La capacité des hôpitaux bruxellois arrive à saturation
C’était la crainte de beaucoup de centres hospitaliers ces dernières jours. Ce jeudi 2 avril, plusieurs hôpitaux bruxellois ont atteint leur capacité maximale en soins intensifs vu le nombre de lits dont ils disposent. Certains peuvent encore en créer mais la marge de manœuvre diminue.
Pour le moment, ce sont les cliniques universitaires Saint-Luc qui s’en sortent le mieux. Elles ont 26 patients en soins intensifs pour un total de 35 lits. Elles pourraient également monter à 50 lits si le besoin s’en faisait ressentir. En tout, 105 personnes sont actuellement hospitalisées pour un cas de Covid-19.
Au niveau de la clinique Saint-Jean, le bilan reste identique. Huit personnes sont en soins intensifs. L’UZ VUB a également 24 patients aux soins intensifs.
Les hôpitaux Iris proche de la saturation
Du côté du réseau hospitalier Iris, la situation est plus compliquée. Seul le CHU Saint-Pierre dispose encore de lits disponibles en soins intensifs mais les autres sites (Brugmann, Bordet et Iris Sud) sont saturés. De plus, il n’est plus possible de créer des lits intensifs supplémentaires. En moyenne, le réseau arrive à un taux de saturation de 90%.
La situation pour les lits non intensifs arrive aussi tout doucement à sa capacité maximale. Toutefois, des étages classiques peuvent se transformer en zone Covid-19. “Nous organisons une coordination quotidienne entre les médecins-chefs des hôpitaux du réseau ULB bruxellois (les 4 hôpitaux, Erasme et Chirec) pour gérer d’éventuels transferts de cas lorsque c’est nécessaire, explique l’administrateur délégué d’Iris, Etienne Wéry. Si la tendance actuelle se poursuit, nous envisageons pour ce week-end ou le début de la semaine prochaine, une coordination avec le réseau des hôpitaux UCLouvain bruxellois et, si nécessaire, avec d’autres provinces. Nous voulons éviter toute saturation des unités de soins intensifs d’un de nos hôpitaux.”
Inquiétude au Chirec
Les trois sites du groupe Chirec (Delta, Sainte-Anne et Saint-Rémy) sont aujourd’hui saturés et il n’y a plus de possibilité de création de lits. “Nous allons transférer des patients vers d’autres hôpitaux, explique le directeur général administratif et financier du Chirec, Benoît Debande. Nous avons déjà créé 25 lits supplémentaires mais nous ne pouvons pas faire plus. Nous manquons aussi de personnel qualifié pour les soins intensifs. Nous avons formé des infirmières de bloc en urgence mais nous ne pouvons pas faire plus. Sur le terrain, nous ne voyons pas encore l’accalmie que voit le SPF santé publique au niveau national. Nous espérons qu’il va arriver dans quelques jours et que nous aurons une diminution du nombre de patients.”
Des stocks de matériel qui s’amenuisent
Dans tous les hôpitaux, les gestionnaires ont les yeux braqués sur les stocks de masques, de gants et surtout de sur-blouses. A la clinique Saint-Jean, certains membres du personnel se sont mis à la couture et fabriquent des sur-blouses réutilisables. Le gel hydroalcoolique est aussi fabriqué sur place.
Au Chirec, le stock est très maigre même si on a reçu des masques “mais pas assez de FFP2, ajoute Benoît Debande. Notre réserve de sur-blouses est aussi au plus bas et surtout, il y a un marché parallèle qui se développe. Une sur-blouse coûte en temps normal 25 centimes pièce. Aujourd’hui, on en trouve à 3 voire 4 euros l’unité. Des intermédiaires spéculent sur le matériel comme ils le feraient avec n’importe quelle marchandise. Pendant que notre personnel soignant se bat et se met en danger, d’autres en profitent pour s’enrichir. C’est très choquant. Et je ne vous parle pas des certificats. Ce matériel est-il aux normes? Le pire serait de le croire et qu’en réalité notre personnel ne soit pas protégé. Leur sécurité reste notre priorité.”
Vanessa Lhuillier – Photo: BX1