute-t-elle.

Plusieurs traitements existent

L’épilepsie peut se déclarer à n’importe quel âge, mais deux périodes sont plus “dangereuses”, avant l’âge de 1 an et après 65 ans. Cette maladie peut être mortelle, mais les décès sont rares. Mieux encore, la maladie peut être soignée : “Deux tiers des patients épileptiques vont être bien contrôlés avec des traitements médicamenteux. On a environ 20 molécules anti-crises d’épilepsie à notre disposition. Malheureusement, un tiers des patients vont continuer à faire des crises d’épilepsie, malgré plusieurs traitements“, explique la neurologue.

Les traitements existants permettent à la majorité des patients épileptiques de vivre une vie “normale” : “Moyennant la prise quotidienne d’un traitement, ce sont des patients qui peuvent travailler, rouler en voiture sous certaines conditions. Les femmes peuvent, dans la plupart des cas, avoir des enfants et mener des grossesses à bien, ce qui n’était pas du tout le cas et la croyance, il y a encore quelques années“, commente Estelle Rikir.

■ Interview de Estelle Rikir, neurologue à l’hôpital Erasme, réalisée par Fanny Rochez et Vanessa Lhuillier dans le 12h30