HackCovid : trois projets pour construire le monde de demain

Comment sera le monde après la pandémie du coronavirus Covid-19 ? Des citoyens et experts ont participé à un hackathon d’une semaine pour imaginer le futur « après-covid ». De ces réflexions, sept projets ont émergé. Trois ont été sélectionnés par un jury et démarrent un parcours d’accompagnement de 12 semaines pour se concrétiser.

À l’origine de ce hackathon, un consortium nommé « Matters ». Un consortium d’acteurs du secteur de l’entrepreneuriat social et de l’innovation. « On voulait mettre à profit nos compétences et notre temps pour créer quelque chose de magique et répondre à la problématique concrète et imminente que représente l’après-covid » raconte Laurent Fortuna, managing partner chez Impact Valley, agence spécialisée dans l’organisation de hackathons et membre du consortium « improvisé ». « L’idée était de demander aux citoyens, comment eux voient les choses, pour pouvoir agir de manière bottom-up » ajoute Bastien Van Wylick cofondateur d’Impact Valley. Les participants, venant de tous horizons, ont intégré une équipe autour d’une thématique. Objectif : imaginer des solutions aux problématiques « post-covid » et mettre sur pieds des projets concrets grâce à l’intelligence collective. Voici ceux qui ont été retenus.

Une alimentation durable pour tous

L’alimentation de demain sera durable et accessible à tous. C’est ce que pensent les participants qui ont travaillé sur la thématique de l’alimentation.  Alors pour y arriver ils proposent un projet de nouvelle coopérative basée sur le concept de « panier suspendu ». « Ce projet permet de toucher absolument toutes les couches de la population, c’est ça qui est important » indique Juliette Malherbe, responsable innovation au quotidien et manager innovation du projet.

Concrètement, l’intention est de créer un point de vente de produits bios et locaux où les consommateurs pourraient payer chacun pour un produit supplémentaire. Tous ces produits seraient ensuite rassemblés en un panier à destination de personnes défavorisées. « L’avantage est que cette idée de panier suspendu, on pourrait déjà l’appliquer, dès la semaine prochaine, à des marchés déjà existants ! » s’enthousiasme Juliette Malherbe. Dans un second temps le projet prévoit le développement d’une ferme périurbaine qui non seulement fournirait des produits au point de vente, mais qui servirait aussi de lieu éducatif pour sensibiliser à l’importance et aux valeurs de l’agroécologie. « Le bon timing pour ce genre de projet, c’était il y a 10 ans. Mais avec cette crise sanitaire, les gens ont peut-être plus conscience qu’il y un problème et qu’il faut faire les choses différemment » indique Denis Morsomme maraîcher impliqué dans le projet.

Récompenser la mobilité douce

Allier mobilité douce et consommation locale, c’est l’objectif de « Mobile4local ».

« Je connais bien la problématique de la mobilité bruxelloise. Il ne faut pas être Einstein pour se rendre compte que c’est agréable de se déplacer en ce moment et qu’on est tout de même capable d’être productif » pointe Xavier Warnier, actif dans le secteur des data center et business developper du projet.

« Mobile4local » consiste en une application qui permettrait à ses utilisateurs de connaître l’impact écologique de leurs trajets et d’être récompensés avec des « points mobilité » lorsqu’ils optent pour des solutions de mobilité durable (comme les transports en commun ou le vélo par exemple.) Ces « points mobilité » pourraient ensuite se traduire en réductions auprès de commerces ou établissements locaux. Pour Xavier Warnier, la mobilité est un moteur de changement et le monde de demain sera surtout un monde sans les embouteillages d’hier.

Repenser l’école

Comment réinventer l’école pour relever les défis de la vie « après-covid » ? En favorisant les échanges entre élèves, enseignants mais aussi experts et acteurs de terrains selon « Scool-up ». « L’idée est d’utiliser un système de hackathon mais à l’échelle des écoles pour que les élèves puissent apprendre d’autres compétences et qu’ils soient acteurs de la société » explique Celine Daubresse, active dans les ressources humaines. « Scool-up » serait une plateforme participative d’activités autour de thématiques de société. Elle permettrait l’organisation de débats, de discussions, de jeux, d’échanges, au sein de classes mais aussi entre écoles avec la présence d’experts. Après avoir passé plusieurs semaines à la maison, les élèves auraient ainsi l’occasion de travailler sur des projets concrets aux services d’associations ou d’ONG. « La génération à venir doit nous challenger sur cette recherche constante de la croissance à tout prix qui nous dessert. Les jeunes bouleversent les vieux leaders, on en a besoin et l’école a son rôle à jouer là-dedans » pointe Celine Daubresse.

« Future matters »

Mesures gouvernementales de distanciation obligent, le hackathon s’est déroulé entièrement de manière virtuelle. Durant 5 jours, les participants ont multiplié les échanges et les visioconférences pour brainstormer des idées de projets et les développer. Une expérience pas toujours facile selon certains, mais qui a porté ses fruits, estiment les organisateurs. L’équipe organisatrice travaille déjà sur une deuxième édition à plus grande échelle.

Emilie Eickhoff