Accord sur la crise de l’accueil : “On ne voit toujours pas de prise de conscience structurelle”

Les réactions s’enchainent suite à l’accord trouvé par le Conseil des ministres en matière d’asile.

Un premier paquet de mesures en matière d’asile a été approuvé par le Conseil des ministres, peu avant 1h ce jeudi.Le statu quo en matière de migration est intenable. Les réformes, tant au niveau belge qu’européen, nous donnons plus de contrôle sur la migration“, s’est réjouie la secrétaire d’État à l’Asile et la Migration, Nicole de Moor.

Suite à celles-ci, les réactions ne se sont pas faites attendre.

“Un pas dans la bonne direction“, a affirmé jeudi le ministre-président de la Région bruxelloise, Rudi Vervoort, sur le plateau matinal de LN24. “Cela fait des années que nous dénonçons cette situation où la Région a été amenée à se substituer au Fédéral pour l’accueil des sans-papiers, mais même des demandeurs d’asile, et tout cela en plus des sans-abri“, a rappelé M. Vervoort.”Nous attendions une solution structurelle depuis des années, et je pense que maintenant, on va dans la bonne direction. Ce ne sera sans doute pas parfait, mais il y a eu des centaines, des milliers de condamnations de l’État, ce n’est pas acceptable dans un État comme le nôtre“.

Sotieta Ngo, la directrice générale de l’ASBL Ciré (Coordination et initiatives pour réfugiés et étrangers) “Ça fait 18 mois que des annonces sont faites, 18 mois que cette crise de l’accueil prend des proportions qu’on a rarement connues en Belgique. Cela touche des publics très vulnérables parfois. On espère que ce n’est pas de nouveau qu’un effet d’annonce” s’inquiète la directrice. “On nous dit 4000 places. Une partie de nouvelles places et une partie de places libérées par des départs. L’objectif, c’est que tout le monde ait son droit à l’accueil respecté d’ici à l’hiver 23-24. Je serai prudente sur la réaction, car c’est aujourd’hui qu’il faut que les gens soient protégés.”  Elle regrette que l’ “on voit apparaitre la lutte contre les abus, le renforcement des politiques d’expulsion alors que ce qui pose problème, c’est surtout le non-respect de l’état de droit et le droit des personnes en Belgique. On espère que sous prétexte d’annonces de mesures, on n’est pas en train d’assister à une restriction en matière de regroupement familial, en matière de droit à l’exercice de recours et de s’opposer à une procédure d’expulsion.”

Pour Sybille Gioé, vice-présidente de la Ligue des Droits Humains, la logique des centres d’accueil est problématique. “À chaque fois qu’il y a un conflit qui se développe dans le monde, on va avoir une proportion plus importante de personnes déplacées qu’il va falloir accueillir. Lorsque les conflits se calment, cette pression diminue. La logique de créer des places dans l’urgence et les réduire quand il y a moins de personnes va systématiquement et structurellement apporter le type de crises auxquelles on a été confrontées cette dernière année et demie. Regrette-t-elle. “On ne voit toujours pas de prise de conscience structurelle. L’utilisation des 700 conteneurs, si elle peut répondre à un besoin d’urgence, doit être scrutée avec vigilance. Ces conteneurs sont également utilisés dans des hot spots où les conditions inhumaines et dégradantes ont déjà été dénoncées. Il n’est pas question de créer en Belgique des camps tels que nous les avons vus aux frontières de l’Europe.”

■ Interviews de Sotieta Ngo Directrice générale ASBL “Ciré” et Sybille Gioé, vice-présidente de la Ligue des Droits Humains

A.C.