“Les dernières données montrent que la vaccination est efficace et nous protège”

L’efficacité des vaccins semble confirmée par les dernières données disponibles. Certes, la vaccination n’empêche pas la circulation du virus, surtout si tout le monde n’est pas vacciné, mais elle diminue fortement les risques d’infection et surtout de développer une forme grave de la maladie.

Les dernières études sur l’efficacité des vaccins sont très encourageantes, se réjouit Muriel Moser, immunologue à l’ULB. Et l’optimisme de l’experte n’est en rien modéré par une information venue des États-Unis ce jeudi, selon laquelle un travailleur non vacciné d’une maison de repos serait à l’origine de la propagation d’un variant du virus parmi les résidents, vaccinés, eux, dans leur grande majorité. « Bien au contraire », commente la spécialiste en immunobiologie, « dans ce cas précis, les chiffres prouvent la remarquable efficacité de la vaccination chez les résidents. » Après analyse, il ressort que le vaccin a permis, dans cette résidence, une protection à 66% contre l’infection, à 86% contre le développement de symptômes et à 94% contre l’hospitalisation et la mort.

Personnes vaccinées protégées

94% des résidents (soit 71 individus, contre 8 non vaccinés) étaient pleinement vaccinés mais seulement la moitié du personnel soignant (56 individus sur 110). « Si une partie des individus n’est pas vaccinée, l’important est que le vaccin protège les personnes vaccinées, ce qui a été le cas ici », analyse Muriel Moser.

Les données de ce cas américain montrent que : sur les 71 résidents vaccinés, 18 ont été contaminés, dont 6 ont développé des symptômes. Sur ces 6 cas, 2 ont dû être hospitalisés, dont un est décédé. Sur les 8 résidents non vaccinés, 6 ont été infectés, dont 5 ont développés des symptômes. Parmi eux, 4 ont été hospitalisés, deux d’entre eux sont morts. « Cela démontre donc que la vaccination a fonctionné », constate Muriel Moser.

Dans le personnel, sur les 56 vaccinés, 4 ont été contaminés, dont deux ont développé une forme symptomatique de la maladie. Du côté des 54 non vaccinés, 16 ont développé l’infection dont 15 avec symptômes.

« J’en conclus deux choses : d’abord, ce cas démontre que la vaccination a fonctionné ! Il indique aussi que le vaccin n’empêche pas une personne de s’infecter, surtout chez les personnes âgées, plus fragiles sur le plan immunitaire, mais il réduit le risque de développer des symptômes graves, les hospitalisations et les décès ».

La vie avec le virus

Cela ressemble à la situation que nous connaissons en Belgique, et à Bruxelles, poursuit Yves Van Laethem, le porte-parole Covid-19 et membre du groupe d’experts du Gems. Il y a eu des cas de résidents vaccinés infectés par un membre du personnel non vacciné, mais sans développer la maladie, ou en tout cas pas dans des formes graves, explique-t-il. « Ce sera la réalité de la vie avec le virus. Ces expériences montrent que le virus peut continuer à circuler malgré tout. Mais ce qui est important c’est que la vaccination permet d’éviter des hécatombes », résume-t-il. « La vaccination est efficace car elle nous protège ! »

Les chiffres de la COCOM indiquent qu’en moyenne, plus de 90% des résidents des maisons de repos sont vaccinés à Bruxelles. Parmi le personnel, cela reste plus difficile : le taux de vaccination tourne autour de 53 %, rapporte Inge Neven, la directrice du service d’hygiène.

Et on constate qu’il y a très peu de malades parmi les vaccinés, ajoute-t-elle : « On a encore des gens infectés, c’est-à-dire testés positifs, bien que vaccinés, mais qui ne développent pas de symptômes, et ne sont pas malades. » Et le nombre de personnes hospitalisées en provenance des maisons de repos est très faible : seuls 2% des hospitalisés viennent de résidences pour personnes âgées. Autre donnée intéressante : parmi les personnes hospitalisées actuellement, trois seulement étaient vaccinées. Elles n’avaient reçu que leur première dose, et ont été contaminées une semaine maximum après l’avoir reçue. Enfin, concernant les décès : parmi les plus de 65 ans, très peu viennent de maisons de repos.

Bruvax, la plate-forme bruxelloise d’inscription à la vaccination, est lancée (vidéo)

Des chiffres encourageants en Israël

Les données analysées en Israël, le pays qui a le plus haut taux de vaccination (80% des plus de 16 ans), sont très encourageantes.

Deux à quatre semaines après l’administration de la première dose, les individus sont protégés à 46% contre une infection. Pour ceux qui sont malgré tout infectés, la première injection réduit de 57% le risque de développer une forme symptomatique de la maladie, de 62% une forme sévère et de 74% une hospitalisation.

Après l’administration de la deuxième dose, le vaccin réduit de 92 % les chances d’être infectés, et pour ceux qui sont malgré tout contaminés, il réduit de 92% les risques de développer une forme sévère et de 87% les risques d’une hospitalisation.

Yves Van Laethem complète : la question de la durée de la protection n’est toujours pas tranchée. « Nous attendons le résultat des études en cours. »

Et les variants ?

Le vaccin protège bien contre le variant britannique (le B117), le plus répandu chez nous. La présence des mutants brésiliens et sud-africains ne dépasse pas les 5% et n’augmente pas pour l’instant. Mais on ne sait pas encore si les vaccins utilisés aujourd’hui seront suffisamment efficaces pour les contrer. Yves Van Laethem précise : « On espère en tout cas que l’immunité cellulaire, développée par la vaccination, permettra d’éviter les formes sévères de la maladie », mais les risques resteront plus élevés pour les personnes fragiles et immunodéprimées. Muriel Moser ajoute : un vaccin développé par Moderna pour résister au variant sud-africain est en phase d’étude clinique.

Les centres de vaccination ouverts en Région bruxelloise (carte)

Le retour à la vie “normale” ? 

La vaccination ne va pas interrompre complètement la transmission du virus, rappelle Yves Van Laethem. Elle la diminue en réduisant le nombre de personnes malades, mais sans la supprimer. « Des personnes vaccinées peuvent être porteuses et transmettre le virus, tout comme des personnes qui ont développé la maladie. » Vu le taux de couverture vaccinale chez nous, il est beaucoup trop tôt pour « tomber le masque » et assouplir les gestes barrière et les mesures contre le Covid-19. Selon les derniers chiffres publiés par Sciensano, à Bruxelles, 21% des plus de 18 ans ont reçu leur première dose et 5,6% la deuxième injection. Yves Van Laethem assure : on devrait tourner  autour des 70-80% de vaccinés d’ici la fin de l’été.

Découvrez les statistiques quotidiennes de l’état de l’épidémie de Covid-19 en Région bruxelloise (infographie)

Un groupe dédié, le GEMS +, chapeauté par l’infectiologue Erika Vlieghe, travaille précisément sur ces questions. Il étudie de près toutes les données disponibles dans la perspective d’un assouplissement des mesures et réfléchit à la manière dont nos vies quotidiennes vont s’adapter à la vie avec le virus, dans le cadre d’une bonne couverture vaccinale. « Quand toutes les personnes à risque seront vaccinées, on pourra commencer à tomber le masque. Pour l’instant, la balance est encore défavorable, mais il faudra un jour pouvoir vivre avec ce virus et en accepter les risques », pour autant que ce risque soit maîtrisé.

S.R. – Photo : Belga/Benoît Doppagne

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23 avril 2021 - 07h00
Modifié le 23 avril 2021 - 15h53