Ville de Bruxelles : la majorité vote le budget, l’opposition demande un meilleur soutien post-crise
Le conseil communal de la Ville de Bruxelles a adopté mardi, peu après 1h15, le budget 2021 présenté par le collège socialiste-écologiste-DéFI. L’opposition MR, PTB et N-VA l’a rejeté; le cdH s’est abstenu.
Le collège de la Ville de Bruxelles a élaboré pour 2021 un projet de budget en équilibre, hormis 7,6 millions de dépenses exceptionnelles tolérées par la tutelle régionale au titre de provision pour absorber une série de coûts directement liés à la gestion de la pandémie – équipements relatifs au coronavirus (2,2 millions d’euros); nettoyage supplémentaire des écoles (700 000 euros); pertes de recettes (3,5 millions d’euros) – et au plan de relance.
La Ville dispose par ailleurs d’un budget extraordinaire de 168,2 millions d’euros. Les investissements qui le composent s’inscrivent dans le droit fil de l’accord de majorité qui privilégie l’objectif de services à la population à dix minutes pour chacun, les économies d’énergie et le développement durable.
Le MR demande une baisse des taxes
Pour le chef du groupe MR, David Weytsman, ce budget répond à des ambitions sociales et environnementales que le groupe libéral partage, mais pas à l’ampleur de l’urgence économique ni aux besoins réels de ceux qui ont perdu leur travail, des commerçants qui ont vu leur chiffre d’affaires s’écraser, et des indépendants dont les activités sont fermées.
“Certains de nos quartiers, avant la crise, avaient 40% de leurs jeunes sans emploi. Demain, ce chiffre pourrait atteindre 50%. Cette pauvreté va déstructurer totalement nos quartiers et pourrait provoquer de la violence”, a-t-il expliqué.
Le MR exige des politiques de soutien en fonction des pertes économiques. Il plaide pour une baisse de 10 millions d’euros des taxes en 2021 mais aussi en 2022. Les libéraux demandent par ailleurs un plan Marshall pour soutenir les jeunes dans la recherche d’un emploi, prévoyant notamment une augmentation des effectifs d'”Entreprendre.brucity”, la réouverture des Antennes d’Actiris et des politiques incitatives à l’entrepreneuriat. Face à la détresse psychologique, il n’y a pas une ligne budgétaire, selon le MR. Le budget ne prévoit rien non plus pour les aînés.
Pas de projet pour les jeunes, selon le PTB
Pour le PTB, la majorité investit 6 millions d’euros supplémentaires pour le Temple de la Bière à la Bourse mais ne développe aucun projet anti-crise pour les jeunes chez lesquels “tous les indicateurs sont au rouge” a soutenu la cheffe de groupe Mathilde El Bakri.
Le PTB plaide pour la mise en place d’un fond d’urgence jeunesse en quatre axes : aide psychologique face aux risques de suicide en hausse via un renforcement des PMS; soutien scolaire (tutorat; cours de rattrapage); wi-fi gratuit; activités sportives et récréatives.
“Trop ambitieux” pour le cdH et le CD&V
Le chef de file du cdH/CD&V Didier Wauters a regretté le caractère peu “user friendly” du budget pour le citoyen et le commerçant ordinaires. Pour lui, le collège se montre en outre trop ambitieux en matière de recettes des taxes communales, évoquant d’emblée leur ajustement prochain. Il eut fallu être plus prudent notamment pour les taxes additionnelles sur les hôtels, la taxe pour les terrasses et étalages sur la voie publique qui n’a rien rapporté en 2020. Idem pour la taxe sur les spectacles, divertissements, expos, et pour les forains, les cinémas.
“En additionnant les probables pertes de recettes en taxe communale et en recettes de prestation, en y ajoutant les 7 millions d’investissements “covid”, c’est donc autour de 15 000 000 euros de manque à gagner qu’il aurait fallu prévoir”, a-t-il dit.
Pour la N-VA, Mathias Vanden Borre estime que la Ville pourrait faire beaucoup plus pour réduire la vague de faillites dans le secteur horeca, ne serait-ce qu’en allégeant le modèle de fiscalité, selon lui dépassé.
Avec Belga – Photo : Belga/Virginie Lefour