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Géothermie, zones de protection, espaces verts… : deux députés plaident pour une meilleure gestion du sous-sol bruxellois

Il n’existe pas dans la capitale de cadastre exhaustif du sous-sol. Les députés MR Gaëtan Van Goidsenhoven et Anne-Charlotte d’Ursel ont déposé une proposition de résolution au Parlement bruxellois afin de demander sa réalisation et d’avoir une réflexion urbanistique sur l’utilisation des espaces souterrains.

C’est une proposition qui a le mérite de surprendre. À l’heure où on parle principalement de la création d’espaces de loisirs sur les toits de la capitale comme le Solar Rooftop de Bozar, Gaëtan Van Goidsenhoven et Anne-Charlotte d’Ursel creusent dans le sens inverse. Ils demandent une meilleure utilisation du sous-sol bruxellois afin de gagner de l’espace et de préserver les réserves foncières.

“Nous constatons que nous sommes dans l’ignorance de ce qui se trouve sous terre”, explique Gaëtan Van Goidsenhoven. “Personne ne s’intéresse à l’utilisation des sous-sols et nous n’avons pas de cartographie correcte. Chaque administration dispose de ses plans et encore. Il faut souvent creuser pour savoir réellement ce qui se trouve en dessous, que cela soit pour une conduite d’eau, de gaz ou un bassin.”

Pour le député MR, Bruxelles pourrait mieux utiliser son sous-sol, même s’il reconnaît que parfois, la composition géologique peut être un frein dans des zones sablonneuses ou marécageuses. “Mais cela n’a pas empêché de construire du métro dans des anciens marécages ! Seulement, comme on ne sait jamais ce qu’on va trouver, les architectes ou les investisseurs ne font pas de recherches à chaque fois. Nous nous privons de certaines possibilités alors que Bruxelles est limitée à ses 162 km².”

L’utilisation du sous-sol pour le député pourrait avoir plusieurs objectifs. Sans construire des galeries commerciales comme à Montréal, il serait possible d’imaginer des salles de sport, des lieux d’exposition comme ce qui a été fait sous la station de métro Bourse ou encore des zones de production de champignons. Des espaces logistiques pourraient aussi voir le jour. “Cela permettrait de conserver en surface des réserves foncières sur lesquelles on pourrait préserver la nature. Et il faudrait aussi déterminer à quels endroits on pourrait remettre des arbres à hautes tiges pour éviter les places minéralisées de De Brouckère ou Flagey.”

Des espaces non exploités

La proposition relève une série d’espaces qui appartiennent à Bruxelles Mobilité et qui ne sont pas exploités. Fut un temps, Pascal Smet (one.brussels) avait notamment le projet de créer une boîte de nuit à la station de métro Louise. Ces projets sont plus qu’enterrés aujourd’hui. “Ce sont des espaces techniques qui ne peuvent pas être transformés si facilement”, explique Camille Thiry, porte-parole de Bruxelles Mobilité. “Concernant le cadastre, nous avons les plans pour nos infrastructures pour bien les gérer. Et pour le tunnel Annie Cordy, par exemple, nous avons utilisé la technique du mapping 3D qui nous permet de connaître l’emplacement technique de chaque élément. Nous allons d’ailleurs le faire pour d’autres ouvrages.”

La Ville de Bruxelles a également fait une étude de son sous-sol dans les quartiers européens et de Laeken afin de voir s’il était possible de végétaliser certains lieux. Coût : 281 000 euros. “Cela serait une bonne idée de mutualiser cela à l’échelle régionale et que Perspective.brussels pilote tout cela. On aurait une vraie réflexion et de la planification”, ajoute le député.

Des possibilités géothermiques et de protection de l’environnement

Si à New York on pensait créer un véritable parc urbain en sous-sol, ce n’est évidemment pas ce qu’imagine les Bruxellois. D’ailleurs, le projet new-yorkais a finalement été abandonné faute de budget.“La complexité du sous-sol est un argument pauvre. Pascal Smet rêve d’une grande ville moderne, mais cela peut passer par les espaces souterrains. Il suffit juste de réfléchir.” Et d’y mettre les moyens financiers, car bien souvent, creuser dans la terre est aussi une manière de creuser dans le budget.

Le député pointe certaines utilisations comme la géothermie ou encore l’hydrogéologie. Pour lui, la première chose à faire est ce cadastre. Du côté du cabinet du secrétaire d’État à l’Urbanisme, Pascal Smet, cela n’est pas une priorité aujourd’hui. Cependant, la proposition de résolution ayant été prise en considération par le parlement bruxelloise sera discutée dans les mois qui viennent en commission.

“Nous devons conserver des îlots de fraîcheur et pouvoir replanter en pleine terre fait partie de la solution, d’où le cadastre pour une meilleure utilisation des ressources.”

Vanessa Lhuillier – Photo : Belga