Le décès des jeunes Guinéens Yaguine et Fodé commémoré ce vendredi à Bruxelles

Pour marquer les 20 années qui se sont écoulées depuis la découverte des corps des jeunes Guinéens de 15 et 14 ans Yaguine Koïta et Fodé Tounkara dans le train d’atterrissage d’un avion, une cérémonie commémorative est organisée vendredi à 14h30 dans une salle paroissiale située au 44 de la rue des Pierres, près de l’hôtel de Ville de Bruxelles.

Il s’agit d’une initiatives des associations IDAY-International, IDAY-Guinée, Amitiés sans frontières, ainsi que le Conseil des Communautés Africaines en Europe et en Belgique (CCAEB) et le Fonds Message de Yaguine & Fodé auprès de la Fondation Roi Baudouin.

Un ciné-débat se tiendra également à 18h00 au café l’Horloge du Sud, rue du Trône à Ixelles, ainsi qu’un sit-in samedi de 16h00 à 18h00 place Lumumba, gérés par l’association de la diaspora africaine Moja avec le soutien de l’Union des femmes africaines ou encore le collectif Mémoire coloniale. Des ressortissants guinéens devraient encore organiser un match de football dimanche après-midi.

Morts de froid

Yaguine et Fodé sont morts de froid. Une lettre a été trouvée sur eux. Dans celle-ci, ils appelaient à soutenir le développement en Afrique. “Si vous voyez que nous sacrifions et exposons notre vie, c’est parce qu’on souffre trop en Afrique et qu’on a besoin de vous pour lutter contre la pauvreté et mettre fin à la guerre en Afrique. Néanmoins, nous voulons étudier, et nous vous demandons de nous aider à étudier pour être comme vous en Afrique“, écrivaient-ils.

Micky Ducamp, porte-parole pour IDAY en Belgique, estime qu'”il est malheureux que ce message reçu il y a 20 ans par l’Union européenne n’ait pas eu de suites“. Des commémorations se sont tenues du 24 au 26 juillet à Conakry, capitale de la Guinée, ville d’où est parti l’avion à destination de Bruxelles. Une conférence au collège Yaguine et Fodé a notamment sensibilisé les jeunes sur les dangers de l’immigration clandestine.

On veut appeler les jeunes Guinéens à ne pas venir par des voies clandestines, qui sont beaucoup trop dangereuses“, explique Micky Ducamp. IDAY-International précise qu’il ne s’agit pas de limiter l’immigration venue d’Afrique, mais de la réglementer et d’instaurer des voies légales et sûres. Une rencontre avec les familles des deux jeunes et une visite de leur tombe ont eu lieu le 26 juillet.

Hommages et débats

Le récit de ces commémorations en Guinée sera livré lors de l’événement de ce vendredi à Bruxelles. Une chanson rendra hommage à Yaguine et Fodé. Des intervenants prendront la parole sur la question du développement en Afrique. “On présente toujours l’aide au développement comme la solution pour réduire la migration clandestine alors qu’au contraire, elle aggrave les choses“, avance Jean-Jacques Schul, président honoraire d’Iday-International et co-fondateur du Fonds Message de Yaguine & Fodé.

“Il faut revoir la manière dont elle est conduite car on ne fait qu’entretenir des gouvernements corrompus qui ne répondent pas aux demandes de la jeunesse locale. Comme l’aide vient de l’extérieur, les gouvernements n’écoutent pas leur population et ne cherchent pas à satisfaire leurs besoins.” Au ciné-débat sera projeté le film “Un matin bonne heure” sur l’histoire de Yaguine et Fodé. Un débat sur le thème “Néocolonialisme et impact migratoire” suivra.

Nous estimons qu’il y a une hypocrisie de la politique européenne à d’un côté stigmatiser et criminaliser la migration et de l’autre participer à la déstructuration de l’économie locale“, défend Moïse Essoh, administrateur délégué de Moja. “Au niveau des grandes entreprises comme Bolloré, il y a toute une série de choses tolérées par l’Union européenne (…) Il faudrait aussi réformer la convention de Dublin pour la rendre plus équitable entre les Etats membres. Comme ce n’est pas par avion que la migration se fait, maintenir ce système où ce sont les premiers pays d’arrivée qui comptent, c’est renforcer le populisme dans les pays du sud de l’Europe.