Sécurité, mobilité, vivre-ensemble: ce qu’il faut retenir du débat des têtes de liste régionales

C’est en direct du parlement bruxellois qu’avait lieu notre débat ce mardi 04 juin. Fabrice Grosfilley avait face à lui dix têtes de listes à la Région bruxellois : Bernard Clerfayt (DéFI), Christophe De Beukelaere (Les Engagés), Françoise De Smedt (PTB), Sven Gatz (Open VLD), Zakia Khattabi (Ecolo), Ahmed Laaouej (PS), David Leisterh (MR), Ans Persoons (Vooruit),  Cieltje Van Achter (N-VA) et Elke Van den Brandt (Groen).  

Plusieurs thématiques liées aux compétences régionales ont été abordées. En voici un condensé :  

Budget

La situation budgétaire de la Région bruxelloise n’est peut-être pas désespérée, mais elle est grave. Suffisamment grave pour que le prochain gouvernement soit contraint de prendre des mesures d’assainissement. C’est l’un des enseignements de ce grand débat, résumé par Fabrice Grosfilley dans son édito ci-dessous. 

Quels sont les enjeux de la sécurité à Bruxelles ? 

Dans le contexte d’une augmentation de la criminalité liée au trafic de drogue, plusieurs partis ont mentionné l’urgence d’augmenter le contrôle au port d’Anvers, comme Groen, le PTB, le PS et DéFI. Ahmed Laaouej cible le lobby économique du port d’Anvers qui bloque l’augmentation des mesures de sécurité. 

Sur la question de la fusion des zones de police bruxelloises, les quatre partis flamands présents y sont favorables : ils mentionnent un meilleur circuit et une meilleure organisation entre les zones, ainsi qu’une efficacité semblable peu importe le quartier. 

DéFI s’oppose au fusionnement des zones de police : pour eux le parquet a déjà la charge de coordonner les zones. Les Engagés rappellent que la question de la fusion des zones de police a été étudiée sous l’impulsion de Jan Jambon et que les résultats démontrent un coût plus important et une perte de service de proximité. Pour le PS, il faut une meilleure collaboration entre les zones mais les maintenir distinctes pour continuer le travail de proximité. 

La police bruxelloise reste pourtant une priorité pour la plupart des partis. Groen, DéFI, Les Engagés, le PS et le PTB se sont exprimés sur l’importance d’avoir plus de policiers à Bruxelles. Les socialistes ont chiffré à minimum 800 policiers supplémentaires. 

DéFI pointe aussi du doigt le déficit de financement par policier à Bruxelles, comparé aux autres régions. Pour Ecolo, il est nécessaire de donner plus de moyens aux forces de police locale, notamment des moyens informatiques : le fédéral doit investir. Les Engagés proposent d’équiper aussi les agents de sécurités de la STIB pour leur permettre d’agir.  

Certains partis se sont aussi exprimés sur l’importance, dans le cadre d’une augmentation du narco-trafic, de prendre des mesures aussi à destination des consommateurs. Pour le PTB, il faut un plan social pour prendre soin des personnes sous addictions. Une importance de prévention et une approche sanitaire que valident Ecolo et Groen. Vooruit rajoute qu’il faut lever le tabou autour des salles de consommation. Pour la N-VA et le MR, il faut changer de paradigme et mettre fin à l’impunité et poursuivre davantage. Il faut des vraies peines, plus efficaces, notamment pour les consommateurs de drogue. Et investir davantage dans la sécurité. 

Les Engagés, PTB et Vooruit soutiennent également l’importance de faire suivre les questions de sécurité au niveau de la justice et qu’un réel relais soit pris, notamment sur le contrôle des flux d’argent. DéFI rappelle l’urgence de recruter des magistrats. Pour le PS, Vooruit et Ecolo, il faut évidemment une meilleure collaboration avec le fédéral et entre les zones sur les enjeux de blanchiment d’argent et de trafic. Ecolo plaide pour la création d’un parquet financier dédié à la lutte contre le blanchiment d’argent. 

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Comment voyez-vous la mobilité en région bruxelloise ? 

Ecolo souhaite renforcer la politique d’accompagnement menée pour apaiser les quartiers. Vooruit parle de continuer les ambitions de Good Move mais de repenser certaines choses quant à l’accompagnement des citoyens pour que tous se sentent entendus. Bernard Clerfayt de DéFIpartage la philosophie Good Move” et entend continuer dans ce sens, avec un accent sur le développement des transports en commun. Le PS souhaite réparer la fracture et impliquer les citoyens. Ils sont en faveur d’un renforcement des transports en commun mais de ne pas pointer du doigts ni de compliquer la vie de ceux qui ont besoin de leur voiture. Le PTB veut plus de fluidité, réinvestir dans la STIB avec la gratuité des transports. Ils appuient aussi sur l’importance de la consultation des quartiers. Groen prône la continuité des projets entamés pour apaiser la vile. Pour le MR, il faut renforcer le réseau de trains à Bruxelles, en travaillant avec le fédéral : plus de passages, plus de communication et des meilleurs tarifs.  

Les Engagés dénoncent le dogmatisme de Good Move : il faut changer la méthode et demander l’avis de la population en évaluant directement le dispositif. La N-VA déplore que Good Move ait creusé le budget de la région. Ils souhaient plutôt des transports propres et sûrs, une autre politique de stationnement, par exemple hors voirie. Et développer les pistes cyclables. Enfin pour l’Open Vld, il faut apaiser les quartiers et mettre en oeuvre le projet de taxe kilométrique Smartmove. 

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Sur la question du métro 3, Vooruit estime qu’on en a besoin, qu’il faut continuer à investir dans nos transports. Le PTB demande la fin des investissements dans le métro 3 qui font couler la région. Ecolo prône la recherche d’alternatives de surface et DéFI se déclare partisan du métro 3, rappelant que les coûts s’amortissent sur un siècle. 

Et sur la zone de basse émission, les partis se sont prononcés sur l’adaption du calendrier :  

Pour DéFI et Vooruit, le calendrier est annoncé depuis longtemps : des adaptations légères peuvent être acceptées mais il faut se concentrer sur l’objectif : une meilleure qualité de l’air. L’Open Vld et la N-VA sont également d’accord pour un léger report, tout en gardant le cap de l’objectif. Cieltje Van Achter propose aussi une coordination avec les autres grandes villes belges. Les Engagés demandent une prise en compte de différentes réalités, comme la crise du covid, les difficultés économiques ou encore le marché de la voiture électrique en Belgique : il faut décaler de 6 mois puis évaluer. Ecolo et Groen ne souhaitent pas changer le calendrier mais accompagner davantage ceux qui auront le plus de difficultés à adopter ces changements. Ces mesures sont justement problématiques pour le MR, qui demande d’adapter le calendrier. Pour le PS et le PTB, on reporte : la population n’a pas les moyens de passer à la voiture électrique. 

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Vivre-ensemble

Les candidats ont pu s’exprimer sur les mesures concernant le port du voile, notamment à la STIB.

Pour Vooruit, aucun problème de porter des signes religieux, chacun doit être accepté comme il est. Groen et le PTB souhaitent enlever les barrières qui discrimineraient les femmes à l’embauche. L’important pour Elke Van den Brandt, c’est un service objectif. Ecolo plaide pour une neutralité inclusive. Le PS ne croit pas à la neutralité d’apparence et s’étonne qu’on puisse juger sur ces éléments : le parti dénonce de la discrimination. Les Engagés sont en faveur de la neutralité des services publics, pour les métiers en contact avec le public et des fonctions d’autorité. Mais cela ne doit pas concerner les métiers en back office. Pour l’OpenVld, la neutralité est la règle, mais des exceptions pragmatiques sont autorisées sauf pour des fonctions d’autorité et des contacts avec le public. DéFI prône des services publics accueillant de tous : quand il y a un contact avec du public, il faut être le plus neutre possible. Dans la sphère privée, chacun est libre. La N-VA et le MR marquent leur accord : la neutralité doit être la règle.  

Alliances 

Concernant les alliances, les partis se sont projetés dans les discussions de coalition qui suivront les élections.

  • Pour Groen, c’est oui avec Ecolo, non avec le Vlaams Belang. 
  • Le PTB est en faveur d’une coalition de gauche mais ne montera pas au gouvernement avec le MR. 
  • Selon l’Open Vld, il s’agit de stratégies : le peuple doit s’exprimer et les partis feront en fonction. Il est exclu cependant pour eux de faire une coalition avec les extrêmes. 
  • Pour la N-VA, c’est non au PTB et au Vlaams Belang et de préférence le PS et Ecolo dans l’opposition 
  • Le PS est en faveur d’un gouvernement progressiste et c’est “non aux fachos”. 
  • Avec DéFI ce sera “sans les communistes” et sans la N-VA.  
  • Les Engagés tournent le dos au PTB et au Vlaams Belang. Ils souhaiteraient ne pas devoir faire de coalition avec la N-VA mais s’apprêtent à ne pas avoir le choix. 
  • Vooruit souhaite attendre que les citoyens s’expriment. Le Vlaams Belang est exclu. 
  • Ecolo est en faveur d’une coalition avec Groen. C’est également un non avec le Vlaams Belang. 
  • Et enfin pour le MR, non au PTB et non au Vlaams Belang.