Le MR réclame l’abrogation du décret régissant les inscriptions dans le secondaire

Le MR a fixé mardi deux conditions sine qua non à son éventuelle participation à une majorité gouvernementale en Fédération Wallonie-Bruxelles au lendemain des élections du 26 mai. Il réclame l’abrogation du décret régissant les inscriptions dans le secondaire ainsi que la révision du décret de 2014 fixant les diplômes requis pour pouvoir enseigner.

Depuis 2007, le décret Inscriptions a mis le bazar dans toutes les écoles. Il est passé complètement à côté de ses ambitions de mixité sociale. Il a même au contraire conduit à une dualisation renforcée (du système scolaire)“, a commenté mardi le président du MR Charles Michel lors d’une conférence de presse pour présenter le programme des réformateurs en matière d’enseignement. En lieu et place de la procédure actuelle, le MR préconise pour l’avenir un mécanisme de sélection en deux temps.

La première phase attribuerait d’abord les places aux enfants dits “prioritaires”. Il s’agirait notamment de ceux qui ont déjà un frère ou une soeur dans l’établissement convoité, des enfants d’enseignants qui y sont rattachés, ou en fonction d’une série de priorités qui seraient préalablement annoncées (les enfants à haut potentiel auraient ainsi l’avantage dans les écoles ayant développé un projet pédagogique spécifique pour ce type d’élèves, par exemple).

La seconde phase viserait, elle, les enfants “non-prioritaires”, soit la majorité des candidats. Ici, le MR entend maintenir le formulaire unique d’inscription (FUI) prévu par le décret actuel, avec le maintien d’une date unique de remise des formulaires, mais en abandonnant les différents critères de proximité géographiques et socio-économiques prévus dans la procédure actuelle. Pour les écoles où la demande de places excèderait l’offre disponible, il reviendrait alors aux directeurs d’école, dans l’esprit d’autonomie de gestion qui leur serait accordé, de choisir eux-mêmes les élèves qu’ils inscriront, notamment en fonction des choix pédagogiques exprimés par les parents. “Plutôt qu’un logiciel informatique qui aujourd’hui attribue les places, on a besoin du facteur humain”, défend Charles Michel.

Face aux tensions que ces arbitrages pourrait créer, il reviendrait alors aux directeurs d’école de “créer un espace de dialogue” avec les parents, plaide M. Michel. L’autre point d’urgence que les réformateurs mettront à l’agenda s’ils sont appelés à la table des négociations gouvernementales porte sur le décret titres et fonctions, que les réformateurs entendent “revoir”. Adoptée en 2014 par le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles -avec l’appui de l’opposition MR à l’époque-, cette réforme a suscité pas mal de remous dans les écoles depuis son entrée en application en septembre 2016.

Les titres (diplômes) requis pour enseigner sont devenus bien plus précis qu’auparavant, ce qui a complexifié les recrutements et aggravé, selon les réformateurs, la pénurie actuelle de profs dans certaines classes. “Ce sera un point prioritaire en cas de négociation (gouvernementale) avec le MR”, avertit M. Michel. Ces deux exigences fortes des réformateurs en matière d’enseignement s’inscrivent dans une cinquantaine d’autres propositions programmatiques. Face aux piètres performances de l’école francophone mises en lumière par les dernières études Pisa de l’OCDE, et pour inverser la politique de “nivellement par le bas” poursuivie, selon eux, par la majorité PS-cdH sortante, les réformateurs plaident au contraire pour un “enseignement exigeant”, basé sur “un soutien à l’effort, au mérite, à l’excellence dans un climat de respect et de tolérance”.

Le MR reprend néanmoins dans son programme une série d’éléments déjà prévus dans le Pacte d’excellence initié par le gouvernement sortant, mais dont il souhaite hâter ou renforcer la mise en oeuvre, notamment en matière d’enseignement de l’informatique et de programmation, de remédiation, ou d’attractivité du métier d’enseignant. Il est en revanche opposé à l’allongement du tronc commun de la 2e à la 3e secondaire. “Nous voulons rouvrir le débat sur le contenu du tronc commun“, dit Charles Michel. Son parti entend aussi développer davantage l’enseignement en immersion, créer un programme Erasmus pour les élèves et les profs du secondaire entre la Wallonie et la Flandre, et revaloriser l’enseignement technique et professionnel.

A cet égard, les réformateurs souhaitent confier aux Régions un nouveau rôle en matière d’enseignement, celui de pouvoir organisateur de toutes les écoles techniques et professionnelles relevant aujourd’hui soit du réseau de la Fédération, soit de celui des communes et provinces. Le pouvoir régulateur de l’enseignement (technique et professionnel) resterait, lui, dans les mains de la Fédération Wallonie-Bruxelles toutefois.

Source/Image: Belga

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23 avril 2019 - 15h50
Modifié le 23 avril 2019 - 15h50