Direct : Didier Reynders est interrogé ce mercredi matin devant le parlement européen

Le ministre belge des Affaires étrangères Didier Reynders, proposé au poste de commissaire européen à la Justice, a entamé mercredi son audition devant le Parlement européen. D’emblée, il a abordé les accusations portées à son encontre par un ex-agent de la Sûreté de l’État, dénonçant l’action “malveillante” d’une personne qui “vise délibérément à (lui) nuire”. Il avait commencé à répondre aux questions des députés quand la séance a été interrompue par une coupure de courant.

Après avoir affirmé sa volonté de travailler étroitement avec le Parlement et son engagement européen (“je suis parmi ceux qui veulent plus et mieux d’Europe”), Didier Reynders en est rapidement venu à ces accusations de prétendus pots de vin à l’occasion de missions et d’achats publics. Il a rappelé que son avocat avait réfuté ces accusations et que le ministère public avait classé sans suite ce dossier étant donné l’absence d’infraction. Il réfute aussi la nouvelle plainte déposée par cet ex-agent pour menaces de mort. Dénonçant une “action malveillante”, Didier Reynders a dit ne souhaiter à personne de vivre ce que sa famille et lui ont vécu ces quinze derniers jours.

“L’État de droit, c’est aussi la présomption d’innocence”, a affirmé celui à qui la prochaine présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, veut confier la défense de l’État de droit. Didier Reynders a ensuite abordé le fond de la politique qu’il entend mener si le Parlement lui accorde sa confiance. Il a confirmé qu’il entendait voir publier, dans la première année de travaux de la Commission, un rapport sur le respect de l’État de droit dans tous les États membres, appelé à devenir annuel. La première publication de ce rapport sera plus approfondie en ce qui concerne les États où des risques particuliers ont déjà été identifiés.

En réponse à une question d’un député, Didier Reynders a précisé que ce rapport irait au-delà de l’État de droit, s’attachant par exemple au pluralisme des médias, au respect de la démocratie. Il a aussi insisté sur une volonté de dialogue avec les États concernés – “je me rendrai dans ces pays dès le début de mon mandat” – et souligné l’existence d’autres outils (procédure article 7, consultation de la commission de Venise, du Groupe d’États contre la corruption – GRECO – etc.) pour le soutenir dans son travail. Et en cas de manquement généralisé, il a demandé aux co-législateurs (le Parlement et le Conseil) d’approuver la mise en place d’une conditionnalité budgétaire, qui permettrait de suspendre voire de supprimer des financements européens à un État. “C’est un moyen de pression assez fort pour réagir en cas de manquement”.

Interrogé par un député socialiste sur la responsabilité sociétale des entreprises, le libéral a reconnu qu’il était important, en droit des entreprises, d’aller plus loin dans les exigences d’information pour l’intérêt de la société. Il a cité non seulement les droits de l’homme, mais aussi le climat, le respect des communautés locales ou le caractère durable de la chaîne d’approvisionnement. Il n’a toutefois pas précisé si la Commission reverrait la directive sur le reporting non-financier dans le sens voulu par plusieurs ONG.

L’exécutif européen évalue actuellement cette directive, qui est du ressort d’autres commissaires. Quant au respect de l’État de droit dans les accords internationaux (commerce, police, etc.) avec des pays tiers, il a confirmé à l’eurodéputée belge Saskia Bricmont (Ecolo, Verts/ALE) sa volonté que la Commission mène une étude d’impact systématique du respect des droits humains. L’audition a été interrompue par une coupure de courant, environ trois quarts d’heure après son commencement.

Belga-Photo: Thierry Roge

Partager l'article

02 octobre 2019 - 08h57
Modifié le 02 octobre 2019 - 11h32