Le projet d’IPPJ à Forest avance : vers quoi se dirige-t-on ?
Le projet d’IPPJ à Forest a connu une nouvelle avancée, avec une enquête publique prévue cet automne.
L’idée est dans les cartons depuis pratiquement dix ans, et a toujours suscité de nombreuses réactions, tant au niveau politique que du côté des riverains. La Fédération Wallonie-Bruxelles souhaite installer une Institution Publique de Protection de la Jeunesse (IPPJ) à Forest, dans l’ancien internat Victor Horta, situé au croisement de la chaussée de Bruxelles et de l’avenue Van Volxem.
Cette nouvelle IPPJ ouverte devrait accueillir trente jeunes, filles et garçons, en fin de parcours de réinsertion. “La méthode de travail sera celle du réseau familial et amical, avec l’objectif de ne pas déraciner le jeune“, nous indique Valérie Glatigny (MR), ministre francophone en charge de l’Aide à la Jeunesse.
Car, jusqu’ici, un placement en IPPJ se traduit, pour les jeunes Bruxellois, par un déracinement hors de la capitale : en Belgique francophone, il n’existe pour l’instant que six instituts, tous situés en Région wallonne (Saint-Servais, Jumet, Wauthier-Braine, Braine-le-Château, Fraipont et Saint-Hubert). “Bruxelles a besoin d’une IPPJ car beaucoup de jeunes proviennent de Bruxelles mais sont envoyés ailleurs en Fédération Wallonie-Bruxelles. Et on sait que ce qui peut poser problème, c’est de perdre le contact avec leur famille et leurs amis, ça peut être une faiblesse qu’on creuse“, explique la ministre.
Interview de Valérie Glatigny (MR), ministre de l’Aide à la Jeunesse en Fédération Wallonie-Bruxelles
Un vieux dossier… avec des jalons à venir
Le mois dernier, la Région bruxelloise a renvoyé son dossier à la commune de Forest, suite à des modifications demandées auparavant, notamment par les habitants. Suite à ce dépôt, une enquête publique sera menée dans la commune au mois de septembre.
“Maintenant, on est en train de mettre un coup d’accélérateur puisqu’on essaie ici d’avoir le permis modifié en 2021, on a déjà introduit les modifications, et commencer à travailler sur le début des travaux (…) Nous avons réservé le budget pour le faire, et on progresse bien“, indique Valérie Glatigny, qui espère inaugurer les lieux avant la fin de son mandat, prévue en 2024.
Mais ce projet est loin d’être neuf : il avait déjà été évoqué en 2013, mais abandonné faute de budget, avant de réapparaître en 2016 sous la plume de Rachid Madrane (PS), le prédécesseur de Valérie Glatigny à l’Aide à la Jeunesse. La demande de permis avait alors été introduite en 2018.
Les inquiétudes des riverains
Du côté des habitants du quartier, beaucoup partagent des craintes quant à l’installation d’une IPPJ dans ce tissu urbain. Ainsi, les craintes sont aussi bien sécuritaires, qu’urbanistiques et environnementales. “Le comité de quartier ne s’oppose pas sur le fond d’avoir une IPPJ, du moment que c’est bien encadré. Mais nous avons quand même des craintes au niveau de la mobilité, de la sécurité et de l’urbanisme… Et cette opposition, elle va au-delà du quartier“, nous explique Lise Delbart, du comité de quartier VanTroDel (Van Volxem – Tropiques – Delta).
Leila Bensalem, elle, habite à quelques centaines de mètres du lieu choisi pour abriter la nouvelle IPPJ. Si elle attend les précisions dans le cadre de l’enquête publique, “Je ne suis pas très enthousiaste de mettre une IPPJ dans un milieu urbain assez dense, avec pas mal d’autres problèmes dans une zone urbaine“, nous explique-t-elle, “parmi les différents habitants, certains ont des préoccupations sécuritaires, d’autres urbanistiques et écologiques, et encore d’autres opposés à tout pour les diverses raisons que je viens de citer. Moi, j’ai représenté une partie des habitants, et on s’est battu pour le côté urbanistique, car il s’agit d’une maison reprise dans la liste du patrimoine, des grilles qui sont également reprises dans cette liste, un petit parc à l’intérieur qui va évidemment être imperméabilisé (…) et on espérait aussi l’ouverture de ce parc vers le quartier“.
“Je suis également fort étonnée de l’enthousiasme de Valérie Glatigny, puisque lors de la campagne électorale des communales, le MR était fermement opposé à une IPPJ dans le quartier, et à Forest de manière générale“, ajoute cette riveraine.
Interview de Leila Bensalem, habitante du quartier et riveraine du projet d’IPPJ
Sur ces inquiétudes des habitants, la ministre s’est voulue rassurante, et a indiqué vouloir préserver la concertation avec les riverains.
Sur le volet urbanistique, Valérie Glatigny a expliqué que des points quant à la préservation du patrimoine, notamment Art Déco, et aussi des espaces verts (plantation d’arbres, notamment), ont été intégrés à la nouvelle mouture du projet, modifié en 2021.
Quant au volet sécuritaire, la ministre explique que “cela n’a pas de sens de mener un tel projet s’il ne s’inscrit pas dans son environnement. Donc, ici, il faut rappeler que bien que ce sera une IPPJ ouverte, il y aura une sécurisation des entrées“.
Arnaud Bruckner – Photo : Belga