Maggie De Block demande aux distributeurs d’afficher sur leurs produits un label de qualité alimentaire : le “nutri-score”

Nutri-Score belge - Illustration

La ministre des Affaires sociales et de la Santé Maggie De Block convie les producteurs et les distributeurs à afficher sur les produits alimentaires mis en vente un “nutri-score” qui facilitera le choix d’une alimentation saine. La démarche restera volontaire, la ministre encourageant l’industrie à s’inscrire dans la démarche.

Les consommateurs pourront ainsi obtenir plus facilement des informations leur permettant de savoir dans quelle mesure un aliment fait partie d’une alimentation équilibrée, estime-t-elle.

Le nutri-score est un score global allant de -15 pour les produits “les plus sains” à +40 pour les produits “les moins sains”. Sur la base de ce score, le produit reçoit une lettre avec le code couleur correspondant: du vert foncé (A) au rouge foncé (F). L’algorithme sur la base duquel le score est calculé tient compte à la fois des éléments positifs et négatifs: la teneur en sucres, en acides gras saturés, en sel et les calories ont une influence négative sur le score, tandis que la teneur en fruits, légumes, fibres ou protéines peut améliorer le score.

Cette décision intervient après une longue consultation des parties prenantes concernées : organisations de consommateurs, experts dans le domaine de l’alimentation, l’industrie alimentaire et les distributeurs.

“Depuis plusieurs mois, Test-Achats se bat en faveur de la mise en place” de cet outil, et a d’ailleurs développé ce concept pour certains produits, comme les céréales de petit-déjeuner, réagit mercredi soir l’organisation de défense des consommateurs. Cette échelle de valeur nutritionnelle a été introduite en France en 2016, rappelle Test-Achats. “Test-Achats va continuer son combat contre la malbouffe via ses enquêtes et ses canaux de communication mais elle enregistre là une première victoire dans sa lutte.”

Fevia : “Stigmatisant pour certains produits”

Pour la Fevia, Fédération de l’industrie alimentaire belge, ce nutri-score ne sera probablement pas utilisé par beaucoup de producteurs alimentaires. “Il sera certainement utilisé par certaines entreprises. Mais la plupart n’y sont pas favorables et risquent donc de ne pas en faire usage”, réagit mercredi soir le porte-parole, Nicholas Courant. “Selon nous, ce n’est pas l’outil adéquat pour conduire les gens à une alimentation plus équilibrée”, ajoute-t-t-il. La Fevia estime en effet le système de couleurs “trop simpliste” pour informer les gens, car “deux consommateurs distincts peuvent avoir des besoins totalement différents en termes d’alimentation. Les informations figurant sur l’étiquette doivent être mieux adaptées aux besoins individuels, comme c’est le cas par exemple avec les apports journaliers de référence”.

Ce nutri-score est en outre “stigmatisant” pour certaines catégories de produits, précise le porte-parole, qui fait notamment référence au chocolat. “Un produit dont nous devrions être fiers. Voulons-nous maintenant l’exporter avec un point rouge sur l’emballage ?” La Fevia plaide également pour un système européen afin d’éviter la multiplication des étiquettes. “Des consultations ont effectivement eu lieu” avec le secteur, précise encore la Fédération, “mais cela ne signifie pas que nous sommes d’accord. Nous avons été entendus pas la ministre et lui avons dis que nous n’y étions pas favorables.”

Delhaize et Colruyt lancent ce nutri-score, Carrefour prépare

Du côté des supermarchés, le système de nutri-score fait son entrée. Une série de produits, dont des yaourts et des céréales, sont disponibles dès aujourd’hui dans les supermarchés Delhaize, souligne l’enseigne. Les soupes fraîches, les céréales et les plats préparés de la marque Delhaize porteront également le nutri-score dans les jours à venir. “L’objectif étant de munir tous les produits de marque propre de ce label dans les deux ans”, indique la marque au lion.

Colruyt Group opte également pour cet outil, “une nouvelle étape vers une information produits plus transparente”, estime le groupe dans un communiqué. D’ici fin septembre, les magasins Colruyt veulent proposer une dizaine de produits Boni Selection intégrant ce nutri-score sur leurs emballages. “En outre, dès la mi-septembre, grâce à l’application SmartWithFood, il sera possible de consulter et de comparer le nutri-score des produits proposés dans les différentes formules de magasins de Colruyt Group. Les clients ne devront dès lors pas attendre l’adaptation des emballages en magasin.” Le déploiement complet de ce système sur tous les emballages des produits Boni Selection sera effectif d’ici mi-2020. “Nous voulons évoluer à raison d’une centaine de produits par mois”, précise Stefan Goethaert, directeur général de Colruyt Group Fine Food.

Enfin, le processus est aussi en cours d’installation pour les produits de la marque Carrefour, selon le porte-parole, Baptiste van Outryve. L’enseigne envisage, en attendant notamment de réimprimer des étiquetages, de déjà rendre les informations du nutri-score disponibles aux consommateurs via une application.

Avec Belga