Rue de la Loi : le casting possible des ministres bruxellois (J+47)
C’est un exercice difficile, et sans doute un peu vain. Pour désigner les ministres ce sont les présidents de parti, ou dans certain cas les présidents de fédération, qui ont la main. Une décision qu’ils peuvent prendre après consultations, ou seuls, en leur âme et conscience. Et, parfois, ils aiment surprendre. Il n’empêche, puisque les négociations bruxelloises arrivent à leur terme, et que sauf surprise de dernière minute ou refus de l’open VLD face à l’obstacle, le gouvernement devrait être installé dans la semaine à venir, la presse et les observateurs se livrent désormais au jeu des pronostics. C’est vain, et sans doute un peu orgueilleux aussi, mais livrons-nous à l’exercice.
Avant d’aborder le casting proprement dit même une remarque préliminaire sur l’organisation des compétences. Un nouveau gouvernement, c’est aussi l’occasion de revoir les “paquets de compétences”, d’essayer de les rendre plus efficaces ou plus harmonieux, plus proches des priorités politiques du moment dans certains cas, plus respectueux du poids électoral de chacun dans d’autres cas. Le premier débat que devront trancher les négociateurs, avant l’attribution aux partis et aux personnes (et même si évidemment tout est dans tout) sera donc celui-là : quelle sera l’architecture du prochain gouvernement ? Laissera-t-on l’emploi, la formation et l’économie ensemble par exemple, comme le souhaiterait Défi, ou est ce qu’on les séparera comme le préféraient d’autres formations ? Comment distribue-t-on la mobilité, les travaux publics, l’aménagement du territoire, l’environnement et le santé ? Peut-on créer un gros portefeuille de la transition écologique par exemple, qui pourrait intéresser Groen ou Ecolo ? Comment faire en sorte que les secrétariats d’Etat ne soient pas trop légers pour éviter d’apparaitre comme des lots de consolation ?
Vous l’avez compris: il reste beaucoup d’inconnues.
Ce qui est sûr, quand même, c’est que Rudi Vervoort sera évidemment ministre-président. C’est l’une des informations sur lesquelles il n’y a aucun doute. Le parti socialiste aura également droit à un poste de secrétaire d’Etat. Trois noms circulent : celui de Caroline Désir, elle a d’ailleurs participé à plusieurs séances de négociations, celui de Rachid Madrane qui a fait un bon score mais pourrait aussi rempiler à la Fédération Wallonie-Bruxelles et celui de Fadila Laanan. Celui ou celle qui ne serait pas désigné(e) au gouvernement bruxellois aurait encore la possibilité de présider le parlement régional (ou celui de la COCOF) ou d’être désigné à la Fédération Wallonie-Bruxelles, un niveau de pouvoir pour lequel circule également le nom de Delphine Chabbert (ancienne directrice du service d’étude de la Ligue des Familles).
Pour Ecolo, Alain Maron sera membre du gouvernement bruxellois, c’est également une certitude. Mais Ecolo a droit à deux postes, la question est donc de savoir avec qui ? La co-présidente du parti, Zakia Khattabi, a-t-elle envie de devenir ministre bruxelloise (elle pourrait tout aussi bien garder la co-présidence du parti, opter pour la direction du groupe Ecolo-Groen à la chambre, voire viser la Fédération Wallonie-Bruxelles, sans qu’Ecolo ne soit toutefois assuré d’aller au bout des négociations maintenant que le MR est de retour en Wallonie)? Le nom de Barbara Trachte a également beaucoup circulé (mais elle négocie à la Fédération où son nom est davantage cité encore), et il n’est pas exclu qu’Ecolo fasse au final appel à une personnalité issue de la société civile.
Défi a également droit à un poste de ministre. Cela devrait être Bernard Clerfayt, qui malgré le flou entretenu dans sa communication, semble s’être montré très actif en négociation. A la condition toutefois qu’il juge que les compétences qu’on lui propose soient suffisamment importantes (dans l’idéal: le portefeuille actuel de Didier Gosuin).
Coté néerlandophone, le gouvernement comptera deux ministres : Elke Van de Brandt pour Groen et Sven Gatz pour l’Open VLD (même si Els Ampe répète à l’envie qu’elle a réalisé un plus gros score, elle est jugée politiquement peu fiable par les autres interlocuteurs). Le SPA (pardon, on dit One.Brussels maintenant), arrivé 3ème parti, aura droit à un secrétariat d’Etat pour Pascal Smet. Cette liste reste indicative. Il faudra attendre la présentation des ministres au parlement régional (cela devrait être mercredi) pour voir à quel point les journalistes et autres observateurs étaient à coté de la plaque.
►L’analyse en direct dans le 18h de Fabrice Grosfilley