Attentats à Bruxelles : la commission d’enquête arrive au bout de ses travaux

Un an et demi après sa mise en place, la commission d’enquête parlementaire sur les attentats terroristes arrive au bout de ses travaux. Elle devrait conclure dans les semaines à venir son rapport sur le radicalisme en Belgique, troisième et dernier volet de son mandat. Elle tient ce lundi sa première réunion depuis les vacances parlementaires.

La commission a été mise sur pied en avril 2016 à la suite des attentats qui ont frappé la Belgique quelques jour plus tôt, le 22 mars. Elle a publié jusqu’à présent trois rapports intermédiaires sur le travail des services de secours le jour des attentats, le soutien aux victimes et la façon dont les services de renseignement et de police, la justice, etc. avaient fait face à la menace terroriste.

Un dernier volet attend sa conclusion. La commission est chargée d'”investiguer les raisons pour lesquelles depuis un certain nombre d’années notre pays, comme d’autres, enregistre une montée en puissance du radicalisme ainsi qu’analyser les liens entre ces phénomènes et les terribles événements qui nous ont frappés, que ce soit au Musée juif, dans le Thalys ou à l’aéroport de Zaventem et dans le métro bruxellois”, dit le texte approuvé par la Chambre.

La commission doit plus particulièrement analyser les sources du développement du radicalisme en Belgique, y compris l’impact des politiques étrangères et des politiques d’intégration, les tendances au repli communautaire et à la “ghettoïsation” dans certains quartiers, le financement étranger de certains lieux de cultes et les prédicateurs de haine.

Le thème est large. La commission présidée par Patrick Dewael (Open Vld) a auditionné de nombreux acteurs de terrain et des spécialistes universitaires. Un point a concentré les attentions politique et médiatique: le rôle de la Grande Mosquée du Cinquantenaire dans la diffusion d’un islam ultra-rigoriste voire radical. Les auditions de son imam et ensuite de son directeur se sont déroulées dans un climat tendu, révélant un gouffre entre les parlementaires et les dirigeants de ce lieu emblématique du culte musulman en Belgique.

A travers ce débat se dessine la question des influences étrangères dans l’islam de Belgique, qu’il s’agisse d’une organisation comme celle des Frères Musulmans, de l’Etat turc à travers la Diyanet, du Royaume du Maroc ou de l’Arabie saoudite qui tient les rênes de la Ligue islamique mondiale dont relève la Grande Mosquée. Certains partis se sont prononcés en faveur de l’interdiction d’un financement étranger des cultes, voire de l’interdiction de tout financement public des cultes. Une proposition de reprise du contrôle de la Grande Mosquée par le biais de l’Exécutif des musulmans a également été formulée par l’expert chargé d’accompagner la commission, mais elle ne semble pas à ce jour avoir reçu un soutien politique suffisant.

La question du radicalisme en prison a également occupé la commission. A ce jour, la “déradicalisation” demeure un voeu pieux, à entendre les directeurs. Des ailes spéciales ont été aménagées pour des détenus radicalisés à Ittre et à Hasselt mais elles servent d’abord à éviter que d’autres détenus soient “contaminés”. Les expériences concluantes de déradicalisation font défaut, tant en Belgique qu’à l’étranger. Pour certains acteurs, il est même illusoire d’imaginer déradicaliser un prisonnier en milieu carcéral quand on voit l’échec de la réinsertion des détenus, à laquelle la prison doit pourtant oeuvrer.

Belga