Désamour et désarroi entre les policiers et les magistrats
À la suite de la mort du policier Thomas Montjoie, quelques tensions entre les policiers et les magistrats ont été mis en avant. Pour en parler, Michel de Maegd, député de la chambre (MR) et Vincent Gilles (SLFP) étaient les invités de + d’Actu.
Le 10 novembre, à 10h, la même journée où Thomas Montjoie a perdu la vie, un homme nommé Yassine M. s’est présenté au commissariat près du Square S. Hoedemaeckers à Evere avec une haine des forces de l’ordre. Il voulait être pris en charge psychologiquement d’après le Parquet de Bruxelles. “Conformément à la procédure, les services de police ont pris contact avec le magistrat de garde du parquet de Bruxelles demandant de lancer la procédure de mise en observation psychiatrique prévue par la loi du 26 juin 1990“, poursuit le parquet. “Après vérification, il est apparu que la personne ne remplissait pas les critères légaux, compte tenu du fait qu’il était prêt à se faire soigner psychologiquement volontairement.“ Par la suite, l’homme a poignardé deux policiers, dont Thomas Montjoie. De nombreuses questions planent sur l’importance du rôle des magistrats lors de ces événements.
Mais pour Michel de Maegd, il faut que les magistrats restent libres lors de leurs enquêtes, mais sous une condition. “Par contre, dans l’enquête qui est en cours, si la prise de décision des magistrats n’a pas été la bonne, si c’est à la suite de cela qu’un policier décède, alors il faudra au niveau législatif, intervenir pour empêcher que cela arrive“.
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Désamour et désarroi
Ce genre d’événement attise un peu plus les tensions entre policiers et magistrats. Pour Vincent Gilles, c’est un sentiment de désamour. “Il n’y a pas de problème de confiance, encore une fois les policiers sont des légalistes, ils savent que la personne qui est en face d’eux, juge d’instruction, juge de fond, ne peut pas être critiqué en tant que tel. Ils attendent de cette personne une écoute et un retour par rapport aux décisions“.
Mais pour Michel de Maegd, il préfère le terme désarroi. Il fait référence à un épisode d’une policière qui s’est fait frapper et dont l’agresseur a été libéré immédiatement par le magistrat et qu’elle a dû faire face à son agresseur lorsqu’elle était en service. Selon le député MR, “je dois concevoir qu’il faut entendre le désarroi des policiers”. Il poursuit sur deux points, “Ils ne peuvent pas devoir aller travailler la peur au ventre, c’est indigne d’un État de droit, et ça veut dire que la violence envers les policiers, elle a baissé d’une manière générale avec 13.000 faits, soit 10 % de l’année précédente en 2020 et il a augmenté sur les coups et blessures de 17 %“.
La tolérance zéro
Cependant, du côté des syndicalistes, ils ne réclament pas de tolérance zéro. “Nous réclamons la garantie que les sanctions seront exécutées”. Il ajoute que les livres de droit sont construits pour les juges de fond, qui estiment que tel ou tel élément à circonstance atténuante, et d’un certain côté, cela peut dégrader la sanction. Michel de Maegd ajoute qu’une évolution législative verra le jour. “Il faut une aggravation des sanctions, d’ailleurs, c’est prévu. Le Premier ministre Monsieur De Croo l’a annoncé, c’est prévu dans le nouveau code pénal, il y aura des circonstances aggravantes lorsqu’on s’attaque à des représentants de l’ordre“.
► Retrouvez le duel en intégralité de Michel de Maegd et Vincent Gilles
■ Camille Paillaud / Une interview de Fabrice Grosfilley