Les fraudes lors d’achats et de ventes en ligne ont augmenté de 150% en 2020
La crise du coronavirus et les confinements ont fait exploser les ventes en ligne. Coincés chez eux, les consommateurs se sont tournés vers l’e-commerce et les plateformes de vente sur internet. Revers de la médaille, de nombreux escrocs en ont profité pour mettre au point des systèmes de fraude, parfois très élaborés. Rien qu’en 2020, le SPF économie a recensé 12 503 fraudes liées à la vente en ligne. Des arnaques que les consommateurs peuvent signaler sur pointcontact.belgique.be.
Une telle fraude, Ana Belen, jeune maman, en a fait les frais récemment. Intéressée par un relax pour son bébé en vente sur une plateforme de seconde main, elle prend contact avec le vendeur. Celui-ci dit se trouver à Gand et lui propose de verser un acompte pour lui réserver l’article. Le jeune femme accepte. Le vendeur lui envoie un lien pour faire le paiement.
En cliquant sur ce lien, Ana Belen est redirigée vers l’application liée à sa banque. “C’était vraiment bien fait. J’ai cliqué sur le lien, je suis arrivée sur la page d’accueil de l’organisme bancaire du vendeur, puis sur celle de ma banque.” Une fausse application en réalité. Un code lui est envoyé par sms. “Je l’ai introduit”. Le système met du temps à se télécharger. Cela ne fonctionne pas. Elle répète une deuxième fois l’opération. Elle signe via son lecteur de carte. “J’ai signé et je l’ai aidé à entrer dans mon application.” Le vendeur-escroc se connecte alors à son compte.
La victime s’en rend compte trop tard. Plusieurs gros paiements sont réalisés dans un magasin d’alimentation de Molenbeek le soir-même. Il y en a pour près de 3000 euros. “J’ai vu plein de paiements : 600 euros, 900 euros, 20 euros, 30 euros…” Ana Belen prévient sa banque, mais impossible de bloquer les paiements. Elle dépose plainte à la police. Une enquête est en cours.
Une hausse de 150% de fraudes lors de ventes en ligne
Des cas comme celui-ci, la Federal computer crime unit, en a vu passer très souvent ces derniers temps. “Entre 2019 et 2020, on a assisté à une explosion des arnaques” nous dit le commissaire Olivier Bogaert. Mais, c’est le SPF Economie qui a une vue d’ensemble. Etienne Mignolet, son porte-parole, confirme : “les escroqueries sur le net se sont multipliées depuis le covid et l’augmentation conséquente d’achats en ligne. 12 503 fraudes enregistrées en 2020. Des extorsions d’argent pures et simples mais aussi du phishing (lorsque des fraudeurs tentent d’obtenir des renseignements personnels en se faisant passer pour la banque de la victime ou une administration).”
Des vendeurs d’objets en seconde main sont aussi contactés par des acheteurs intéressés qui affirment être loin et proposent un virement. Un organisme de livraison viendra chercher le produit. “Cet organisme prend alors contact avec le vendeur” explique Etienne Mignolet “soit pour réclamer des frais d’envoi, soit pour obtenir des informations bancaires.”
pointcontact.belgique.be : une plateforme pour signaler les fraudes
En 2016, l’inspection économique a lancé une plateforme où le consommateur peut signaler ce genre de fraude : https://pointdecontact.belgique.be. “Il y a des scénarios prédéterminés liés au covid, aux démarchages téléphoniques abusifs, aux garanties légales… Le consommateur arnaqué choisit celui qui se rapproche le plus de sa situation, puis explique son problème étape par étape. Il reçoit ensuite une réponse automatique qui lui indique l’interlocuteur ou l’organisme qui pourra l’aider.” L’inspection économique collabore avec la police, l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire ou encore l’Agence des médicaments. “Mais il s’agit bien ici d’un signalement, pas d’une plainte. Ces informations serviront ensuite à prioriser les enquêtes réalisées par le SPF Economie” ajoute Etienne Mignolet.
Focus sur la prévention
Il est souvent difficile d’obtenir réparation face à pareilles fraudes. “Les escrocs sont souvent basés à l’étranger.” Mieux vaut donc être prudent et appliquer ces quelques conseils du SPF Economie pour ne pas se faire piéger : “s’assurer que l’on peut identifier le vendeur et que son adresse n’est pas fictive (webshop check du CEC), vérifier la présence des mentions légales d’informations obligatoires (coordonnées, numéro d’entreprise) et la réputation du vendeur via un forum ou un moteur de recherche. Se méfier des offres trop belles pour être vraies, particulièrement sur les réseaux sociaux. Enfin, protéger ses données personnelles et ne jamais communiquer le code de sa carte bancaire.”
https://pointdecontact.belgique.be
Fraude liée à un paiement par carte de crédit : www.macarte.be et/ou contacter sa banque le plus rapidement possible
Escroquerie : déposer plainte auprès de sa police locale
V. Leclercq