Fraude aux aides “Covid” : les abus pourraient être bien plus nombreux

Le juge d’instruction a placé neuf personnes sous mandat d’arrêt dans le cadre de l’enquête du parquet fédéral pour de nombreuses fraudes dans la procédure facilitée d’octroi d’allocations de chômage, en raison de la pandémie de Covid-19. Une affaire qui en cacherait d’autres, selon le collecteur de données des entreprises Graydon.

Ces neuf personnes sous mandat d’arrêt sont suspectées de blanchiment d’argent, de faux et d’usage de faux, mais aussi d’appartenance à une organisation criminelle. Parmi les autres personnes interpellées mardi dans cette enquête, une personne a été libérée après audition et quinze autres comparaîtront mercredi devant le juge d’instruction, a indiqué le parquet fédéral mercredi.

Des enquêteurs de la police judiciaire fédérale de Bruxelles et de Charleroi, assistés des services de l’ONSS et de l’Onem, avaient perquisitionné 30 adresses dans la région bruxelloise et la province du Hainaut mardi, et ont interpellé 25 personnes. Les suspects auraient réclamé et reçu à tort des allocations de chômage en usurpant l’identité de centaines de personnes, dans ce contexte de crise sanitaire où de nombreux employés, à l’arrêt forcé, ont pu bénéficier d’un accès rapide au chômage temporaire. Le préjudice pour l’Etat est actuellement estimé à deux millions d’euros.

Et selon le groupe Graydon, 10 à 15% des aides perçues suite à la crise sanitaire ont fait l’objet d’abus, soit un préjudice de plusieurs centaines de millions d’euros. Le parquet fédéral, pour sa part, se refuse à confirmer ce chiffre. En Région bruxelloise, une dizaine de fraudes ont jusqu’ici été comptées.

■ Reportage d’Arnaud Bruckner, Marjorie Fellinger et Pierre Delmée.