Maisons de repos : “Le meuble le plus proche du résident ne peut pas être une chaise percée”

Ce jeudi, lors de la commission Santé, les députés bruxellois ont imposé un débat d’actualité au ministre de la Santé, Alain Maron (Ecolo). Tous les partis l’ont interrogé sur les contrôles des maisons de repos, la réforme en cours et les sanctions possibles.

Suite aux dernières révélations en France sur le groupe de maisons de repos privé Orpéa, la question de la réforme du secteur des maisons de repos est revenu à l’avant-plan. Tous les groupes ont mis en avant le bien-être de la personne âgée, mais aussi les difficultés rencontrées par le personnel des maisons de repos dont les conditions de travail parfois difficiles entraînent de facto des situations proches de la maltraitance des résidents.

Le ministre de la Santé et des maisons de repos, Alain Maron (Ecolo) est revenu sur le projet de réforme du secteur dont nous vous parlions ce mercredi sur BX1.be. Il a ajouté que 10,6 millions d’euros ont été débloqués pour ajouter du personnel paramédical dans les établissements.

Maisons de repos : des contrôles dans les établissements Orpéa avant une réforme complète du secteur

“Certaines situations décrites dans les rapports des inspecteurs sont inacceptables”, a confirmé Alain Maron. “Et elles ne concernent pas uniquement les 4 maisons de repos Orpéa. Tous les secteurs sont touchés. Il faut rééquilibrer le marché, avoir une approche bienveillante et rendre les sanctions plus efficaces. Nous devons pouvoir aider les maisons de repos à se mettre en ordre, mais aussi manier le bâton lorsque c’est nécessaire.”

Adopté au gouvernement en deuxième lecture, le projet d’ordonnance a été envoyé au conseil d’État et à l’Autorité de protection des données. Il devrait être adopté en juin ou, au plus tard, à la rentrée.

Trop de dérogations

De nombreuses maisons de repos et notamment dans les institutions publiques continuent de fonctionner sur base de dérogations. C’est le cas notamment du home du CPAS d’Uccle. La maison de repos Brugmann ne dispose ni de douche, ni de sanitaire dans les chambres même lorsque celles-ci sont doubles. “Le meuble le plus proche du résident ne peut pas être une chaise percée”, s’insurge le député Emmanuel De Bock (DéFi). “En tant que conseiller CPAS dans ma commune, j’ai pu visiter ce home. Les toilettes sont au bout du couloir et parce que le personnel ne peut pas toujours emmener le résident rapidement aux toilettes, on leur met une chaise percée. C’est indigne. On ne tolérerait pas cela pour les établissements privés.”

Pour le député, il ne semble pas logique d’être intransigeant sur le code du logement ou les normes des hébergements touristiques et de ne pas l’être pour les seniors.

“Si le home Brugmann obtient des dérogations, c’est parce qu’il existe un projet de construction de nouveau home”, a répondu Alain Maron. “Cela fait plus de 10 ans que ce projet est dans les cartons, mais n’avance pas”, a répliqué Emmanuel De Bock. “On ne devrait pas laisser de nouvelles personnes y rentrer. Cette situation provisoire devient pérenne.”

Effectivement, depuis des années, le CPAS d’Uccle souhaite fusionner ses deux homes, à savoir Brugmann et le Neckersgat. Ce dernier a été racheté à la Défense il y a plus de 15 ans. Le but était de le rénover et de construire une nouvelle aile pour y héberger les résidents de Brugmann. Seulement, les riverains se sont opposés. Finalement, en 2019, la commune a racheté les deux maisons voisines pour 2,5 millions d’euros. Trop cher selon les experts immobiliers et si l’un des deux occupants de ces maisons est parti, l’autre y vit toujours et paie un loyer de 5 euros par jour au CPAS alors qu’il a touché le prix de la vente. Il peut y rester tant que les travaux n’ont pas démarré.

“Ce dossier avance enfin après des années de blocage, commente Stefan Cornelis (VLD), président du CPAS d’Uccle. Le permis a été délivré et nous avons lancé l’appel à candidature pour la réalisation des travaux. J’espère pouvoir poser la première pierre en octobre ou au plus tard en début d’année 2023.”

Revoir les normes

Les normes d’encadrement doivent aussi être revues, mais elles ne sont pas dans l’avant-projet d’ordonnance voté par le gouvernement bruxellois ce jeudi matin. Une étude est toujours en cours au niveau d’Iriscare. “Il ne faut pas tarder”, a ajouté le député libéral David Leisterh. “Nous pouvons comprendre qu’avec le covid, il y a eu d’autres priorités, mais maintenant, cela doit avancer. La période de travail a été assez longue. En tant que ministre, Alain Maron doit aussi prendre ses responsabilités et nous le suivront aussi de près dans ce dossier.”

Vanessa Lhuillier – Photo : Belga