Attentats du 22 mars : Geens se refuse à charger une personne et évoque des erreurs systémiques
Le ministre de la Justice, Koen Geens, s’est refusé lundi à charger l’une ou l’autre personne de la façon dont Ibrahim El Bakraoui, l’un des terroristes du 22 mars, a pu échapper à la police et la justice belges. Selon lui, il y a dans cette histoire des “erreurs systémiques”.
Le 26 juin 2015, l’officier de liaison belge à Istanbul est informé par les autorités turques de l’arrestation d’Ibrahim El Bakraoui non loin de la frontière syrienne. Le 29 juin, il demande à la Direction centrale de la lutte contre la criminalité grave et organisée (DJSOC) de la police si cette personne est connue. Or, c’est le 29 juin que l’homme, qui ne figure pas sur les listes de personnes radicalisées, devait se présenter devant une assistante de justice parce qu’il était en libération conditionnelle. “Le 29 juin est une date cruciale”, a souligné M. Geens.
L’assistante, qui avait revu le 15 mai le délinquant pour la dernière fois, avertit le 2 juillet le parquet de sa non-comparution. Le parquet le cite à comparaître. Devant l’absence de réaction, il émet un signalement national le 21 août. A l’époque, la DJSOC est en pleine réorganisation dans le cadre d’un plan d'”optimalisation” datant du gouvernement précédent. Ses effectifs sont considérablement réduits et elle connaît un arriéré important face à l’explosion du nombre d’informations à traiter.
Dans la sphère judiciaire, ni le parquet, ni l’assistante de justice n’ont accès à la BNG, la banque de données de la police. Quant à l’officier de liaison, il n’obtient que des mois plus tard, les compléments d’information qu’il a demandés aux autorités turques. Le ministre a insisté sur les difficultés à relier les différents systèmes et la nécessité de mieux intégrer les acteurs judiciaires et policiers. “J’ai constaté beaucoup d’erreurs systémiques”, a souligné M. Geens, qui a pris la défense des différents services impliqués dans cette chaîne d’événements. “Il est facile de faire des reproches après coup”, a-t-il ajouté. A l’inverse du ministre de la Justice, le ministre de l’Intérieur avait accablé le 25 mars l’officier de liaison à Istanbul, en affirmant que ce n’était pas l’appareil policier, ni même un service mais un homme qui avait commis une bévue. (Belga)