Procès de l’attentat du Musée juif : “Je n’arrive pas à croire que c’est Mehdi qui a fait ça”

Après le témoignage des journalistes, détenus en otage en Syrie en 2013 et dont l’un des geôliers était selon eux Mehdi Nemmouche, le procès de l’attentat du Musée juif de Belgique a repris les auditions d’une proche de Mehdi Nemmouche et de deux témoins de la fusillade du 24 mai 2014.

Cette journée d’auditions a été ce jeudi matin marquée par les témoignages de Didier François, journaliste français d’Europe 1, et de Nicolas Hénin, journaliste français du Point, tous deux pris en otage durant près de dix mois en Syrie en 2013 et 2014. Ils ont ainsi confirmé qu’ils n’avaient “aucun doute” qu’Abou Omar, l’un de leurs geôliers, était bien Mehdi Nemmouche, même si ce dernier a refusé de reconnaître ou non les témoins. Découvrez le contenu complet de ces témoignages en cliquant ici.

Ce jeudi après-midi, la cour d’assises accueille de nouveaux témoins : notamment Laurie Stehle, la compagne d’Imed Hassani, ami d’enfance de Mehdi Nemmouche. Imed Hassani devait témoigner mais ce dernier est malade.

Si Mehdi Nemmouche est l’auteur de la tuerie au Musée juif de Belgique, “c’est du gâchis”, a témoigné Laurie Stehle. Elle le décrit comme “un bon garçon, respectueux, poli, intelligent, cultivé, gentil”. “Je n’arrive pas à y croire. Si c’est lui, c’est un ‘autre Mehdi’. Si c’est ça, c’est du gâchis. Je n’ai pas envie de me poser la question, je suis choquée”, a-t-elle ajouté avec perplexité.

Le témoin, originaire du même quartier de Tourcoing que l’accusé, connaît “vaguement” Mehdi Nemmouche depuis treize ans par le biais de son conjoint, a-t-elle indiqué. Les deux hommes ont commis des vols et se sont fait arrêter puis incarcérer ensemble fin 2007, à Grasse, dans le sud de la France. L’ami de Mehdi Nemmouche obtiendra cependant rapidement une mesure de déplacement dans un établissement du nord du pays, pour se rapprocher de sa famille.

“Il avait l’air mature”

Lorsqu’il a appris que l’accusé était parti en Syrie, le couple a été surpris, selon le témoin. Son compagnon recevait de temps à autre des nouvelles par téléphone. Aux alentours du 20 mars 2014, et alors que le compagnon du témoin est à nouveau incarcéré, Mehdi Nemmouche passe au domicile du couple, près de Courtrai. Il était habillé d’un costume inhabituel, “élégant”, mais elle l’a tout de suite reconnu, a-t-elle confirmé. “Il avait l’air mature, il voulait se poser, se marier, entamer sa vie d’homme.”

L’accusé repassera quelques jours plus tard. Il a alors demandé de l’argent au témoin, qui n’en avait pas mais lui a fait à manger. Elle n’entendra plus parler de Mehdi Nemmouche jusqu’à ce que des enquêteurs débarquent chez elle pour effectuer une perquisition, quelques jours après l’arrestation du suspect à Marseille. Confrontée à des photos du tueur issues des caméras du Musée juif, le témoin dira qu’il “peut correspondre” à Mehdi Nemmouche, notamment au niveau du nez, mais sans l’identifier formellement.

Découvrez notre dossier complet sur le procès de l’attentat du Musée juif

Un antiquaire a vu le tireur

Le gérant d’un magasin d’antiquités situé quasiment en face du Musée juif de Belgique a ensuite témoigné de la scène de la fusillade au Musée juif. Le 24 mai 2014, le témoin, âgé aujourd’hui de 71 ans, se trouvait dans sa galerie d’antiquités quand les faits se sont produits. Il était attablé à son bureau, d’où il a une vue lointaine mais dominante, du haut vers le bas, sur l’entrée du Musée juif et sur la partie droite du couloir menant à l’accueil.

“J’entends alors des coups, qui me semblent être des gros pétards. Je lève la tête quelques secondes après et je regarde vers le musée”, raconte-t-il. “Je vois une masse sur le sol dans le couloir. Puis je vois un homme qui se penche sur ce qui est sur le sol.” L’antiquaire voit ensuite cet homme se relever, prendre deux sacs et se diriger vers le fond du couloir d’entrée. Arrivé devant l’escalier qui va vers l’accueil, le tireur dépose à nouveau ses sacs au sol et prend “quelque chose avec une crosse”. Le septuagénaire entend ensuite une première rafale, suivie d’une seconde “brève et nette” peu de temps après. L’auteur des coups de feu ressort ensuite du musée, tout en ayant remis posément son arme dans son sac.

L’intéressé, que le témoin décrit de taille moyenne, portait une casquette avec une grande visière, qui masquait complètement son visage. L’antiquaire n’est donc pas en mesure de dire s’il portait ou non des lunettes de soleil. L’homme dit aussi avoir été marqué par un pull de couleur bleu métallique qu’il portait. Ce dernier a ensuite tourné dans une ruelle avec trois ou quatre marches juste après être sorti du musée, croit se souvenir le septuagénaire. Celui-ci retient aussi que le tireur avait une démarche “normale” lorsqu’il a quitté la scène du crime.

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19h17 – Nemmouche en Syrie

Me Courtoy ne nie pas que Mehdi Nemmouche s’est “radicalisé” et a été “en Syrie”. Mais il affirme que certains propos des ex-otages français ne sont pas conformes à la réalité, notamment sur le fait que Mehdi Nemmouche portait une arme ou non, ou s’il était cagoulé ou non.

Ce qu’ils disent n’est pas vrai, et délibérément pas vrai sous serment”, affirme Me Courtoy. “Ce n’est qu’après l’arrestation de Mehdi Nemmouche qu’ils lui ont prêté des propos antisémites”, dit encore l’avocat.

Il clame encore que l’attentat n’a pas été revendiqué et que “c’est interpellant” que l’État Islamique n’a pas revendiqué cet attentat. Son commentaire se termine ici.

On passe, ce vendredi à 9h00, au visionnage des dernières auditions de Mehdi Nemmouche en prison, puis à des témoignages de personnes venues de Marseille, proches de Mehdi Nemmouche et Nacer Bendrer.

19h14 – Devoir d’enquête

Place à Me Courtoy, avocat de Mehdi Nemmouche, qui fait d’abord un devoir d’enquête. Il demande que la voix d’un “Beatle”, un djihadiste anglais qui était dans la même bande que Mehdi Nemmouche en Syrie, soit comparée avec celle d’une vidéo. Il insinue qu’Edouard Elias qui a pourtant identifié une personne comme étant un djihadiste via la voix, a pu se tromper.

19h09 – Procureur

Le procureur commence les commentaires et souligne notamment “le narcissisme” et “la lâcheté” pointés par les témoins de ce jeudi matin. Il souligne encore “la haine du chiisme” de Mehdi Nemmouche, ou encore “son désintérêt pour la Syrie”. “Ceux qui s’y rendaient, se rendaient sur un terrain de jeu”, explique le procureur, qui parle de la Syrie comme d’un “lieu d’exutoire”.

Le procureur souligne encore “l’organisation structurée” de l’État Islamique et explique que “Mehdi Nemmouche ne pouvait pas quitter la Syrie comme ça”. Il pointe enfin le fait que “le bagage religieux de Mehdi Nemmouche est très faible”. “On a souvent à faire à des radicalisés, mais pas à des idéologues”, dit-il.

19h06 – L’audience reprend

Tout le monde retrouve sa place, on va passer aux commentaires, même si la présidente de la cour d’assises a précise que “ce n’est pas obligatoire”. Me Courtoy est déjà dans les starting-blocks et a annoncé que “ce sera long”.

18h52 – Commentaires en vue

On passera aux commentaires de toutes les auditions après une brève pause, annonce la présidente de la cour d’assises.

18h48 – Reconnaissances

Les enquêteurs français demandent à Pierre Torrès s’il reconnaît des personnes parmi des photos. Il confie avoir notamment reconnu deux personnes francophones “dont un Belge” de l’hôpital ophtalmologique d’Alep, “avec une certitude de 40 à 50%”. Il confie ne pas vouloir en dire plus à leur sujet “pour des raisons personnelles”.

L’audition se termine ici. Pierre Torrès ne parle donc pas d’Abou Omar ou de Mehdi Nemmouche lors de ses auditions.

18h40 – Enlèvement

Pierre Torrès raconte son violent enlèvement par des ravisseurs, avec des coups, des coups de canon de Kalachnikov pour lui demander de ne pas bouger. Il explique qu’il n’avait pas de téléphone portable sur lui au moment de son enlèvement, avec Nicolas Henin, et qu’il n’avait reçu aucune menace auparavant.

18h29 – Situation politique

La première audition de Pierre Torrès est notamment centrée, au début, sur la situation politique en Syrie et en Irak, entre Al-Qaeda, la création de l’État Islamique, ou encore l’armée libre syrienne.

18h19 – Pierre Torrès

On passe aux deux auditions de Pierre Torrès, reporter français enlevé en même temps que Nicolas Hénin en Syrie, en juin 2013, et libéré en 2014. Il était en Syrie pour mener un reportage sur l’organisation politique des rebelles syriens. Il précise à l’entame de son audition qu’une “quinzaine de personnes sont toujours en otage” et ne souhaite donc pas trop en dire. “Nos ravisseurs nous ont parlé de représailles”.

Pierre Torrès explique qu’il était le plus souvent seul, et qu’il n’a pas fait appel à un fixeur ou un traducteur.

18h13 – Septième audition

Lors de sa septième et dernière audition,  Edouard Elias a été interrogé sur les images de Mehdi Nemmouche à la gare du Nord, le 28 mai 2014. Les enquêteurs ont demandé si le photographe a reconnu la personne au côté de Mehdi Nemmouche. Il répond : “Non”.

18h01 – Faites entrer l’accusé

Edouard Elias confirme que Mehdi Nemmouche leur parlait de l’émission de France 2 “Faites entrer l’accusé” et qu’il imitait le présentateur de l’émission. Il explique que Nemmouche était auteur de violences. Edouard Elias confie que lui et les autres otages avaient plus de discussions avec Abou Idriss : “Lui n’a jamais été auteur de violences”, dit-il.

17h55 – “Son ironie”

La sixième audition concerne plutôt les liens entre ses geôliers en Syrie et les auteurs des attentats de Bruxelles ou de Paris. Mais dès le début de l’audition, il revient sur Mehdi Nemmouche. “Lors de ma rétention, j’avais vu son visage à une seule reprise, durant près de 15 minutes”, explique Edouard Elias. Il confirme que c’est surtout à la voix qu’il a reconnu Medhi Nemmouche. “On ne pouvait pas beaucoup voir nos geôliers. Je reconnais son intonation, son ironie”, confie-t-il. “Il avait notamment dit : ‘j’étais un ancien prisonnier reconverti dans le nettoyage ethnique religieux’. C’est bien son type d’humour”, répète Edouard Elias, comme l’avaient indiqué Nicolas Hénin et Didier François ce jeudi matin.

Edouard Elias confirme ensuite que plusieurs de ses geôliers ont été ensuite impliqués dans les attentats de Bruxelles ou de Paris en 2015 et 2016.

17h43 – Cinquième audition

Place à la cinquième audition (sur sept) d’Edouard Elias du 12 février 2016. Il y revient encore sur son parcours et son histoire avec la Syrie, avant l’ensemble de son récit de la capture.

17h36 – “Sur le banc des accusés”

Les enquêteurs demandent notamment s’il a entendu Abou Omar planifier des attentats en Europe. “Non, mais il m’avait dit que s’il se retrouvait sur le banc des accusés, il m’y donnait rendez-vous pour témoigner”, explique Edouard Elias. Il confie encore qu’il ne se souvient plus si Abou Omar avait prêté allégeance à un groupe particulier.

Après cette audition, le photographe a porté plainte contre Mehdi Nemmouche.

17h33 – La voix d’Abou Omar

On passe à une audition d’Edouard Elias du 3 juin 2014 : les enquêteurs français lui ont alors posé de nouvelles questions et demandé s’il reconnaissait quelqu’un parmi plus de 200 nouvelles photographies. On lui montre également des vidéos de revendication : il dit reconnaître “formellement la voix d’Abou Omar”. Comme Nicolas Hénin et Didier François, qui avaient affirmé qu’il s’agissait bien de Mehdi Nemmouche.

Edouard Elias précise encore : “Ses propos étaient toujours agressifs. Il affirmait qu’il voulait fumer une petite juive. Il vouait une fascination pour Mohamed Merah. Il a été violent avec moi et m’a donné des coups”. Le photographe dit “reconnaître cette voix à 100%”, “grâce à ses intonations notamment”.

“Il portait en permanence une cagoule donc je ne sais pas si je pourrais le reconnaître”, précise-t-il aux enquêteurs.

17h22 – Tortures

Ces premières auditions d’Edouard Elias, réalisées début mai 2014, concernent principalement l’organisation autour de cette prise d’otages, les violences dont il a été victime, ses trajets… Cela ne concerne pas uniquement le fameux Abou Omar.

Edouard Elias rapporte de terribles traitements et des tortures. Il explique avoir été victime d’attouchements sexuels, mais que ceux-ci ont cessé quand d’autres geôliers sont arrivés, alertés par ses cris. Il confie avoir entendu des personnes se faire égorger, et avoir vécu des simulacres d’exécution. “Il y avait énormément de pression psychologique”, confirme-t-il. Il explique également avoir vu une salle de tortures.

Le photographe rapporte encore que les ravisseurs se prétendaient d’abord du groupe Al-Qaeda avant de dire appartenir à un autre groupe, sans toutefois préciser lequel.

17h15 – La description d’Abou Omar

Edouard Elias rapporte dans sa première audition une description du fameux Abou Omar : plus ou moins 1m70-1m75, de forte corpulence mais assez musclé,… “Je ne l’ai jamais vu porter d’arme, j’ai vu une seule fois son visage, il avait les yeux bleus je pense”, explique-t-il.

17h06 – “Frédéric”

Edouard Elias continue son récit, au fil des semaines. Le nom d’Abou Omar est souvent cité, comme l’un des principaux geôliers. C’est toutefois Abou Mohamed, qui semble être le leader du groupe.

Abou Omar aurait notamment affirmé qu’il s’appelait “Frédéric” : “Il faisait souvent l’apologie de Mohamed Merah”, explique le photographe. Pour rappel, selon Didier François et Nicolas Hénin, Abou Omar est clairement Mehdi Nemmouche.

16h58 – Côte à côte

C’est seulement en juillet que Didier François et Edouard Elias ont eu contact avec Pierre Torrès et Nicolas Henin. Ils ont entretenu le contact grâce à un orifice dans le mur, qui leur a permis de discuter ensemble. Ils étaient en effet dans deux cellules, côte à côte. Le 1er août, les quatre personnes se sont retrouvées ensemble dans la même cellule.

Edouard Elias confirme qu’ils ont été souvent battus, notamment à coup de matraque, parfois par surprise. Il explique que Didier François était visiblement le principal visé.

16h54 – Interrogatoire

Edouard Elias explique qu’il a enfin pu parler avec un ravisseur francophone, lors d’un interrogatoire, après ces quatre jours de disette. Il a également pu manger, grâce à deux repas par jour, mais juste du riz.

C’est finalement 17 jours plus tard qu’Edouard Elias et Didier François se retrouvent dans la même cellule. Un Irakien est également arrivé avec eux.

16h48 – Otages

Edouard Elias raconte qu’il n’a que quelques notions d’arabe et qu’il n’avait donc pas beaucoup de connaissance pour faire face à ses premiers ravisseurs. Il explique qu’il n’a été victime d’aucune violence lors de son rapt, avec Didier François. Il avait toutefois les yeux bandés et ne savaient pas vers où il allait.

Il explique que lui et Didier François ont été séparés lors des quatre premières journées de sa rétention. Il confirme avoir été frappé et qu’il a eu des hallucinations du fait de ne pas avoir été nourri durant ces quatre jours. Jusqu’ici, Edouard Elias n’a pas encore rencontré des francophones.

16h35 – Déplacement en Syrie

On débute avec les auditions d’Edouard Elias. Il explique être parti avec Didier François, pour Europe 1, pour un reportage photographique sur les armes chimiques utilisées en Syrie. Il confie ensuite sa capture en Syrie.

16h30 – L’audience reprend

Cette fois, place à la lecture des auditions des deux ex-otages français en Syrie, le photographe Edouard Elias et le journaliste Pierre Torrès. Ces deux personnes étaient avec Didier François et Nicolas Hénin en Syrie en 2013 et 2014. Ils ne se sont toutefois pas présentés au tribunal.

La présidente va donc lire leurs auditions, qui sont dans le dossier. Ces auditions peuvent dater d’avant le 24 mai 2014 vu qu’ils ont été interrogés après leur retour en France.

16h05 – Fin de l’audition

La présidente demande au témoin s’il était absolument sûr que l’homme qu’il avait vu était bien l’homme dont les photos étaient diffusées dans la presse à l’époque, il confirme. “C’est plutôt son allure générale qui m’a permis de le reconnaître, pas son visage”, dit-il.

Pas de question de la part des autres parties. On fait une courte pause, l’audience reprendra dans un quart d’heure avec la lecture des auditions des deux autres ex-otages français en Syrie, qui ne sont pas venus à la cour d’assises.

16h03 – Description

La présidente demande à Johannes van Wijk s’il peut rappeler la description de l’homme qu’il a vu. Il explique qu’il ne s’en souvient pas mais qu’à l’époque, il a confirmé que l’homme qu’il avait vu ressemblait à celui montré sur les images de vidéosurveillance. “Il marchait d’un pas rapide”, confirme-t-il.

16h01 – Nouveau témoin

Après toutes ces demandes, on passe à l’audition de Johannes van Wijk, qui ne parle pas français. Il a été témoin visuel de la fusillade. Il était à une cinquantaine de mètres du Musée juif. Il a entendu des coups de feu. “Je pensais qu’il s’agissait d’une attaque quelque part”, explique-t-il. “Nous nous sommes arrêtés. Par la suite, un homme est passé à côté de nous avec deux grands sacs et s’est engouffré vers une ruelle, vers la rue des Chandeliers”.

“Nous avons continué notre route, ne sachant pas ce qu’il s’était passé. Nous avons vu deux personnes abattues, un peu plus loin”, explique-t-il encore. “Nous avons fait une déclaration auprès de la police et je n’ai rien à ajouter“.

15h49 – Dossier médical

Le procureur fédéral revient, pour sa part, sur les informations de la défense de Mehdi Nemmouche selon lesquelles il n’aurait reçu des soins médicaux que tardivement. La défense avait notamment fait une demande de devoir d’enquête sur le dossier médical complet de Mehdi Nemmouche. Le procureur affirme que des examens ont été faits à temps et que Mehdi Nemmouche a notamment refusé certains soins.

Me Taelman, avocate de Mehdi Nemmouche, réplique en affirmant que les soins reçus par son client à Bruges étaient “intolérables”. “Les interventions de l’ophtalmologue et de l’ORL datent d’avant les problèmes médicaux de Mehdi Nemmouche”, clame-t-elle.

Enfin, Me Marchand, avocat d’Unia, demande un devoir d’enquête sur une pièce dévoilée par les ex-otages français et qui a été versée à leur dossier en France.

15h47 – Nouvelle demande de Me Courtoy

Comme à son habitude, Me Courtoy se lance dans un commentaire. Il revient sur une fameuse maison de la rue des chandeliers qui aurait été louée par la femme d’un homme qui aurait été condamné pour trois affaires de terrorisme, et dont la location se serait terminée au même moment que le début de la location de l’appartement de la rue Saint-Joseph à Molenbeek. Il lit encore le compte-rendu de l’audition d’un antiquaire. “Posez-vous des questions : dans combien d’attentats voyez-vous ce genre de choses ?”, lance-t-il. “Est-ce qu’on ne pourrait pas faire une descente sur les lieux, chez M. Coomans de Brachène ?”, demande-t-il à la présidente de la cour d’assises. “Ou au moins, avoir un devoir d’enquête pour montrer la vue depuis le magasin d’antiquités ?”

Il note ensuite que M. Coomans de Brachène “est tout près” de Mme Sainderichin “qui elle n’a pas vu la casquette”.

“On peut projeter Google Maps ou Google Street View pour montrer les lieux“, propose un avocat des parties civiles. “N’ayant pas ces connaissances, peut-on le faire maintenant ?”, propose Me Courtoy. La présidente explique qu’elle doit d’abord donner son accord. Ce ne sera donc pas pour tout de suite.

15h40 – Question

Me Courtoy affirme qu’il y a eu deux auditions de Henri Coomans de Brachène, dont une fois par téléphone. Le témoin nie. La présidente rapporte que le coup de téléphone ne concernait pas une audition mais une demande de renseignement. Le témoin ne se souvient pas des propos qu’il aurait tenus à ce moment-là.

L’audition se termine là-dessus.

15h37 – Blouson bleu

Le témoin rapporte que le tireur “savait ce qu’il faisait” et n’est pas apparu chamboulé en sortant : “Il avait une démarche normale”. Il confirme qu’il n’a pas vu son visage.

Le témoin demande ensuite de voir le fameux blouson bleu : “Cette couleur m’a frappé”, dit-il. “Ce devait être ça, dans cette tonalité-là”, explique-t-il après avoir scruté la veste.

Un juré demande à Henri Coomans de Brachène s’il avait vu si l’auteur avait des lunettes. Il dit qu’il n’a pu le voir.

15h33 – “Une casquette”

Henry Coomans de Brachène confirme qu’il a vu le tireur récupérer posément ses deux sacs, après avoir remis l’arme “de guerre” dans un sac. “Il portait une casquette, un pull bleu métallique”, explique-t-il. “Il est parti vers la droite, d’un pas normal, sans se presser”.

Il explique s’être ensuite assuré que la police et les ambulances avaient bien été appelés. Il confie ne pas être rentré dans le musée, et a demandé à une cliente qu’il connaissait de demander à son mari, médecin, d’aller prodiguer les premiers soins. C’est le premier médecin qui est arrivé sur place : “Il m’a dit par la suite qu’ils étaient tous morts”.

15h29 – Deux sacs

Il explique que son commerce est en face du Musée juif et qu’il peut voir depuis son magasin une partie du couloir vers le musée. Il confie avoir entendu des coups, “comme des gros pétards”. “Je suis un ancien chasseur mais ces premiers coups que j’entends, je me suis dit que c’était des gros pétards”, explique-t-il.

“Je lève la tête et je regarde : je vois dans le couloir une masse étendue sur le sol, et un homme qui se penche sur quelque chose au sol et qui semble tâter quelque chose”, dit l’antiquaire. “La personne se relève, prend deux sacs calmement et va vers le fond, c’est ma première impression. Arrivé devant l’escalier, il dépose ses sacs et prend une crosse d’une arme de guerre. Je me suis dit : ‘ohlà’. Je reste en attente, et j’entends une brève première rafale puis une seconde rafale, aussi brève et nette”.

15h25 – Henry Coomans de Brachène

On passe à l’audition de l’antiquaire Henry Coomans de Brachène, qui a été un témoin visuel de la fusillade du 24 mai 2014. Plusieurs témoins ont déjà été interrogés la semaine dernière et un seul a jusqu’ici reconnu formellement Mehdi Nemmouche.

15h22 – Commentaire

Nouveau commentaire de Me Courtoy sur cette dernière audition. Il appuie sur le fait que deux mois avant les faits, Mehdi Nemmouche serait sans le sou et aurait été mendier un plat de pâtes chez Laurie Stehle. “Le procureur va dire qu’il a ramené un magot de Syrie. On voulait expliquer ce qu’il lui est vraiment arrivé aujourd’hui, mais dans un tel climat de haine, on va attendre plus tard quand ce sera apaisé”, affirme-t-il.

Et sur l’affaire du chien, “je rappelle que les poils d’animaux, ça peut donner de l’asthme”, affirme-t-il. Il pointe enfin le fait que le cousin d’Imed Hassani vit à Nice, ce qui appuierait la théorie d’un trafic de voitures dans le sud de la France.

15h18 – Decathlon

Me Hirsch, avocate du CCOJB, demande si Laurie Stehle se rappelle d’un coup de téléphone de Mehdi Nemmouche à son mari Imed Hassani, lui demandant d’aller acheter des affaires chez Decathlon. Elle dit qu’elle ne se souvient pas.

Me Courtoy, avocat de Mehdi Nemmouche, demande pour sa part si Laurie Stehle se souvient que Mehdi Nemmouche lui a dit qu’il cherchait un travail dans le jardinage : “Non, il cherchait des petits boulots, c’est tout ce que je sais”.

L’audition de Laurie Stehle se termine sur cette question.

15h16 – Cousin

Me Blot, avocat de Nacer Bendrer, demande l’origine des 5.000 euros retrouvés lors de la perquisition de la maison d’Imed Hassani et de Laurie Stehle. Elle confirme que 2.000 euros de ces 5.000 euros venaient du fameux cousin d’Imed Hassani, venu de Nice. Ce dernier lui avait prêté de l’argent “quand Imed est allé en prison, pour m’aider”, dit-elle.

Le cousin d’Imed et Imed se voient-ils souvent ? “Deux fois par an, au maximum“, dit Laurie Stehle.

L’avocat demande si le cousin d’Imed Hassani et Mehdi Nemmouche se connaissent. Laurie Stehle dit qu’elle ne pense pas. L’avocat rapporte des liens en prison entre le cousin et Mehdi Nemmouche, Laurie Stehle rapporte qu’elle n’est pas au courant.

15h13 – Le jour de la visite

Me Courtoy demande à Laurie Stehle de dater le jour de sa venue. “Je pense qu’il est venu trois semaines avant la perquisition chez nous”, dit-elle. “La date exacte, je ne sais pas”. Soit trois semaines avant le 1er juin. Me Courtoy explique que dans l’audition, elle avait dit vers le 20 mars, soit le jour de l’anniversaire d’Imed Hassani.

Il demande encore si Laurie Stehle a vu Mehdi Nemmouche avec une voiture lors de sa visite : “Non”.

Il finit enfin avec une question sur le cousin d’Imed Hassani : a-t-il eu des problèmes avec la justice ? “Oui, pour des trafics de voitures”.

15h08 – Les pâtes

Me Lurquin, avocat de Mme Billeke Villalobos, s’étonne du fait que Mehdi Nemmouche est resté dehors parce qu’il avait peur du chien. Laurie Stehle répète qu’il voulait rester dehors, et ne voulait pas rentrer. “Je pense qu’il était aussi gêné que je lui cuisine des pâtes”, explique la témoin. “Non, je n’ai pas peur de lui”, répond-elle encore à la présidente. “Mais on aurait dit quoi s’il était rentré ? On ne se connaît pas, on n’a jamais eu de conversation”.

Me Lurquin demande encore à Laurie Stehle comment elle sait que Mehdi Nemmouche est “intelligent”, “très gentil”, etc. “Je l’entendais parler avec mon mari, ils discutaient beaucoup entre eux”, explique-t-elle.

15h05 – Photo

Me Marchand, avocat d’Unia, demande si Laurie Stehle a reconnu Mehdi Nemmouche sur les photos proposées de la vidéosurveillance du Musée juif. “Non, je ne le reconnaissais pas”, explique-t-elle. “Quand on m’a dit que ce pouvait être Mehdi, j’ai dit : ‘oui’. On ne voit rien sur la photo”.

15h02 – Contacts

Laurie Stehle répète : “On n’est pas très proche avec Mehdi Nemmouche, je l’aidais quand il me le demandait mais on ne discutait pas ensemble“. La présidente lui rappelle que lors de son audition, Mehdi Nemmouche lui avait dit qu’il allait rejoindre un ami à Paris : “Je ne m’en rappelle pas mais j’imagine que si j’ai dit ça, c’est qu’il allait faire ça”.

Elle confirme qu’elle n’a plus eu de nouvelle depuis de Mehdi Nemmouche depuis ce plat de pâtes. Elle explique que son mari, Imed Hassani, est désormais fiché S “suite à cette histoire”, “à ce procès” et qu’il n’a donc pas cherché à avoir d’autre contact avec Mehdi Nemmouche.

14h59 – Famille

La présidente lui demande si Mehdi Nemmouche évoquait ses liens avec sa grand-mère ou avec sa famille d’accueil. Laurie Stehle confie qu’il ne se livrait pas et que son mari ne parlait pas de ça avec Mehdi Nemmouche. Pendant ce temps, l’accusé dans son box reste souvent les yeux fixés face à lui ou au sol.

14h57 – Nouvelle visite

Laurie Stehle confirme que son mari et Mehdi Nemmouche n’ont pas eu de contact entre mars et mai 2014. “Ils n’ont pas eu de contact, mon mari était à l’isolement quand il était en prison à ce moment-là”, explique-t-elle.

Elle explique que Mehdi Nemmouche est venu à nouveau à sa rencontre. Il lui avait demandé de l’argent pour manger. “Je lui ai proposé de lui faire à manger car ça me fendait le coeur. Je lui ai fait des pâtes et il les a mangées dehors parce qu’il avait peur de mon chien”, dit-elle. “Il ne m’a pas dit après qu’il allait sur Bruxelles”. Elle confirme également qu’elle n’est venue que deux fois à Bruxelles, “à chaque fois pour ce procès”. “Moi, je pensais que Mehdi était retourné sur Tourcoing, je ne savais pas qu’il avait été vivre à Bruxelles”.

14h53 – “Plus mature”

Laurie Stehle a vu, avec son mari, Mehdi Nemmouche à sa sortie de prison. Elle dit : “Je ne trouve pas qu’il a changé. Peut-être mentalement. Mais comme ça, il n’a pas changé, je trouve”.

Elle l’a également vu à son retour de Syrie : “Je le trouvais changé. On pensait qu’il allait faire sa vie, se marier, on était content qu’il soit revenu. Il apparaissait plus mature, c’était la première fois que je le voyais en costume”.

Laurie Stehle apparaît quelque peu désorientée, répétant plusieurs fois ‘Je ne sais pas’.

14h50 – “Du gâchis”

Laurie Stehle décrit Mehdi Nemmouche comme quelqu’un de “respectueux”, “un bon garçon”. Elle dit qu’elle n’imaginait pas Mehdi Nemmouche capable de faire de tels actes. “Si c’est ça, c’est du gâchis”, dit la témoin. “C’est inexplicable. Aujourd’hui, j’ai plus trop envie de penser à ça car c’est quelque chose qui nous a chamboulés. J’ai envie de nous détacher de tout ça”, explique-t-elle, visiblement déboussolée.

“Moi, franchement, les seuls amis que je connais, c’est mon mari et des amis d’enfance qui sont loin de tout ça. Ce sont les seuls que je connais et ils ne sont pas du tout radicalisés”, confie Laurie Stehle.

14h47 – Syrie

Laurie Stehle confirme que Mehdi Nemmouche a envoyé des lettres à Imed Hassani, elle confie qu’elle ne sait pas précisément ce qui se disait dans ces lettres.

La présidente lui demande d’évoquer sa discussion avec Mehdi Nemmouche après son retour en Syrie. “S’il avait pu, j’imagine que mon mari l’en aurait dissuadé”, explique Laurie Stehle. “Mehdi a contacté mon mari depuis la Syrie. Il demandait des nouvelles amicales. À chaque fin d’appel, mon mari se disait que c’était la dernière fois qu’il l’avait au téléphone. Je ne pense pas qu’il parlait de ce qu’il se passait en Syrie”.

La présidente demande à Laurie Stehle pourquoi Mehdi Nemmouche a pu partir en Syrie : “Je pense qu’il est parti à la guerre. Je ne sais pas, j’avoue que je ne suis pas l’actualité, je ne sais pas qui est contre qui”.

14h39 – En prison

Laurie Stehle explique que depuis 2007, “quand ils sont tombés en prison ensemble”, son mari Imed Hassani et Mehdi Nemmouche ne se sont plus vus qu’une ou deux fois. Son mari a été pris pour des vols et trafics de voiture, “mais pas de stupéfiants”, confirme-t-elle.

Imed Hassani et Laurie Stehle se sont installés dans le sud en juillet 2007, et Hassani et Nemmouche ont été arrêtés en décembre 2007. Laurie Stehle s’est ensuite réinstallé en février 2008 à Tourcoing. Imed Hassani est sorti de prison en mars 2010 après avoir purgé sa peine de prison dans le Nord, donc sans Mehdi Nemmouche.

14h36 – Imed Hassani pas présent

Laurie Stehle, aujourd’hui mère de deux enfants, est la compagne d’Imed Hassani. Ce dernier est atteint de la maladie de Lyme et ne peut être présent ce jeudi. “Il y a des phases où ça va, là où ça va”, explique-t-elle. La présidente demande s’il peut venir la semaine prochaine : “S’il va mieux, oui. Mais on ne sait pas”.

“Je connais bien Mehdi Nemmouche, je l’ai rencontré il y a 13 ans”, explique Laurie Stehle. “Je l’ai connu peut-être un ou deux ans après avoir connu mon conjoint. Mais je ne le voyais pas souvent à l’époque”.

14h35 – Audition de Laurie Stehle

La présidente de la cour d’assises annonce qu’on va finalement réaliser l’audition de Laurie Stehle d’abord. En effet, avant les commentaires des auditions, il faudra lire les témoignages des deux autres journalistes français, absents ce jour. “Cela risque de prendre du temps”, annonce la présidente. On passe donc à l’audition de Laurie Stehle.

14h31 – L’audience reprend

L’audience devait reprendre à 14h00 à la cour d’assises de Bruxelles, elle a finalement eu une demi-heure de retard. On va passer aux commentaires autour des auditions de Nicolas Hénin et de Didier François, les deux ex-otages français en Syrie.

Grégory Ienco, avec Belga – Photos : illustration Belga

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07 février 2019 - 19h15
Modifié le 07 février 2019 - 19h20