Les finances communales ont souffert face à la crise du Covid-19 : “Il faudra une aide du fédéral et de la Région”

Masques Distribution Schaerbeek - Belga Nicolas Maeterlinck

La banque Belfius se penche régulièrement sur les finances communales. Elle propose ce jeudi une étude qui analyse l’impact direct de la crise du Covid-19 sur les deniers locaux.

Les communes ont été en première ligne face à la crise sanitaire du coronavirus pour répondre aux besoins des citoyens. Avec des investissements considérables. Le confinement et les règles sanitaires leur ont permis aussi de faire quelques économies. Mais, à moyen terme, les pouvoirs locaux vont devoir faire face à l’augmentation de l’aide sociale. Certains projets devront être reportés, voire carrément annulés. La Ville de Bruxelles et la commune de Saint-Josse évoquent cet avenir qui s’annonce compliqué.

Des dépenses considérables pour le matériel sanitaire

Dès le début de la crise, les communes ont notamment dû débloquer des budgets importants. “Ce sont des investissements que nous chiffrons à 1,8 million d’euros”, explique Emir Kir, bourgmestre de Saint-Josse. ”Pour l’achat de matériel de protection, masques, gel hydroalcoolique, et d’équipement, comme les plexiglas, mais aussi pour aider les plus démunis, via le CPAS notamment, et pour soutenir les commerçants.” 

À la Ville de Bruxelles, ces dépenses “Covid” se chiffrent à 3,3 millions d’euros. “Il s’agit de l’achat de matériel sanitaire : masques, gel, blouses, etc.”, précise Leïla Kabachi, cheffe de cabinet du bourgmestre de la Ville de Bruxelles, Philippe Close (PS).

Activités annulées, bâtiments fermés…

L’étude de Belfius évoque aussi les diminutions de dépenses qu’ont pu faire les communes suite au chômage technique, à l’arrêt de certaines activités ou encore à la fermeture de certains bâtiments.

Nous avons effectivement diminué nos dépenses de 3,5 millions d’euros suite à la mise au chômage économique d’une partie du personnel de la Ville. Notamment, dans un premier temps, le personnel qui nettoie les écoles ou s’occupe des garderies”, précise Leïla Kabachi pour la Ville de Bruxelles. “Par contre, nous n’avons jamais fermé nos bâtiments. Les services essentiels ont continué : balayeurs de rues, guichetiers, etc.

Même constat, à Saint-Josse, où l’on a réalisé très peu d’économies. “Nous n’avons mis personne au chômage technique. C’est un choix politique sur le plan social que nous avons fait. Nous avons demandé au personnel, de travailler sur base volontaire. Et nous n’avons eu que des réponses positives”, nous dit Emir Kir.

Perte importante de recettes

À tout cela, Belfius ajoute la perte potentielle de recettes pour les communes. Toute une série de taxes n’ont pas été prélevées. À la Ville de Bruxelles, cette perte de recettes s’élève à 13,5 millions d’euros. “À la Ville de Bruxelles, ce sont les taxes aux commerçants qui n’ont pas été perçues mais aussi les redevances liées aux marchés, aux kermesses, aux horodateurs, aux incivilités”, précise Leïla Kabachi. Entre les dépenses, les économies et les pertes de recettes, “le déficit budgétaire se chiffre actuellement à 13,3 millions d’euros”, ajoute Leïla Kabachi.

Le budget 2020 moyen des communes bruxelloises était en légère baisse (voir l’infographie-ci-dessous). En faisant le calcul entre les dépenses et les recettes, le déficit moyen se chiffre à 50 millions d’euros, et jusqu’à 100 millions d’euros pour le scénario le plus sombre.

Infographie Finances communales - Communes bruxelloises - Belfius

Soutien financiers et aide sociale

La commune de Saint-Josse, à très forte densité de population, fait face à une paupérisation importante de ses habitants. “Lorsque la crise a commencé, nous avons toute de suite réagi en rendant plus facile l’accès à l’aide sociale au CPAS. On note l’augmentation du nombre de personnes qui émargent au CPAS ou qui bénéficient d’une aide sociale exceptionnelle.

Hors budget de la Ville de Bruxelles, un effort est à noter du côté de la régie foncière de la Ville face aux locataires et commerçants locataires, même chose du côté du CPAS. “Un soutien qui s’élève à environ 3 millions d’euros”, explique Leïla Kabachi. La cheffe de cabinet de Philippe Close note aussi la perte du chiffre d’affaires des hôpitaux de la Ville qui atteindra plusieurs millions d’euros. “Cela pourrait avoir un impact sur les finances de Bruxelles, nous sommes garants de leur déficit. Le collège a d’ailleurs décidé de débloquer 20 millions d’euros pour les hôpitaux.

Appel au Fédéral et à la Région

Je voudrais rappeler que sans les communes, l’État n’aurait pas pu apporter une réponse aussi forte à cette crise”, conclut Emir Kir, pour Saint-Josse. “Côté fédéral, côté régional, il faudra une aide exceptionnelle au regard de l’effort de chacun.” “Les communes ne peuvent pas être seules à assumer tout ça, en étant en première ligne”, ajoute Leïla Kabachi.

La situation aura-t-elle un impact sur les investissements futurs, comme le craint Belfius ? Ce n’est pas à l’ordre du jour, pour l’instant à la Ville de Bruxelles. “Pour nous, les investissements publics sont le premier moteur de relance économique”, explique Leïla Kabachi. “La situation est sérieuse aujourd’hui à Saint-Josse, tout dépend de ce qu’il va se passer dans les semaines et les mois qui viennent”, ajoute Emir Kir. “Nous allons en tout cas pérenniser certaines aides, comme l’aide alimentaire et l’aide aux sans-abri. Nous allons avoir besoin de soutien.”

Valérie Leclercq – Photo : Belga/Nicolas Maeterlinck – Graphique : Belfius