645 millions d’euros pour les soins de santé : voici ce que contient l’accord social avec le fédéral
Le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke a annoncé ce mercredi comment les 645 millions d’euros d’un accord social datant de… 2020 allaient être distribués dans le secteur des soins de santé. Revalorisations salariales et primes sont notamment au programme.
Cet accord, négocié durant l’été 2020, proposait une enveloppe budgétaire de 600 millions d’euros pour soutenir le secteur des soins de santé, déjà en difficultés avant que la crise sanitaire du Covid-19 viennent rendre la situation encore plus compliquée.
Le ministre fédéral Frank Vandenbroucke (Vooruit) a annoncé ce mercredi que la répartition de ces 600 millions d’euros a enfin été finalisée après discussions avec les partenaires sociaux. Que contient cet accord de répartition ?
500 millions serviront à la revalorisation des salaires du personnel de soins de santé avec une nouvelle classification des fonctions. L’objectif sera notamment de mieux rémunérer les soignants en début de carrière, en les payant sur base des tâches accomplies, et non sur base du diplôme.
100 millions seront prévus pour une augmentation de la prime de fin d’année (pour le secteur privé) ou de la prime d’attractivité (pour le secteur public), soit un montant de 400 euros brut pour un temps plein. Ce montant servira également au renforcement des services de ressources humaines et deux jours de congé supplémentaires pour raisons impérieuses (en cas de maladie ou d’accident d’un proche par exemple) seront désormais accordés.
Enfin, Frank Vandenbroucke a annoncé que 45 millions d’euros sont ajoutés à cet accord social pour permettre de revaloriser les salaires des infirmières spécialisées, notamment en soins intensifs. Elles recevront ainsi 2 500 euros brut annuels en plus pour un temps plein.
Quid des engagements ?
Qu’en est-il toutefois pour l’engagement du personnel soignant ? Rien n’est prévu à ce sujet dans cet accord social. Le fédéral renvoie surtout vers le Fonds Blouses Blanches, refinancé à hauteur de 402 millions d’euros à l’été dernier et qui est consacré à la formation et à la création nette d’emplois dans le secteur. Selon le gouvernement, le Fonds a déjà permis de créer près de 5 000 postes équivalents temps plein en deux ans. Mais les syndicats estiment que ces chiffres proposés par le fédéral ne sont pas contrôlés. Ces estimations semblent en effet importantes vu les pénuries observées aujourd’hui.
Des nouvelles réunions sont prochainement prévues avec les partenaires sociaux pour plancher sur un “agenda de l’avenir pour le personnel soignant”, afin de trouver des solutions à long terme face aux pénuries de personne. Aujourd’hui, sur plus de 2 000 lits de soins intensifs en Belgique, 177 sont fermés, faute de personnel.
Aucune solution n’est encore proposée à court terme, mais certaines fédérations proposent notamment de former des travailleurs d’autres secteurs pour entamer une seconde carrière comme aide-soignant ou infirmier.
Nouvelle réunion mi-juin
Pourquoi cet accord social a mis deux ans à être finalisé ? L’accord de 600 millions d’euros date enfin de juillet 2020, à l’époque où Maggie De Block (Open VLD) était encore ministre de la Santé. Des longues négociations ont ensuite suivi avec les partenaires sociaux pour assurer une juste répartition de l’enveloppe. La période de la crise sanitaire a également perturbé le calendrier prévu des réunions.
Après l’annonce de la répartition, le ministre de la Santé confirme qu’une nouvelle réunion avec les partenaires sociaux aura lieu le 14 juin, mais les syndicats dénoncent leur absence à cette réunion. Les prochaines négociations autour du financement du secteur des soins de santé s’annoncent donc tendues alors que le non-marchand manifeste ce jeudi pour demander un réinvestissement massif du secteur.
Grégory Ienco – Photo : Belga/Dirk Waem