Prison de Saint-Gilles : l’Observatoire international des prisons dénonce les conditions de détention des détenus

La section belge de l’Observatoire international des prisons (OIP) dénonce lundi le durcissement du régime de détention imposé depuis plusieurs semaines aux personnes incarcérées à Saint-Gilles. Des restrictions ont été instaurées pour faire face au manque d’agents pénitentiaires et à la surpopulation carcérale.

Celles-ci “ne peuvent qu’envenimer une situation rendue déjà invivable par la promiscuité et l’enfermement“, alarme l’OIP, selon lequel “le ministre de la Justice démontre une nouvelle fois qu’il n’entend pas respecter les décisions de justice condamnant ses manquements“.

Fin septembre, la direction de la prison de Saint-Gilles et les représentants syndicaux avaient convenu de mettre en place un service adapté en fonction du nombre d’agents pénitentiaires pour pallier le manque de personnel et la surpopulation carcérale. “Ainsi, depuis plusieurs semaines, les visites des proches, les sorties au préau et le téléphone ne sont autorisés qu’un jour sur deux. En outre, l’accès à la prison pour les services externes est gravement entravé au point que la plupart des intervenants ne savent plus accéder à la prison. Les détenus sont privés de suivi psychologique et social, de formation, d’accès à toute activité. Certains aumôniers et conseillers moraux ont été interdits d’accès aux détenus“, énumère l’OIP.

Ces restrictions ont été “officiellement” instaurées via “une note interne à la prison qui prévoit que ce régime restera applicable au sein de l’établissement à tout le moins jusqu’au 15 octobre 2019“, dénonce lundi l’organisation qui milite pour le respect des droits fondamentaux au sein des prisons. L’OIP s’insurge contre “la passivité de l’Etat”, qui est “seul responsable de la façon dont il traite les détenus. Il ne peut se contenter d’entasser des hommes derrière des murs sans se soucier de leur traitement une fois enfermés“.

Plus de 860 détenus pour quelques 500 places disponibles

Alors que, en janvier 2019, le tribunal de première instance francophone de Bruxelles avait donné six mois à l’Etat belge pour mettre fin à la surpopulation de la prison de Saint-Gilles, l’établissement compte toujours plus de 860 détenus pour un peu plus de 500 places disponibles.

Le ministre de la Justice, Koen Geens (CD&V), “démontre une nouvelle fois qu’il n’entend pas respecter les décisions de Justice condamnant ses manquements. Pire encore, par l’action de son administration, il instaure un régime de détention qui contrevient aux droits les plus fondamentaux de chaque être humain“, conclut l’OIP.

Depuis la semaine passée, nous tentons progressivement de revoir le régime de détention de la prison de Saint-Gilles. A partir de demain (mardi), il y aura des possibilités quotidiennes de promenade, douche et appel téléphonique. Les visites seront possibles trois jours par semaine“, a réagi la porte-parole de l’administration pénitentiaire.

Belga

■ Reportage d’Aurélie Vanwelde, Thierry Dubocquet et Manuel Carpiaux

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08 octobre 2019 - 17h07
Modifié le 08 octobre 2019 - 17h15