La crise économique menace l’emploi de 1450 travailleurs handicapés bruxellois

Entreprise de travail adapté L'Ouvroir - Capture BX1

La crise économique touche de nombreux secteurs, y compris les entreprises de travail adapté de la capitale. Ces entreprises alertent elles aussi sur la hausse exponentielle de leurs coûts et appellent à l’aide le gouvernement bruxellois.

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Les douze entreprises de travail adapté (ETA) francophones de la Région bruxelloise emploient aujourd’hui 1.450 travailleurs en situation de handicap et 350 encadrants. Mais face à la flambée des prix de l’essence, du gaz, de l’électricité, et des matières premières, le secteur en difficulté pourrait bien devoir licencier du personnel ou fermer les portes de ses entreprises. 

“Sans aide exceptionnelle, plusieurs ETA devront mettre la clef sous le paillasson dans moins de six mois. C’est le constat glaçant que font les directeurs des 12 ETA bruxelloises à la veille des négociations gouvernementales sur le budget de la COCOF de ce 21 septembre”, assure la fédération bruxelloise des entreprises de travail adapté (Febrap).

Selon la Febrap, les ETA bruxelloises finiront 2022 avec un déficit estimé à près de 5 millions d’euros.

Autre facteur aggravant : l’indexation des salaires. “Loin de remettre en cause l’importance pour leurs travailleurs de bénéficier de ces indexations, les ETA constatent une répercussion importante sur leurs finances”, observe la Febrap.

Les entreprises de travail adapté, qui visent l’insertion professionnelle de personnes handicapées, reçoivent des subsides publics leur permettant de compenser la perte de productivité. Mais si cette intervention est indexée sur les salaires, les ETA doivent supporter sur leurs fonds propres l’indexation sur la partie des salaires qui n’est pas subsidiée, soit un montant estimé à 2,6 millions d’euros.

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Trois millions d’euros pour sauver les emplois

“Nous n’arrivons pas à répercuter ces indexations et autres coûts supplémentaires sur nos clients, qui peinent aussi à garder la tête hors de l’eau”, explique Jean Wouters, administrateur de la Febrap et directeur de Travie, la plus grande ETA bruxelloise avec 335 travailleurs en situation de handicap. “Les ateliers de manutention des ETA bruxelloises n’ont jamais été aussi occupés depuis les trois dernières années ! Pour preuve : nous dépasserons cette année le chiffre d’affaire de la dernière année « hors Covid » qui était une bonne année. Le paradoxe est d’autant plus frustrant pour nos travailleurs qui sont présents pour… travailler à perte !”

Afin de sauver les emplois actuels, la Febrap demande donc au gouvernement bruxellois une aide ponctuelle d’urgence de minimum 3 millions d’euros d’ici la fin de l’année 2022. À plus long terme, le secteur souhaite également des mesures structurelles.

 

A.V. – Photo d’illustration : BX1