Le plan financier et le modèle commercial de Kanal tient la route, selon un audit externe

Le plan financier élaboré par la Fondation Kanal chargée de l’aménagement et l’exploitation du futur musée d’art contemporain à Bruxelles tient la route, ressort-il du rapport de consultance externé établi par le consortium Arter et Ernst&Youg.

Cet examen a été commandité par le gouvernement bruxellois dans le cadre du contrat de gestion liant la Fondation et l’exécutif bruxellois. Les ministres bruxellois ont notamment voulu jauger les bases de demandes financières de la Fondation: volume d’activités projetées; ressources humaines; et la gestion des activités commerciales par quatre agences distinctes.  Le rapport a été présenté vendredi à quelques journalistes, lors d’une visite du chantier de transformation de l’ex-emblématique garage Citroën situé le long du canal.

Ainsi, la projection de 550.000 visiteurs par an fondée sur le nombre d’expositions et événements et ce qui se fait à l’étranger, est jugée “raisonnable”. “Nous confirmons que le nombre de visiteurs, ainsi que le nombre d’événements et de spectacles, est justifié, fondé sur des analyses de référence, l’expérience du secteur, et un rapport d’Ernst 1 Young réalisé en 2017”, lit-on à la page 8 du rapport. L’approche par la Fondation, du modèle de gestion commerciale via quatre agences (Accueil-Billetterie-shop; Restauration; Privatisation d’espaces par locations temporaires; et Sponsoring) “ne révèle aucun élément majeur manquant”. Les équipes de la Fondation “n’ont pas omis de coût significatif dans leurs évaluations”. “Il en résulte un modèle transparent, analytique et flexible”.

L’arrêt sur image des Equivalents Temps Plein évalués tant en nombre (110 dont 53% pour les services artistiques) qu’au niveau de la grille salariale est également analysée positivement. “La structure de l’équipe de la Fondation nous semble cohérente avec ce qui peut être observé dans des institutions similaires muséales ou fonction publique régionale et fédérale”. Idem pour la grille de salaires qui a été jugée “cohérente”.

Sur place, le chantier bat son plein. Selon l’administrateur délégué de la Fondation Kanal, Yves Goldstein, l’ouverture du musée est toujours prévue pour la fin de l’année 2025, ou dans les semaines qui suivront.  Dans le cadre de la transformation en cours de l’ex-garage, le showroom, visible depuis le centre de la Place Rogier, sera remis dans son état originel de cathédrale d’acier, de verre et de lumière de 21 mètres sous plafond. Le site hébergera, outre le Centre International pour la Ville et l’Architecture (CIVA), de nouvelles installations muséales, notamment dans trois structures de type “box into the box” aménagées au coeur des ateliers ainsi que des espaces pour les arts du vivant. Le tout sera relié par deux rues intérieures perpendiculaires ouvertes à tous les publics, visiteurs du musée ou non.

Les nombreux espaces publics du complexe seront accessibles gratuitement, dans un esprit d’ouverture du complexe sur le quartier environnant et de rayonnement de la culture dans la population. L’administrateur-délégué s’est enfin voulu rassurant quant à l’impact budgétaire futur de l’investissement mobilisé par ce projet-phare, prometteur selon lui de nombreuses retombées économiques pour Bruxelles.

Le budget d’investissement censé permettre de transformer le garage, et estimé initialement à 150 millions d’euros hors TVA et hors équipements, n’a pas varié après attribution de l’ensemble des lots de marché public, jusqu’au 31 décembre 2021. Depuis ce moment, l’invasion de l’Ukraine par la Russie a engendré une hausse de 15% due à l’indexation (22 millions).  Selon Yves Goldstein, la Région a déjà déboursé 162 millions d’euros qui ne devront donc plus être imputés dans les prochains budgets. Aux 172 millions d’euros, il importe d’ajouter 13 millions d’euros “one shot” pour les équipements.  Au stade actuel, l’administration reconnaît à la Fondation le statut d’assujetti à 50%. Cela signifie qu’elle doit s’acquitter d’un montant de 18,6 millions de TVA, mais selon Yves Goldstein, des discussions sont encore en cours pour tenter de lui voir reconnaître un statut à 100%.  Les moyens d’exploitation demandés – 35 millions par an en rythme de croisière – sont jugés raisonnables en fonction des standards internationaux, si l’on en croit l’audit, a-t-il encore dit en substance.

Belga

■ Reportage d’Anaïs Corbin, Alexandre D’Haeseleer et Pierre Delmée