Le plan de relance du gouvernement bruxellois à la loupe : “Nous nous demandons qui va payer”

Le gouvernement bruxellois a présenté ce mardi un plan de relance et de redéploiement économique et social pour faire face à l’après-crise du coronavirus. Un plan qui n’a pas convaincu toutes les parties.

Sven Gatz (Open VLD), ministre bruxellois des Finances et du Budget, confirme que ce plan de relance reste “d’urgence”, avant les préparations d’un nouveau budget pluriannuel à la rentrée. “Il est difficile de dire aujourd’hui combien de temps durera encore cette crise du coronavirus, voire cette crise économique qui n’a peut-être pas tout à fait démarré”, explique encore le ministre.

Il précise les mesures sociales proposées dans ce plan : “Les familles les plus vulnérables toucheront une prime de 100 euros d’ici septembre ou octobre. Cela concerne près de deux tiers des enfants bruxellois et devrait coûter autour de 20 millions d’euros. Nous allons tout faire pour que ces mesures passent au plus vite devant le Parlement bruxellois vu que les pouvoirs spéciaux sont désormais terminés”. “La plupart des mesures devraient être en œuvre à l’automne”, confirme encore le ministre.

Mais comment faire face aux recettes perdues suite à la crise sanitaire et à un budget serré ? “Pour les mesures de soutien accordées depuis le début de la crise, nous espérons que l’enveloppe prévue de 460 millions d’euros puisse redescendre à 400 millions, car toutes les primes n’ont pas été demandées”, explique Sven Gatz. “Je reste toutefois confiant que la dette ne sera pas lourdement touchée”. Il indique toutefois que des mesures évoquées dans la déclaration de politique générale du gouvernement bruxellois, en 2019, pourraient être rediscutées, comme la gratuité des transports en commun pour les jeunes et les aînés.

De Smedt : “Le gouvernement reporte les problèmes”

Pour sa part, la cheffe de groupe PTB au Parlement bruxellois Françoise De Smedt rappelle que la crise a “lourdement creusé les inégalités à Bruxelles”. “On entend désormais Rudi Vervoort dire que les 500 millions d’euros d’aides proposés depuis le début de la crise vont être payés par les Bruxellois”, affirme-t-elle. “On reporte les problèmes et on va encore creuser les inégalités à l’avenir”, dit-elle.

“Nous nous demandons qui va payer ses mesures. Il y a plusieurs leviers qui peuvent être activés pour que les grandes fortunes participent à aider la population. Sinon, ces payements vont être reportés sur les familles plus tard”, clame Françoise De Smedt. Elle propose notamment l’encadrement des loyers en Région bruxelloise, ou une obligation de construction d’une part de logements sociaux auprès des promoteurs immobiliers en charge de grands projets urbanistiques dans la capitale.

“Le gouvernement utilise les mêmes recettes qu’avant la crise du coronavirus”, estime la députée bruxelloise. Elle précise que le PTB souhaite un débat plus large au Parlement bruxellois, notamment autour des propositions de l’opposition pour la relance post-Covid-19, “car aujourd’hui, nous ne sommes pas écoutés”.

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