Comment se dérouleront les examens du supérieur ? Face au Covid-19, le présentiel et la quarantaine posent question
Dans le supérieur, les examens approchent. La session s’étendra du 4 au 23 janvier à l’université. Une session à nulle autre pareille, en raison du contexte sanitaire, qui impose une logistique complexe, et suscite bien des questions, notamment sur la gestion des quarantaines. Et pour les étudiants, la période de blocus se révèle bien plus stressante encore que d’habitude.
Cette session d’examens est sans doute l’une des plus complexes que les universités aient eu à organiser. À l’UCLouvain, 50 % des examens seront organisés en présentiel, 30 % à distance et 20 % en évaluation continue (c’est-à-dire des évaluations hors session). La plus grande partie des épreuves se feront donc en présentiel. Et à cet égard, des étudiants ont manifesté leur inquiétude. « La question est de savoir si le choix respectera la sécurité sanitaire. Le présentiel ne présente-t-il pas un risque pour les étudiants ? Est-il raisonnable compte tenu de la situation sanitaire aujourd’hui de faire déplacer plusieurs centaines de jeunes vers les campus et de les rassembler dans des auditoires ? Les étudiants ne sont pas rassurés », explique Chems Mabrouk présidente de la FEF, la Fédération des Étudiant.e.s Francophones.
« Paradoxal », commente Isabelle Decoster, chargée de communication à l’UCLouvain. « Au mois de juin dernier, c’était l’inverse, les étudiants critiquaient le fait que les examens étaient organisés à distance. » Mais tout a été prévu pour assurer la sécurité de toutes et tous, poursuit-elle : « Les examens sont organisés de telle manière qu’il n’y ait jamais plus de 10 % des étudiants présents en même temps sur le site. » Les journées ont été divisées en quatre tranches horaires, chacune séparée par une heure de désinfection des locaux, permettant ainsi aux étudiants des diverses sessions de ne pas se croiser. Concrètement, pour un seul examen, plusieurs auditoires sont réservés, pour assurer la distance d’1,50 mètre entre chaque personne. « Pour les grandes cohortes, la quasi totalité des auditoires a été réservée pour un seul examen ! »
La proportion est sensiblement différente à l’ULB. Tous les oraux s’y tiendront à distance, ainsi que tous les écrits des 3e Bachelier et des Masters. En somme, 70 % des examens auront lieu à distance et 30 % en présentiel, soit 190 examens, sur quatre sites, indique Valérie Bombaerts au service de presse de l’ULB. Là aussi, dans le respect absolu des consignes de sécurité, assure l’établissement. Une limite a été fixée à 200 personnes maximum par auditoire, le port du masque est évidemment obligatoire, le respect des distances et la désinfection assurés, etc.
► Revoir notre reportage : Les examens en présentiel de janvier interrogent les étudiants et professeurs du supérieur (vidéo)
En cas de quarantaine : report à la case seconde session ?
Reste qu’au vu la situation sanitaire, on peut craindre que le nombre d’étudiants malades ou en incapacité de se présenter à l’examen soit plus important que d’habitude. Beaucoup craignent notamment les conséquences d’une mise en quarantaine, qu’ils soient symptomatiques ou non. Dans ce cas, qu’est-il prévu ? Chaque établissement applique ses propres règles.
À l’UCLouvain, le règlement prévoit que si un étudiant est malade, il doit communiquer un certificat médical, prévenir le président du jury d’examen et l’évaluation est reportée en août. Soit directement en seconde session. « Mais nous demandons toujours qu’une solution alternative soit proposée pour éviter le report au mois d’août. », précise Isabelle Decoster.
Qu’en sera-t-il cette fois, alors que les certificats de quarantaine pourraient bien se multiplier ? La question ne se pose pas pour les BA1, puisque le décret Paysage prévoit en ce qui les concerne qu’en cas d’absence à la session de janvier pour raison de santé, l’étudiant peut repasser son examen en juin et ainsi s’assurer une possibilité de seconde session. Mais pour les autres, « il a été demandé aux présidents de jury de faire preuve de plus grande souplesse pour favoriser au maximum les reports d’examen en session, mais cela se fera au cas par cas, on ne peut pas décider d’une règle unique car les situations varient », assure Isabelle Decoster, qui indique aussi que l’une des possibilités soumises aux présidents de jury est la prolongation de la session de janvier, afin de donner plus de chance aux reports d’examen en session.
Mais en cas d’impossibilité, l’examen devra être repassé en août. « Autrement dit, l’étudiant n’a plus qu’une seule chance de le réussir. S’il échoue, il n’a pas de possibilité de repêchage en seconde session », dénonce Chems Mabrouk, qui déplore aussi le fait que les décisions se prennent au cas par cas au sein de chaque université. « Cela crée une inégalité de traitement entre les étudiants. Nous demandons une uniformatisation de la situation. À la ministre de trancher », estime Chems Mabrouk.
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ULB, UCLouvain : des modalités variables
Au cabinet de la ministre de l’Enseignement supérieur Valérie Glatigny (MR), on nous confirme que l’organisation des examens est bien de la compétence des établissements. Le décret Paysage prévoit l’obligation pour les établissements de fixer les modalités d’examen et le traitement des absences pour maladie. Nous nous sommes cette année posé la question de la problématique des quarantaines, mais « nous ne pouvons pas introduire de distinction entre un certificat classique et un certificat de quarantaine, ce ne serait pas juste », répond Sandrine Lonnoy, porte-parole de la ministre.
Chaque établissement établit donc ses règles. Et celles décidées par l’ULB diffèrent de celles de sa consœur louvaniste. Pour les étudiants en quarantaine ou malade (de la COVID ou non) tenus de rester chez eux, l’université prévoit la possibilité de repasser l’examen ultérieurement, dans les semaines qui suivront la date initiale. « S’ils sont moins de 20 sous certificat, l’examen à repasser sera oral. S’ils sont plus de 20, l’examen sera écrit. L’objectif étant, comme le souligne la vice-rectrice à l’Enseignement, Nadine Postiaux, que tout étudiant contraint à une quarantaine ait les mêmes chances que les autres. Ils ne seront donc pas renvoyés directement en seconde session », détaille Valérie Bombaerts.
Quoiqu’il en soit, voilà en tout cas de quoi alourdir encore le climat d’incertitude et de stress dans lequel se trouvent les étudiants en blocus.
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S.R. (Photo : Belga/Ophélie Delarouzée)