Entreprises de travail adapté à Bruxelles: “Une tension entre travail social et besoins de rendement”
Conditions salariales problématiques, rythme de travail inadapté… tout n’est pas rose dans les ETA, les entreprises de travail adapté.
“ETA, une bombe à retardement”, voici le nom d’un article écrit par Julien Winkel et publié dans le magazine Alter Echos. Les ETA sont les “entreprises de travail adapté”, où des personnes porteuses de handicap peuvent trouver un emploi et une stabilité. Difficile à première vue d’y voir du négatif mais tout n’est pas rose dans les ETA, selon Julien Winkel. Il était l’invité de 12h30.
Julien Winkel tient tout d’abord à souligner que la situation n’est probablement pas tout à fait la même dans les 12 ETA présentes à Bruxelles. Néanmoins, souligne-t-il, “c’est clair qu’il y a structurellement une tension entre travail social et des besoins de rendement au sein de ces entreprises. Cette tension fait peser un rythme de travail qui semble inadapté par rapport aux conditions physiques ou mentales des travailleurs. Et ça semble s’accentuer avec le temps.”
Changement du paysage bruxellois
Pourquoi ce problème semble-t-il s’accentuer ? Le journaliste l’explique par un changement du paysage bruxellois. Au départ, développe-t-il, “les ETA faisaient de la sous-traitance pour des entreprises traditionnelles. Elles faisaient du conditionnement, du courrier etc. Mais Bruxelles s’est désindustrialisée depuis plusieurs années et ces activités de sous-traitance ont été fragilisées. Actuellement, les ETA sont donc en recherche de nouveaux secteurs. Ca contraint les ETA à trouver d’autres marchés qui ont des conditions de travail peut-être plus problématiques pour les porteurs de handicap. Ca met les ETA sous tension financière.”
Autre problème mis en avant par les travailleurs : les conditions salariales. “Un grand nombre de travailleurs sont payés au revenu minimum garanti, soit environ 1800 euros”, explique Julien Winkel. “Donc oui, il y a un salaire, il y a une reconnaissance. Mais certains ont ce barème depuis 25 ans. Quand on évoque ça avec les ETA, ils disent que ce sont des travailleurs avec une rentabilité affaiblie donc que c’est difficile de leur donner un barème supérieur, mais c’est assez mal vécu par les travailleurs.”
■ Une interview de Murielle Berck