Une ligne téléphonique à l’écoute des auteurs de violences conjugales et intrafamiliales

Contrainte de suspendre l’organisation hebdomadaire des groupes de responsabilisation destinés à accompagner les auteurs de violences conjugales en Belgique, l’ASBL Praxis se tourne vers les entretiens téléphoniques gratuits afin de prévenir le passage à l’acte des personnes en difficulté.

Au moment de l’application des mesures de confinement décidées par le Conseil national de sécurité, 240 hommes étaient suivis dans les groupes de responsabilisation organisés par l’ASBL Praxis. Composés de neuf à dix personnes, ces groupes permettent aux membres de bénéficier d’un suivi de 45 heures afin d’échanger à propos de leur situation, de leur contexte familial, de leurs émotions ainsi que de leurs difficultés à gérer leurs accès de violence. Or, les mesures de distanciation sociale et de confinement mises en place afin de lutter contre la propagation du coronavirus ont interrompu ces rendez-vous hebdomadaires.

Afin de ne pas abandonner les auteurs de violences conjugales et intrafamiliales qui se trouveraient en difficulté par rapport à un éventuel passage à l’acte, l’ASBL rappelle que ses intervenants spécialisés assurent également les permanences téléphoniques de la ligne du numéro d’assistance 0800/30.030 (Écoute violences conjugales). En effet, sur les 35 écoutants de la ligne verte, 20 sont également intervenants au sein de Praxis.

Mais l’ASBL n’a pas attendu que les auteurs appellent d’eux-mêmes, souligne Anne Jacob, directrice de Praxis. “J’ai demandé à chaque intervenant d’appeler les auteurs afin d’assurer la continuité du suivi. Il y a une relation de confiance qui s’est installée entre nos intervenants et les personnes qui étaient déjà accompagnées avant le confinement. Plus que de simples discussions administratives, ces moments permettent de réels échanges en profondeur. Les auteurs sont nombreux à souhaiter le maintien de ce suivi.”

0800/30.030

Les personnes en proie à des comportements violents envers leur partenaire ou celles qui craignent un premier passage à l’acte peuvent contacter le numéro gratuit 0800/30.030. Ces appels sont ensuite transférés vers les intervenants de Praxis tout en assurant la gratuité du service.

“De nombreux facteurs rendent ce confinement compliqué pour certaines personnes: le partage du territoire dans des environnements parfois restreints, la présence des enfants, la consommation d’alcool qui pouvait se faire à l’extérieur avant, etc.”, expose la directrice de l’ASBL. “Les dynamiques familiales sont modifiées et le réseau habituel disparaît et entraîne l’absence du regard social. Les policiers sont occupés sur d’autres tâches et les audiences dans les tribunaux sont suspendues donc certaines personnes estiment ne plus avoir d’épée de Damoclès au-dessus de la tête. Certains auteurs de violences qui se sont déjà autorisés un passage à acte auparavant vont se l’autoriser d’autant plus facilement dans ce contexte”, poursuit-elle.

Pour d’autres personnes en revanche, les mesures de confinement ont un effet bénéfique. “Il y a des personnes, celles qui exercent un contrôle coercitif sur leur partenaire, qui nous ont confié que la présence permanente de leur partenaire apaisait les tensions et rendait la situation plus confortable qu’avant le confinement”.

Avec Belga – Photo : Belga

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10 avril 2020 - 17h16
Modifié le 10 avril 2020 - 18h19