Procès de l’attentat du Musée juif : l’avocate du CCOJB affirme que Nemmouche a été missionné par Abaaoud

Les plaidoiries des parties civiles dans le cadre du procès de l’attentat du Musée juif de Belgique se sont poursuivies ce mercredi, avec les défenses d’Emanuel et Miriam Riva, tués lors de la fusillade, d’une survivante de la tuerie, du Musée juif, du CCOJB et de l’association française des victimes de terrorisme.

Quatre plaidoiries ont déjà été entendues ces lundi et mardi à la cour d’assises de Bruxelles. La défense de la famille d’Emanuel et Miriam Riva a débuté l’audience de ce mercredi en terminant sa plaidoirie. Me Bodson affirme que “tous les éléments dans ce dossier permettent de condamner sereinement Mehdi Nemmouche”. “C’est lui et personne d’autre qui tenait les armes et qui a froidement, durement abattu quatre personnes. Ni les époux Riva, ni Alexandre Strens, ni Dominique Sabrier ne sont des agents secrets. (…) Mehdi Nemmouche a fait preuve d’une incroyable lâcheté depuis le 24 mai 2014”, affirme l’avocat, qui lance pour conclure : “Il a sali la mémoire des victimes, il a confisqué leur deuil”.

Le résumé de la plaidoirie de Me Koning, avocat de la famille de Dominique Sabrier : “Un accusé de faits d’une telle gravité a le devoir de s’exprimer”

La matinée s’est poursuivie avec la plaidoirie de Me Lurquin, l’avocat de Clara Billeke Villalobos, une septuagénaire présente dans les toilettes du Musée juif au moment de la fusillade. Ce dernier a rappelé qu’elle s’était portée partie civile “pour dire ce qui s’était passé, parce qu’elle était là”. “Certains auraient voulu que madame ne vienne pas, mais elle avait ce devoir de mémoire et de justice”, dit l’avocat. Il s’est notamment étonné du silence de Mehdi Nemmouche et sur le voyage en Syrie de l’accusé. “Il n’a pas montré le moindre geste de compassion, le moindre mot de tristesse, de chagrin. On peut tout dire mais ne pas dire ça, c’est une signature de culpabilité”, a-t-il notamment asséné à l’accusé.

“S’en prendre à notre mode de vie”

C’est ensuite la défense du Musée juif de Belgique qui a pris la parole. “On a parfois essayé de vous faire oublier la réalité en parlant de ‘pseudo attentat’ ou d’assassinats ciblés”, a déclaré au jury le conseil Me Nardone. “Il n’y aurait aucune logique à toucher le Musée juif alors qu’une synagogue se situe à proximité et qu’un festival de jazz se déroulait non loin, prétend la défense”, a-t-il rappelé. Or, le choix d’attaquer le Musée juif est finalement plutôt “évident”. L’institution culturelle n’a pas été “prise pour cible au hasard”. L’acte antisémite est indéniable, mais “ce serait une erreur de penser que l’attentat n’attaque que la communauté juive”, a prévenu Me Nardone. La tuerie a permis de s’attaquer à un “lieu culturel, d’éducation, de tolérance et de rapprochement entre les peuples”, a-t-il souligné. “S’en prendre au Musée juif, c’est s’en prendre à chacun d’entre nous, à notre mode de vie.”

Me Masset pour sa part, a conseillé aux jurés de faire un tableau avec deux colonnes, afin de comparer les arguments de l’accusation et ceux de la défense, “à l’image de la balance de la justice”. Pour le conseil, un “torrent de preuves” accable l’accusé. “Ce n’est pas une rivière ou un ru, ce n’est pas quelque chose qu’on enjambe par un petit exercice de gymnastique”, a-t-il martelé.

Le site du Musée juif visité depuis la Syrie

La parole a ensuite été donnée à la défense du CCOJB. Me Hirsch a ainsi affirmé que le 16 janvier 2014, Abdelhamid Abaaoud a appelé Mehdi Nemmouche de Belgique, alors que ce dernier est en Syrie, pour lui confier la mission de commettre un attentat au Musée juif. Dans les jours qui suivent, le site du musée a été visité à plusieurs reprises depuis la Syrie, affirme l’avocate. “Qui d’autre que M. Nemmouche pouvait consulter le site depuis la Syrie, depuis la guerre, en janvier 2014 ?”, s’est-elle interrogée.

L’accusé aurait également déclaré en parlant des enquêteurs: “tant qu’ils ne démantèlent pas la filière, tout ira bien”, ce qui renforce Me Hirsch dans sa thèse selon laquelle Mehdi Nemmouche avait été “missionné” par l’EI en la personne d’Abdelhamid Abaaoud et qu’il faisait bien partie de la filière responsable des attentats de Paris et de Bruxelles. Celle-ci a évoqué les fichiers audio enregistrés par Najim Laachraoui, retrouvés sur un ordinateur dans le cadre de l’enquête sur les attentats de Bruxelles. Najim Laachraoui y évoque l’idée de kidnapper des personnalités pour “obtenir la libération des frères qui ont travaillé”, citant Mehdi Nemmouche et Mohamed Bakkali. Me Hirsch a également rappelé que des enquêteurs avaient entendu, à la prison de Bruges, le 22 mars 2016, Mehdi Nemmouche commenter ce qu’il était en train de voir à la télévision concernant les attentats de Bruxelles. Il adressait ses commentaires à Salah Abdeslam, qui se trouvait quelques cellules plus loin, citant les surnoms des kamikazes et des suspects.

“Et s’il avait parlé avant les attentats ?”

Pour la pénaliste, cet élément achève de prouver cette thèse d’appartenance de Mehdi Nemmouche à une filière terroriste. Il faisait “indubitablement partie de la même bande de tueurs” que les auteurs des attentats de Paris et de Bruxelles, selon elle. “Il les connaît depuis la Syrie. Il a vécu avec eux là-bas. Sans doute sont-ils restés en contact entre 2014 et 2016”, a supputé l’avocate. “Et si Mehdi Nemmouche avait parlé en 2014?”, s’est-elle encore interrogée, à l’instar de Me Vincent Lurquin, un autre avocat des parties civiles. “Et s’il avait parlé de Laachraoui, comme d’un artificier, et d’Abaaoud, comme d’un commanditaire?” L’attentat au Musée juif de Belgique, “un acte antisémite, était un précurseur des attentats de Paris et de Bruxelles”, a-t-elle conclu.

UNIA doit encore présenter sa plaidoirie, avant le réquisitoire du ministère public, lundi et mardi prochains, puis les défenses de Mehdi Nemmouche et Nacer Bendrer, jeudi et vendredi prochains.

Découvrez notre dossier complet sur le procès de l’attentat du Musée juif.

Mehdi Nemmouche et Nacer Bendrer, deux Français âgés de 33 et 30 ans, sont actuellement jugés devant la cour d’assises de Bruxelles, accusés d’être auteur et co-auteur de l’attaque terroriste commise le 24 mai 2014 au Musée juif de Belgique, situé rue des Minimes à Bruxelles. L’attentat avait coûté la vie à quatre personnes: Emanuel et Miriam Riva, un couple de touristes israéliens, Dominique Sabrier et Alexandre Strens, deux membres du personnel du musée.

■ Duplex de Camille Tang Quynh et Charles Carpreau.

Revivez notre direct depuis le Palais de justice de Bruxelles

17h25 – Conclusion

Me Lys rappelle que “le Califat est en train de disparaître militairement”. Et il pointe que ce procès est un deuxième temps dans la disparition de l’État Islamique. “Vous allez permettre aux proches des victimes et à Bruxelles de se reconstruire”, conclut l’avocat.

Les plaidoiries du jour sont donc terminées. La dernière, celle de Me Marchand pour l’association UNIA, sera délivrée ce jeudi dès 10h30 à la cour d’assises de Bruxelles. En ce qui concerne notre direct, il reprendra mardi prochain à 9h00, avec le réquisitoire du ministère public.

17h23 – Défense “grotesque”

“Ce qui est grotesque, c’est cette ligne de défense”, lance Me Lys à l’encontre de la défense de Mehdi Nemmouche. “Cette posture de défense, c’est comme refrapper en plein visage ces victimes, qui attendent juste que justice soit faite”.

Me Lys affirme que la défense de Nacer Bendrer est plutôt “classique”, plutôt “celle de la dissimulation” vu que “Nacer Bendrer n’a pas été pris la main dans le sac”. Il demande donc que Nacer Bendrer soit “mis face à ses responsabilités”. “J’espère qu’il est sincère quand il dit qu’il condamne les attentats du 24 mai 2014 mais cela n’enlève rien sa responsabilité dans ces faits”, dit-il.

17h20 – Charlie Hebdo

L’avocat de l’AFVT met cette “revendication” en parallèle avec l’attentat de Charlie Hebdo, et rappelle que les frères Kouachi s’étaient revendiqués de Jabhat Al-Nosra alors que Koulibaly, qui s’était retranché dans l’Hyper Cacher, s’était revendiqué de l’État Islamique.

17h18 – Revendications

Me Lys parle ensuite de la radicalisation de Mehdi Nemmouche et affirme que la défense a attendu de nombreux témoignages avant de confirmer que Nemmouche est bien parti en Syrie et s’est radicalisé. “Nemmouche a épousé la thèse de l’État Islamique. Cela vous a été raconté longuement par les ex-otages français”, dit l’avocat de l’AFVT.

Il rappelle que les ex-otages ont reconnu la voix de Mehdi Nemmouche et celle des vidéos de revendications. “Car oui, il y a une revendication. Elle est faite par M. Nemmouche lui-même”, estime-t-il. “L’absence de communication de l’État Islamique ne veut pas dire qu’il n’y a pas de revendication. (…) En 2014, le Califat n’était pas encore installé. Et les canaux de communication traditionnels de l’EI n’ont pas été créés avant juillet 2014”, précise-t-il.

17h12 – Terroriste

Me Lys compte revenir principalement sur ce qui fait le caractère terroriste de cet acte. Il s’indigne notamment des mots “grotesque”, “pseudo-attentat” utilisés par la défense de Mehdi Nemmouche durant ce procès.

Le premier élément évoqué par Me Lys, c’est “le modus operandi” et “le moment et le lieu choisis”. “Il y avait une volonté claire de déstabiliser les élections organisés le lendemain”, explique l’avocat.

17h08 – “Une pierre à l’édifice”

On passe désormais à Me Lys, l’autre avocat de l’association française des victimes de terrorisme. “Toutes les parties civiles ont ici construit un édifice de la culpabilité de Mehdi Nemmouche. Je vais désormais apporter ma pierre à cet édifice”, explique-t-il. Il revient ensuite sur les quatre victimes de cette fusillade, Emanuel Riva, Miriam Riva, Alexandre Strens et Dominique Sabrier.

“Il n’y a plus de doute possible, la personne qui a tiré, elle se trouve derrière moi, c’est Mehdi Nemmouche. (…) Toutes les preuves, tous les éléments de ce dossier ne laissent plus aucune place à l’incertitude”, dit-il.

17h02 – Preuves

Me Psalti revient, une à une, sur les preuves évoquées sur l’acte d’accusation, notamment sur les empreintes de chaussures, les traces ADN sur les objets,…

L’avocate affirme également qu’il y a beaucoup de liens surprenants entre Nacer Bendrer et Mehdi Nemmouche. Elle confirme enfin que l’absence d’ADN sur les armes ou la porte de Musée juif ne sont pas une preuve que Mehdi Nemmouche n’était pas le tireur.

16h56 – “Complot”

Me Psalti s’indigne notamment de la couverture de certains propos de la défense de Mehdi Nemmouche, de ses théories, que ce soit dans la presse ou sur les réseaux sociaux. Et leurs propos concernant l’enquête qui aurait été “bâclée”. “Et pourtant, la défense n’a demandé la récusation de personne dans cette enquête”, ajoute l’avocate de l’AFVT.

Elle met en avant les affaires retrouvées sur Mehdi Nemmouche, et pointe le fait qu’il s’agit là de “preuves”.

16h52 – Dernière plaidoirie de la journée

On passe après cette pause à la plaidoirie de l’association française des victimes de terrorisme. Me Psalti, avocate, avoue que c’est la première fois qu’elle plaide en cour d’assises, devant un jury, et explique que ce procès “est difficile”, notamment car “les victimes passent pour des coupables”, et “des théories complotistes” ont été lancées.

16h29 – “S’il avait parlé…”

Me Hirsch se demande “si Mehdi Nemmouche avait parlé en mai 2014”, après son arrestation, et “s’il avait dit les projets en cours d’Abaaoud, Laachraoui…” “Et s’il avait parlé avant les attentats de Paris et de Bruxelles ?”, s’interroge l’avocate. “Cet acte antisémite au Musée juif est le précurseur des attentats terroristes qui vont suivre”.

Elle évoque encore “la haine qui résonne dans la voix de la défense de Mehdi Nemmouche”.

La plaidoirie de la défense du CCOJB se termine ici. On va passer après une pause de dix minutes à la défense de l’association française des victimes de terrorisme.

16h25 – “La même filière”

Me Hirsch rappelle encore l’épisode de la prison de Bruges, le 22 mars 2016. Mehdi Nemmouche a crié de joie et clamé à Salah Abdeslam, son voisin de cellule, qui sont les personnes impliquées dans cet attentat, alors que leurs noms n’étaient pas encore connus à l’époque.

Elle affirme que Mehdi Nemmouche “fait partie de la même bande de tueurs, de la même filière des attentats de Paris et des attentats de Bruxelles. Il les connaît depuis la Syrie. Il a vécu avec eux. Sans doute sont-ils restés en contact entre 2014 et 2016”.

16h17 – Contacts en Syrie

Me Hirsch revient ensuite sur l’attentat de Zaventem et les liens ténus entre Laachraoui et Nemmouche, via leurs contacts en Syrie. Elle affirme notamment qu’il y avait un code entre les terroristes et combattants djihadistes, que Nemmouche connaissait.

L’avocate du CCOJB ajoute que le groupe de djihadistes autour d’Abou Ahmed avait plusieurs projets pour mener d’autres attaques après mai 2014, dont le projet d’un kidnapping pour demander… la libération de Mehdi Nemmouche, et celle de Bakkali.

16h05 – “Filière”

Me Hirsch se pose désormais la question de savoir comment Mehdi Nemmouche savait qu’il allait y avoir d’autres attentats dans le futur, en Europe. Elle affirme que Mehdi Nemmouche a avoué, en prison, être l’auteur de la tuerie du Musée juif en lançant : “Il y a quatre Juifs de moins sur Terre, ils sont partis dans un cercueil en Israël” à un autre détenu, selon un témoignage d’un gardien de prison, rapporté dans le dossier. Elle ajoute que Nemmouche aurait aussi dit en prison : “Du moment qu’ils (les enquêteurs) ne démantèlent pas la filière”.

16h00 – L’audience reprend

La plaidoirie de Me Hirsch reprend après cette courte pause. Elle revient sur sa théorie selon laquelle Mehdi Nemmouche a bien été missionné depuis la Syrie pour mener cette attaque terroriste contre le Musée juif, et apporte des précisions au jury, pour vérifier les pièces du dossier.

15h33 – “Peur”

Me Hirsch affirme encore que Mehdi Nemmouche avait peur d’être repéré par les services de sécurité lors de son voyage en Asie avant de rentrer en Europe. Elle se base notamment sur des propos rapportés dans le dossier. L’avocate du CCOJB explique aussi que Mehdi Nemmouche allait notamment dans des casinos pour “tromper tout le monde”. Elle ajoute encore qu’un jour du séjour de Mehdi Nemmouche à Singapour, le site du Musée juif de Belgique est encore consulté… depuis Singapour justement.

Elle affirme encore que Mehdi Nemmouche “exécute l’attentat du Musée juif, pour lequel il a été missionné depuis plusieurs mois, le 24 mai 2014”.

La plaidoirie va se poursuivre, mais l’avocate demande une pause de quelques minutes.

15h23 – Nemmouche missionné par Abaaoud ?

Me Hirsch parle de Mehdi Nemmouche comme d’une personne d’une “extrême violence” et rappelle ses liens étroits en Syrie avec les terroristes des attentats de Paris et de Bruxelles. Elle évoque également un contact téléphonique, en janvier 2014, entre Abaaoud et Nemmouche. Elle affirme que lors de ce contact téléphonique, Abaaoud aurait missionné Nemmouche pour qu’il tue des gens au Musée juif. Elle explique que l’enquête montre que le site du Musée juif a été visité depuis la Turquie, le 16 janvier 2014. Le pays où se trouve Nemmouche à ce moment-là.

Elle explique que le site du Musée juif est encore visité depuis la Syrie en janvier et en février 2014. “Qui d’autre que Mehdi Nemmouche, en janvier 2014, depuis la Syrie, peut interroger le site du Musée juif ?”, dit-elle.

15h11 – “Sadique”

Me Hirsch reparle de la Syrie et explique notamment, via les propos d’un ex-otage britannique, que Mehdi Nemmouche était qualifié de “sadique”, par rapport à d’autres geôliers. Elle revient également sur les témoignages des ex-otages français et parle “d’un tournant dans ce procès” suite à leurs réponses aux questions de la cour. “C’est terrible de raconter. Car raconter, c’est revivre”, analyse l’avocate pour saluer leur courage. “Ils ont rappelé que Mehdi Nemmouche était très violent et frappait les otages, les yeux bandés”, rappelle Me Hirsch.

15h02 – Attentats

Me Hirsch se pose la question de la localisation de l’attentat : “Pourquoi Bruxelles ?”, demande-t-elle. Elle revient également sur les propos des vidéos de revendication, annonçant “une longue série d’attentats terroristes”. “Et c’était vrai : regardez les attentats de Paris, de Zaventem et de Maelbeek”, explique-t-elle.

14h54 – “Une boule dans le ventre”

Me Hirsch, l’autre avocate du CCOJB, prend la parole. “Mon père m’a dit que quand il était à Rostock, en Allemagne, il allait à l’école. Puis les nazis ont décidé que les enfants juifs ne pouvaient plus aller à l’école. Il a donc dû aller à Berlin pour aller à l’école. Il a notamment pu lire durant cette période un journal de propagande qui, chaque semaine, disait : ‘Les juifs sont notre malheur’. Chaque semaine, il lisait qu’il y avait un complot des juifs à propos de n’importe quoi. Les juifs étaient accusés de tout. (…) Le rédacteur en chef de ce journal a été finalement condamné à mort à Nuremberg. (…) Aujourd’hui, je prends la parole pour le CCOJB. Et je ne vous cache pas que j’ai, depuis le début de ce procès, une boule dans le ventre”, expose-t-elle.

14h45 – Contre la défense

L’avocate du CCOJB revient encore sur les arguments avancés par la défense de Mehdi Nemmouche, et dénonce les “sophismes” des avocats de l’accusé. “Nous savons que vous n’allez pas laisser prétendre ce que le dossier est vraiment”, explique-t-elle. “Les victimes sont des victimes”.

14h42 – L’audience reprend

On va désormais entendre la plaidoirie des avocates du CCOJB, le conseil du Comité de Coordination des Organisations Juives de Belgique, Me Hirsch et Me Jacques. Me Jacques commence et affirme encore que la défense de Mehdi Nemmouche “fait le procès des victimes”.

14h25 – Assassinat à caractère terroriste

Me Masset termine en affirmant qu’il s’agit bien de quatre assassinats à caractère terroriste. Il prend point par point les textes de loi qui confirment ces motifs : d’abord ce qu’est un assassinat, ensuite ce qui permet de le qualifier de terroriste. “Nous sommes sur les applications les plus graves du code pénal”, explique Me Masset. “C’est bien ici le premier procès d’un acte terroriste jugé en Belgique”, dit-il encore.

Il appuie encore sur le caractère antisémite de l’attaque. Avant de conclure : “Le Musée juif n’est pas une 5e victime, comme l’a dit M. Blondin. (…) Le musée est toujours là. Le terrorisme ne gagnera pas. Le terrorisme n’a pas gagné”.

Une nouvelle pause s’annonce, l’audience reprendra dans une dizaine de minutes avec la plaidoirie de Me Hirsch, avocate du CCOJB.

14h18 – David Copperfield

Me Masset revient sur le mystère de Mehdi Nemmouche qui aurait été piégé. “Il y aurait donc eu une autre personne qui aurait monté ces vidéos de revendication et imité la voix de Mehdi Nemmouche. (…) Nous sommes dans les affabulations les plus complètes. La défense va bientôt faire venir David Copperfield dans cette salle d’audience. (…) C’est tragique et déloyal”, ironise l’avocat. “Or, la loyauté interdit d’avancer masqué”, dit-il à l’attention de la défense de Mehdi Nemmouche (seule Me Taelman est présente aujourd’hui).

14h12 – Silence coupable ?

Me Masset revient sur une autre affaire terroriste, en Irlande, en 1990. Il parle du fait que l’homme accusé a été condamné malgré le fait qu’il a gardé le silence durant l’instruction et le procès. “Ce jugement prouve que vous avez le droit de déduire du silence de Mehdi Nemmouche une preuve de culpabilité. Ce ne peut pas être la seule mais elle peut compléter d’autres éléments de culpabilité”, ajoute Me Masset.

Il accuse encore Mehdi Nemmouche de mensonges quant à ses propos envers sa grand-mère, et le fait qu’il tenterait de la protéger. Il rejette ensuite tous les arguments de la défense de Mehdi Nemmouche, affirmant qu’il s’agit d’incertitudes et non des preuves d’innocence.

14h05 – Droit au silence

Me Masset parle ensuite des arguments avancés par la défense. Il s’interroge sur le silence de Mehdi Nemmouche, et du fait qu’il n’a évoqué aucun alibi quant à sa présence à Bruxelles. “Le DAS (droit au sielnce), c’est devenu la carte de visite du terroriste”, explique l’avocat, qui explique que Salah Abdeslam a aussi fait valoir son droit au silence lors du procès de la fusillade de la rue du Dries.

14h01 – Arguments

Me Masset revient sur les arguments menant, selon lui, à la culpabilité de Mehdi Nemmouche. Les armes retrouvées sur lui à Marseille, ses mensonges face aux douaniers, les traces de semelle retrouvées à Molenbeek et au Musée juif, la physionomie de Mehdi Nemmouche par rapport aux images de vidéosurveillance, la cagoule noire et les vêtements retrouvés, les vidéos de revendication, son retour de Syrie…

Il parle d’un “torrent de preuves” contre Mehdi Nemmouche.

13h57 – Proverbe

“Je continue avec un proverbe : qui veut noyer son chien l’accuse de la rage. Qui veut noyer la justice professionnelle l’accuse de tous les maux”, dit encore Me Masset, qui s’indigne de la défense de Mehdi Nemmouche par rapport à “l’inexpérience des jurés”. Il pointe encore l’argument de la défense de l’accusé concernant l’ADN. Il affirme que des preuves sont bien là.

Il rappelle ensuite aux jurés que “l’intime conviction” n’existe plus dans la loi, mais qu’il faut désormais enlever “tout doute raisonnable” pour condamner une personne. “Je vous inviterais à faire un tableau en deux colonnes, comme cette balance de la justice. Il faudra ensuite mesurer les arguments de culpabilité et d’innocence. Tout en restant impartial”, ajoute-t-il.

13h51 – Accusations de la défense

Me Masset dénonce les accusations de la défense de Mehdi Nemmouche, notamment sur “un prétendu bidouillage” des photos et des images de vidéosurveillance. “Mais avec ces coups bas et coups tordus, la défense a atteint son but : elle a marqué des points en discréditant la partie adverse. On la qualifie de malhonnête et de falsificatrice. (…) L’objectif n’est pas d’illégitimer tout le système judiciaire belge, mais de dire que l’appareil judiciaire fait de professionnels est incapable d’aboutir à la manifestation de la vérité. (…) Nous voici donc tous sourds et aveugles face aux évidences. Nous voici donc tous plus friands d’erreurs judiciaires que de vérités. Cette stratégie de défense est une défense que je qualifie de séditieuse et de subversive. Mais elle n’ira pas jusqu’au bout”.

13h44 – “Coups bas et coups tordus”

Place à Me Masset, l’autre avocat du Musée juif de Belgique. Il poursuit la plaidoirie, et parle directement aux jurés. “Peut-être avez-vous été inquiet ou honoré quand vous avez reçu cette convocation vous demandant d’être juré pour ce procès. Vous allez désormais pouvoir rendre justice, et non vengeance”, lance-t-il.

“L’accusé Nacer Bendrer a parfaitement compris les règles de cette cour d’assises”, dit Me Masset. “La posture de l’accusé Nemmouche est tout autre. Il reste au balcon, il éructe “DAS”, il observe, il distille, il invective et garde le mystère. Il joue l’effet d’annonce et s’en délecte, comme sa défense, après plus de 150 heures d’audience. (…) Il aurait pu délégitimer ce tribunal. Mais ici ce n’est pas le cas. (…) Cette fois, il invite à la patiente, agrémenté de commentaires avec des coups bas et des coups tordus”.

13h37 – “Le musée est debout”

Me Nardone revient sur le nombre de visiteurs au Musée juif de Belgique : plus de 50 visiteurs par jour en 2013, et plus de 38 visiteurs par jour en 2014. Il pointe ainsi le fait que la défense de Mehdi Nemmouche affirmait que le musée n’était quasiment pas fréquenté. L’avocat affirme donc le contraire avec ces chiffres.

“Il serait faux aussi de dire que le musée n’a pas souffert de cet attentat”, dit Me Nardone. Il s’adresse ensuite à Mehdi Nemmouche : “Par vos actions, le musée a mis genoux à terre pendant quelques mois. Mais aujourd’hui, soyez sûr qu’il est debout et plus fort que jamais. Vous aurez produit l’effet inverse de ce que prône votre idéologie, votre violence”.

13h32 – État Islamique

“En attaquant le Musée juif, c’est à notre mode de vie qu’on s’en prend”, relance Me Nardone. Il reprend ensuite des extraits de livres sur l’État Islamique pour expliquer pourquoi la Belgique a été choisie comme lieu pour cet attentat. Il revient sur les fondements de l’EI et ses combats en Syrie et en Irak. “En réalité, l’État Islamique fait tout pour qu’une coalition internationale se forme et intervienne militairement en Syrie. Car ils ont l’art de toujours se faire passer pour une victime. Cela vous rappellera peut-être quelque chose”, lance-t-il, avec une pique envers Mehdi Nemmouche. “C’est grâce à cela que de nombreuses personnes vont rejoindre l’EI depuis l’Occident. Ils ont ensuite pu renvoyer ces personnes pour mener des attaques. (…) Quand on prend l’année 2014, quels sont les noms connus des gens en charge de ces envois, à l’EI ? Attar, Belge. Abaaoud, Belge. Laachraoui, Belge. (…) Il est plus facile pour un Belge de se faufiler en Belgique, pour le loup de devenir agneau”.

13h25 – Autres attentats

Il revient sur l’aspect symbolique de cette attaque terroriste, et de l’attaque contre “la culture, l’art, la connaissance”. “Ce sont ces valeurs qu’on a voulu mettre sous silence en tuant ces quatre victimes dans la rue des Minimes”, explique Me Nardone. Il rappelle ensuite les attentats contre d’autres institutions culturelles ou sportives, soit les attaques de Charlie Hebdo, du Bataclan, du stade de France (en 2015) ou encore du musée du Bardo, à Tunis (en mars 2016).

“L’art a toujours été une cible de l’État Islamique, car il permet de rassembler des personnes de religions différentes, de cultures différentes, de langues différentes”, affirme Me Nardone.

13h20 – Lieu de culture

Me Nardone rappelle les missions du Musée juif et attaque à nouveau la défense de Mehdi Nemmouche, estimant que celle-ci a parlé d’un “pseudo-attentat” ou d’un “complot”. “Ces sous-entendus témoignent en réalité d’une remise en cause de la qualification terroriste donnée aux faits commis le 24 mai 2014“, dit l’avocat. “Les faits que vous êtes en train de juger constituent un attentat terroriste commis au nom de l’État Islamique”.

“Le choix du musée correspond à une logique évidente dans l’esprit des terroristes islamistes. Ce n’est pas un hasard si ce musée a été pris pour cible. Mais il ne faut pas faire l’erreur de croire qu’ils ne se sont attaqués qu’au caractère juif du musée, et qu’aux personnes de confession juive. Bien sûr, il s’agit d’une attaque antisémite, mais cela ne s’arrête pas là. Ils s’en sont pris à un lieu de culture, à un lieu de valeurs”, explique Me Nardone. “Ce lieu est l’exact opposé de ce que ces terroristes islamistes entendent imposer”.

13h12 – L’audience reprend

Les avocats, les accusés, le jury et la cour sont de retour dans la salle d’audience. Me Nardone et Me Masset, avocats du Musée juif de Belgique, vont désormais présenter leur plaidoirie.

12h05 – Audience suspendue

Me Lurquin termine sa plaidoirie en demandant au jury de juger “sans haine et sans crainte”. L’audience est suspendue et reprendra à 13h00.

11h59 – “Elle veut que justice soit faite”

Me Lurquin termine en évoquant sa rencontre avec sa cliente, Clara Billeke Villalobos, qui était dans les toilettes du 2e étape du Musée juif de Belgique lors de la fusillade. “Il ne faut pas parler de ma souffrance, m’a-t-elle dit”, explique Me Lurquin. “Elle veut que justice soit rendue pour les victimes. En tant que partie civile, elle voulait juste dire ce qui s’était passé, parce qu’elle était là”. “Certains auraient voulu que madame ne vienne pas, mais elle avait ce devoir de mémoire et de justice”, dit l’avocat.

11h56 – Radicalisation

Me Lurquin se demande ce qu’il se serait passé si “Mehdi Nemmouche avait parlé”. Il se demande si l’accusé aurait pu en dire plus sur ses relations avec les terroristes des attentats du 22 mars 2016, sur les armes qu’il avait sur lui à Marseille… “Est-ce que le scenario de Mehdi Nemmouche n’a pas été arrêté par ces douaniers à Marseille ?”, demande-t-il. “Nous n’avons pas pour l’instant de réponse”.

“La seule référence religieuse de Mehdi Nemmouche, c’est lui”, affirme encore Me Lurquin, qui explique qu’il ne s’est “pas radicalisé religieusement”, mais qu’il s’est “radicalisé lui-même”.

11h45 – Profil psychologique

Me Lurquin revient encore sur le fait que Mehdi Nemmouche a refusé d’être vu par un psychiatre et estime que les propos rapportés par les ex-otages français confirment que l’homme qu’ils ont rencontré est capable de torturer et tuer des gens. “C’est une manière particulière de dresser un portrait psychologique. Mais nous avons cela aujourd’hui”, explique l’avocat.

Il revient sur la vie de Mehdi Nemmouche. “Il est vrai que la ceinture de Mme Vasseur, l’absence de parents notamment doivent être pris en considération. Mais Mehdi Nemmouche aurait pu s’expliquer, et il n’a pas voulu. Et il a finalement torturé des gens lui-même et tué des gens plus tard”, dit-il.

11h37 – Syrie

“Il y a également une autre signature, celle d’Abou Omar”, explique Me Lurquin, revenant sur le témoignage des ex-otages français qui affirment que ce Abou Omar est bien Mehdi Nemmouche. “Pourquoi la défense de Mehdi Nemmouche avait-elle si peur ? Car vous l’avez vu : dès le premier regard, les ex-otages ont reconnu Mehdi Nemmouche. Et ils se sont reconnus”.

Il revient sur les auditions des témoins, qui confirment avoir reconnu Mehdi Nemmouche grâce à sa voix, son ton, son vocabulaire.

11h28 – “Deuxième signature”

Me Lurquin, avocat de Mme Billeke Villalobos, revient sur l’avis d’un expert qui estime que l’homme qui a tué quatre personnes dans le Musée juif “avait l’habitude de tirer”, et sur le témoignage d’Imed Hassani, l’ami de Mehdi Nemmouche, qui a expliqué que l’accusé voulait partir faire la guerre en Syrie.

“Je veux donner un conseil à M. Nemmouche : faites attention à vos semelles, car c’est votre deuxième signature”, explique-t-il encore. “Retenez le coup de pied droit du tireur. Repensez à cela dans vos délibérés”, dit-il aux jurés.

11h24 – “Pas un mot”

Me Lurquin s’étonne du fait que Mehdi Nemmouche n’a “pas montré de signe de compassion pour les victimes”. “Mais un geste, un mot de tristesse, de chagrin, de compassion, d’humanité, cela ne veut pas dire que vous êtes responsable”, estime l’avocat. “On peut tout dire, mais ne pas dire ce type de mot, c’est une première signature de culpabilité”.

Il revient sur les rapports d’autopsie des différentes victimes, pour appuyer son propos. “Ça, c’est la première signature de M. Nemmouche”, affirme l’avocat.

11h19 – Droit au silence

Me Lurquin s’étonne du fait qu’aucun instrument juridique n’a été utilisé par Mehdi Nemmouche et sa défense pour faire face à ce qu’ils appellent “un complot”. “Vous avez fait usage du droit au silence durant toute l’instruction”, dit-il à Mehdi Nemmouche. “Ici aussi, vous pouvez faire usage de droit au silence. Mais alors, l’avocat se tait aussi. Or, ici, la défense de M. Nemmouche ne conteste pas la légitimité du tribunal. Me Courtoy reconnaît la légitimité de cette cour d’assises. Si vous faites confiance au jury populaire, essayez de les convaincre, donnez leur des arguments. Mais non, on continue de se taire”, ajoute Me Lurquin. “Vous avez le droit au silence, pas le droit au ventriloque”.

11h13 – Charles Aznavour

“Je m’voyais déjà en haut de l’affiche”, lance Me Lurquin, qui évoque ces paroles d’une chanson de Charles Aznavour suite aux propos des témoins qui affirment que Mehdi Nemmouche chantait souvent des chansons de Charles Aznavour. Il revient également sur les propos du chanteur qui ne comprenaient pas les crimes et génocides, et s’indignaient de la mort de toute personne par la violence.

“Le terroriste veut nous faire croire que les époux Riva auraient été tués parce qu’ils étaient juifs, mais non pas par lui, mais par un complot”, dit l’avocat. Il s’indigne du fait que la défense de Mehdi Nemmouche veuille attendre jusqu’à la plaidoirie pour évoquer ses nouveaux éléments, annoncés depuis le début du procès.

11h05 – L’audience reprend

La plaidoirie de Me Lurquin, avocat de Mme Billeke Villalobos, cachée dans le Musée juif lors de la fusillade, peut commencer.

10h38 – Fin de la plaidoirie

Me Bodson continue de reprendre l’une après l’autre les théories des défenses de Mehdi Nemmouche et de Nacer Bendrer. Il s’interroge notamment sur la théorie selon laquelle Mehdi Nemmouche ne connaissait pas les noms des terroristes des attentats du 22 mars 2016 et aurait simplement donné à Salah Abdeslam les noms que lui fournissaient, via une autre cellule voisine, Bakkali, suspecté de terrorisme. “Si Mehdi Nemmouche devait crier pour être entendu dans une cellule voisine, alors Bakkali aussi devait crier…”, affirme encore l’avocat.

Il termine sa plaidoirie en affirmant que c’est “Mehdi Nemmouche et personne d’autre” avait les armes de la tuerie et “a abattu froidement quatre personnes”. “Il a fait preuve d’une incroyable lâcheté depuis le 24 mai 2014. (…) Il a sali la mémoire des victimes, il a confisqué leur deuil”, dit-il. Il signale la douleur des enfants d’Emanuel et Miriam Riva, elles “à qui on a volé leur enfance”, “désormais orphelines de leurs deux parents”. “La réalité est là, dure et cruelle : ces deux jeunes filles ont eu le courage de se présenter devant vous malgré les horreurs que la défense a présentés dans la presse ou dans la salle d’audience de cette cour d’assises”, dit Me Bodson.

La plaidoirie de la défense de la famille Riva est terminée : après une pause, l’audience reprendra avec Me Lurquin.

10h27 – Défense

Me Bodson demande au jury de retenir le fait que l’ADN de Mehdi Nemmouche a été retrouvé dans le couvercle de la culasse de la Kalachnikov.

Il accuse le dossier des cartes grises évoqué par les défenses de Mehdi Nemmouche et de Nacer Bendrer. Il affirme que les accusés auraient directement pris cette défense plutôt qu’attendre le procès pour en parler.

10h23 – Fauché ?

Me Bodson estime que le voyage en Asie de Mehdi Nemmouche (via Singapour, la Malaisie, Hong Kong, la Thaïlande) s’explique par le fait qu’il ne souhaitait pas rentrer directement de Syrie vers la France pour éviter d’être interrogé à propos de son année en Syrie, en plein conflit armé. “Il peut ainsi dire qu’il a été faire du tourisme”, explique-t-il. “Et cet homme qui a été faire des voyages en Asie, avec des vêtements neufs, se retrouverait fauché. C’est ce qu’on vous a dit”, dit-il au jury. “On vous dit qu’il devait dormir dans les parcs, dehors, alors qu’il a pu aller dormir chez sa grand-mère. Ou qu’il a pu louer un appartement moins d’un mois après son arrivée en Belgique. (…) Dormir dehors, sans argent ? Ce n’est pas crédible”.

10h17 – Syrie

Me Bodson estime que Mehdi Nemmouche n’avait pas le choix de nier concernant sa radicalisation et son voyage en Syrie. Il demande aux jurés de retenir les dates de sa sortie de prison, de son retour chez sa grand-mère, de son départ vers la Syrie via le Liban, puis de sa rencontre avec les ex-otages. “Il se rappelle d’eux”, dit Me Bodson, pour qui Mehdi Nemmouche a souri lors de leurs témoignages à la cour d’assises.

“Bien avant les attentats du Musée juif, Mehdi Nemmouche dira qu’ils seront à son procès”, explique Me Bodson. “Mehdi Nemmouche était antisémite, il était antijuif, il était antichiite, ce sont les otages qui nous l’ont dit. Et surtout, à l’époque, il l’assumait”.

10h10 – Chaussures

Me Bodson, avocat d’Emanuel et Miriam Riva, pointe encore les chaussures Calvin Klein achetées par Mehdi Nemmouche le 30 avril 2014, dont la trace de semelle a été retrouvée sur la porte du Musée juif le 24 mai 2014. “Quand on signale à l’expert qu’après avoir recherché les ventes de la marque des chaussures retrouvées sur Mehdi Nemmouche, on découvre qu’une seule paire a été payée en cash par un inconnu en Région bruxelloise, l’expert nous dit : c’est le Saint-Graal”, affirme-t-il.

10h00 – Asthme

Me Bodson revient encore sur la théorie du timing entre le Musée juif et l’appartement loué par Mehdi Nemmouche à Molenbeek. Il signale que le trajet réalisé par la police, a été fait avec des sacs plus lourds que ceux qu’auraient porté par Mehdi Nemmouche, et en alternant marche et course. “Cela a été réalisé en 22 minutes. Il avait donc largement le temps de faire ce trajet”, explique l’avocat. “Juste le temps pour se ruer sur son ordinateur et regarder les fichiers vidéo capturés par sa caméra de type GoPro sur son ordinateur”.

Il met en doute la théorie du Ventolin, évoquée par la défense de Mehdi Nemmouche. Il parle de “syllogisme foireux”. “Ses amis et sa famille confirment qu’il a fait de la lutte et des sports de combat. Comment faire ces sports si on ne sait pas marcher vite à cause d’asthme ?”, explique l’avocat. “Ce grand asthmatique, avec tous ses pneumothorax, au bord de l’agonie, est tout à fait capable de faire ce trajet”, affirme-t-il.

9h55 – Lettres et vidéos

L’avocat du couple Riva pointe ensuite les lettres envoyées par Mehdi Nemmouche à son ami Imed Hassani, et signalent que de nombreuses allusions à la religion, à la nourriture halal,… se retrouvent dans ces lettres de l’accusé.

Il met également en évidence les vidéos de revendication, les photos de Mehdi Nemmouche de ses voyages en Asie, les objets retrouvés dans l’appartement de Molenbeek… “J’imagine que la défense va encore sortir le grand complot et dire qu’une autre personne a tourné les vidéos de revendication pour les mettre dans l’ordinateur de Mehdi Nemmouche”, clame-t-il. “Pourtant, on retrouve ces vidéos de revendication sur tous les appareils de Mehdi Nemmouche. Et la plupart sont effacés. Elles n’ont été retrouvées grâce au travail des enquêteurs français. Et on voit plusieurs essais. Vous pensez vraiment que si on avait voulu piéger Mehdi Nemmouche, on aurait laissé ces vidéos d’essai ?”, signale Me Bodson.

9h45 – Pistes

Me Bodson, avocat de la famille d’Emanuel et Miriam Riva, affirme que “toutes les pistes ont été analysées” dans cette enquête. En ajoutant : “Il est vrai qu’on n’a pas vérifié la piste du cardinal Danneels, évoqué un temps”, ironise-t-il.

Il dénonce encore les doutes évoqués par la défense de Mehdi Nemmouche autour de la vente du ticket de bus Eurolines à Bruxelles.

9h43 – Mensonges

Me Bodson revient ensuite sur la défense de Mehdi Nemmouche dès son arrestation, notamment sur le fait que l’accusé a changé de version pour expliquer l’origine des armes retrouvées sur lui. “C’est pour ça qu’il se tait désormais. Car quand il donne une information, on peut vérifier à charge ou à décharge. Et à chaque fois, c’était à charge. À chaque fois, les enquêteurs confirment qu’il ment”, lâche-t-il.

“Si sur papier, il se taisait, on a vu sur ses vidéos qu’il joue, qu’il sourit avec ces enquêteurs. Mais pas une seconde, il ne montre la moindre peur”, dit-il. “Sauf peut-être quand on lui montre les vidéos de revendication. Mais durant tout le reste de ses auditions, on ne voit pas la moindre minute de peur”.

9h39 – Images

Me Bodson revient sur les images de vidéosurveillance qui auraient été trafiquées selon la défense de Mehdi Nemmouche. L’avocat explique que l’homme en charge de ces images du Musée juif “n’a vraiment pas l’air d’un as de l’informatique, capable de mettre un visage qu’il n’a jamais vu sur une séquence vidéo de plusieurs minutes”. Il revient sur les déclarations de cet homme et des enquêteurs, confirmant que les images n’ont pu être modifiées, et que toutes les modifications éventuellement apportées ont été compilées dans le dossier.

9h34 – “Professionnel”

Me Bodson affirme qu’un “professionnel n’aurait pas utilisé une Kalachnikov pour un assassinat ciblé. Un professionnel n’aurait pas placé une caméra collée avec de la superglu sur une bête veste bleue pour filmer les faits”. Il pointe l’ADN de Mehdi Nemmouche retrouvée sur un tube de superglu ou un marqueur, qui aurait été utilisé pour écrire des écritures islamiques sur un drap blanc.

Me Bodson signale également que Mehdi Nemmouche “a été le seul à ne pas regarder les filles du couple Riva” quand elles sont venues témoigner.

9h28 – “Drôles d’agents secrets”

Me Bodson, avocat de la famille d’Emanuel et Miriam Riva, revient sur toutes les théories complotistes évoquées durant ces deux mois de procès. Mais il souligne le travail des enquêteurs. “On a fait quasi tout ce qu’on devait faire pour mener cette enquête à bien”, explique-t-il. Il ironise ensuite sur les objets retrouvés sur le couple Riva : de la crème solaire, une facture dans un magasin de chocolat, une carte touristique… “Le kit parfait d’un agent secret”. Il signale encore que dans le coffre-fort de la chambre d’hôtel des victimes, on découvre “deux passeports et 12 tablettes de chocolat”. Il explique également que des photos de Miriam Riva devant le Manneken Pis ont été retrouvées sur son téléphone : “Drôles d’agents secrets…”, ironise-t-il encore.

Il met en contradiction tous les éléments évoqués par la défense autour de la nature du couple Riva en Belgique. Me Bodson revient également sur les caméras de surveillance qui auraient été coupées au moment de leur départ, et confirme que seule la femme de ménage a accédé à la chambre d’hôtel du couple entre le moment du départ d’Emanuel et Miriam Riva et l’arrivée de la police dans cette chambre.

9h18 – “Attentat ciblé ?”

“S’il s’agit vraiment d’un attentat ciblé contre des agents prétendus du Mossad, Mehdi Nemmouche n’avait plus qu’à quitter les lieux après avoir tué Emanuel et Miriam Riva. Mais il a continué à tirer, il a été tuer d’autres personnes. Il n’a montré la moindre hésitation. Et il n’a pas posé un regard sur le couple Riva”, explique Me Bodson. “Cela a duré 80 secondes. 80 secondes pour ôter quatre vies”.

Me Bodson affirme qu’il est “normal que tous les témoins n’ont pas vu la même chose : cela a duré seulement 80 secondes”.

9h15 – Emanuel et Miriam Riva

On commence la journée par la fin de la plaidoirie de Me Bodson, avocat de la famille d’Emanuel et Miriam Riva. Il confirme que “toutes les preuves pointent vers Mehdi Nemmouche”. “Leur défense affirme que Mehdi Nemmouche a été piégé, que les preuves sont truquées et que les victimes sont coupables“, lance-t-il.

“Malgré ce que la défense a annoncé et a répété et répété, on ne vous a pas présenté la moindre preuve du complot ou de la manipulation des pièces”, affirme encore Me Bodson. “Il insinue en espérant que cela suffise à vous convaincre”, dit-il encore.

9h11 – Programme

Ce nouveau direct commence avec un peu de retard : tous les avocats viennent d’arriver dans la salle de la cour d’assises. Les accusés et le juré peuvent entrer. Quatre plaidoiries, durant chacune entre 1h30 et 3h00, seront présentées ce mercredi au jury. Me Lurquin, avocat de Mme Billeke Villalobos, survivante de la fusillade, Me Masset, avocat du Musée juif, Me Hirsch, avocate du CCOJB, et Me Lys, avocat de l’association française des victimes de terrorisme, sont ainsi attendus à la barre.

Grégory Ienco avec C.T.Q. et Belga – Photos : Belga

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20 février 2019 - 20h20
Modifié le 21 février 2019 - 07h29