Anderlecht : il faut atterrir, l’édito de Fabrice Grosfilley
Ce mercredi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito les conséquences des tensions dû au plan Good Move dans le quartier de Cureghem.
Comment sortir de l’impasse à Cureghem ? C’est la question qui taraude la majorité communale depuis quelques jours. La tension autour du plan Good Move n’en finit pas de monter à Anderlecht. Elle est maintenant insoutenable et le statu quo n’est plus possible.
Depuis le début de l’été, les habitants du quartier Cureghem manifestent leur hostilité à l’implémentation du plan Good Move dans leur quartier. “Une maille de circulation” comme on dit qui ne leur convient pas et contre laquelle les protestations sont allées grandissantes tout au long de l’été. Le mot protestation semble même faible aujourd’hui. Le refus semble catégorique, on est au bord de la révolte dans ce quartier.
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Chaque jour, chaque nuit, les habitants de Cureghem déplacent les plots de bétons et les panneaux de signalisation. Des actes de rébellion qui pourraient être punis… mais sur lesquels les autorités communales ont finalement préféré fermer les yeux pour essayer d’apaiser les tensions. Jeudi dernier, cette tension s’est même invitée au conseil communal, avec un public qui a apostrophé ses élus, des conseillers communaux qui se sont fortement énervés, et une image désastreuse de ce que doit être la vie politique à l’échelle d’une commune.
Alors évidemment, Cureghem n’est pas un quartier anodin. C’est un quartier très populaire, très fier de son identité aussi, avec une histoire et une culture. C’est un quartier où la délinquance est assez présente aussi et il faut pouvoir le dire. Il n’est pas facile en temps normal de faire régner l’ordre à Cureghem, quand une atmosphère de révolte s’y développe, l’incendie n’est pas loin.
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Faut-il pour autant renoncer au plan Good Move à Cureghem ? Le retirer, faire machine arrière, c’est donner raison aux fauteurs de trouble. C’est avaliser l’idée que celui qui crie le plus fort finira par obtenir gain de cause. C’est faire passer la loi de la rue comme supérieure à la loi des démocrates. Car ce plan Good Move, oui, il est bien le résultat de décisions démocratiques, avec des élus qui ont été désignés par des processus électoraux et qui ont donc voulu, au nom de l’intérêt collectif, que ce plan existe.
Ces dernières semaines, on a vu à Cureghem des comportements qui d’un point de vue démocratique ne sont pas acceptables. Des menaces, sur les réseaux sociaux et dans la vraie vie. Des insultes à n’en plus finir. La perturbation d’un conseil communal. Quelque soit les idées que l’on défend, ces comportements ne sont pas acceptables. La passion n’est pas une excuse.
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Ce matin, le chef de groupe PS du conseil communal a ainsi été filmé en train d’aider les habitants à repousser les blocs de béton posés par la commune. Les propos qu’il tenait dans cette vidéo, indiquant que “les gens de Cureghem ne pouvaient pas être traités comme des animaux” et qu’”on n’était pas dans la bande de Gaza” ne sont pas seulement outranciers. Ils sont injurieux pour les partenaires politiques de ce chef de groupe, ils sont irresponsables d’un point de vue de l’ordre public, car ils attisent la haine des uns pour les autres, et pour tout dire, ils sont indignes d’un démocrate. Il y a le point Godwin, quand on renvoie à la seconde guerre mondiale et au nazisme sans raison. Ici, on n’est pas loin du point Gaza et cela n’honore pas l’auteur de ces propos.
À Anderlecht, il est donc temps de se reprendre. De trouver la voie du dialogue. De poser des gestes d’apaisement. D’arrêter d’instrumentaliser la colère des habitants. De se mettre autour d’une table. Que ceux qui défendent le plan écoutent ceux qui n’en veulent pas. Que les deux parties s’écoutent. Et qu’on prenne conscience que personne, personne, ni dans un camp ni dans l’autre, ne peut avoir raison tout seul.
■ Un édito de Fabrice Grosfilley