Le Bureau Fédéral du Plan a évalué les programmes: le PS se félicite, le MR répond

Si l’on met en oeuvre les propositions prioritaires des partis politiques après les élections, le déficit budgétaire ne passera pas sous la barre des 3% en 2029, conclut le Bureau Fédéral du Plan (BFP) qui a présenté mardi son évaluation chiffrée des programmes électoraux.

Pour la deuxième fois en Belgique, le Bureau du Plan a passé au crible les 301 mesures prioritaires que lui ont soumises les douze partis représentés à la Chambre en vue du scrutin du 9 juin. Parmi les critères pris en compte figure leur impact sur les finances publiques en sachant que ce point sera l’un des grands enjeux de la législature à venir à l’heure où l’Europe a réinstauré sa discipline budgétaire. La Belgique a enregistré un déficit budgétaire de 4,4% l’année dernière. La Commission européenne demande que le pays repasse sous le seuil des 3% d’ici 2028.

A politique inchangée, la Belgique présentera un déficit de 5,6% en 2029. La N-VA se situe en haut du classement, en agissant majoritairement sur la réduction des dépenses, avec un déficit qui atteindrait 3,6%, suivi par le PS à 4,5% qui agit en revanche davantage sur les recettes.

En bas du classement se situent le Vlaams Belang et le MR avec un déficit estimé respectivement à 7,5% et 7,6%, les libéraux ayant soumis essentiellement des réductions importantes d’impôts au Bureau du Plan. Ces deux partis offrent en revanche une perspective de croissance économique plus importante.

“Pour pouvoir mettre de l’ordre dans les finances publiques, on peut utiliser des leviers très différents mais les propositions soumises ne suffiront pas pour répondre aux exigences européennes”, a souligné le directeur de l’institution, Baudouin Regout. Les mesures d’ordre fiscal et parafiscal constituent un quart des propositions soumises par les partis. Plusieurs partis proposent de taxer les revenus du patrimoine d’une manière ou d’une autre. Une telle imposition peut avoir un “effet important”, relève le BFP. “Ce débat sur la taxation sur les revenus du patrimoine vaut la peine d’avoir lieu”, a fait remarquer M. Regout.  L’évaluation réalisée se veut neutre politiquement. “Ce chiffrage ne porte pas de jugement, il s’agit d’informer le citoyen de manière neutre et impartiale, et non de le conseiller”, a averti M. Regout.

 

Le PS se félicite, le MR répond

Le PS s’est félicité des résultats de l’évaluation chiffrée des priorités politiques réalisées par le Bureau du Plan. Il s’en est pris aussi au MR dont la mise en oeuvre des priorités aggraverait le déficit budgétaire et la dette.

“Le PS est le meilleur du côté francophone. Non seulement, on réinvestit dans les salaires, dans la santé, dans les services publics. On fait tout ça en ne faisant que payer les 2 à 3% les plus riches et on parvient en plus à faire contrôler la dette et le déficit public. Et qui est le pire du côté francophone? Je vous le donne en mille: c’est le MR. Ce n’est pas étonnant: c’est un parti qui veut pratiquer l’austérité: six milliards de cadeaux fiscaux à ceux qui n’en ont pas besoin et qui vont aggraver le déficit public et la dette qui passerait au-dessus des 120%” a déclaré M. Magnette sur X.

Sur le réseau social, les libéraux ont mis en avant la hausse de croissance économique et de pouvoir d’achat ainsi que la diminution de charges salariales et d’émission de CO2 qu’entraînerait la mise en oeuvre de leurs priorités. “Le Bureau fédéral du plan confirme que nos mesures fiscales efficaces profiteront à tous les Belges en stimulant la croissance économique, la création d’emplois, et la protection de l’environnement”, a souligné M. Bouchez.

Le Bureau du Plan épingle toutefois un déficit public qui passerait à 7,6% et une dette publique à 121,5% d’ici 2029 si les vastes réductions d’impôt du MR étaient mises en oeuvre. “Nous ne laissons pas courir le déficit mais le Bureau du plan n’a pu évaluer l’impact de certaines de nos mesures comme le budget base zéro car elles ne rentrent pas dans leur modèle. Quant aux socialistes, ce qu’ils font, c’est réduire le revenu des ménages avec leurs impôts en plus. Quand on voit l’état de la Wallonie et de Bruxelles, leurs leçons sont plus risibles qu’autre chose”, a ajouté le président du MR.

 

Pour réaliser ses estimations, le Bureau du Plan a respecté une série de balises. Il n’a donc pas été en mesure d’évaluer toutes les propositions qui lui ont été soumises. Il a ainsi exclu les propositions hors des huit catégories prédéfinies (fiscalité, énergie, politique économique, etc.), qui seraient contraires à la Constitution et aux règles européennes ou modifieraient trop profondément le système socio-économique belge et qui seraient dès lors impossibles à évaluer de manière rigoureuse.

Dès lundi, le PTB a dit accueillir avec “beaucoup de scepticisme” les résultats. Il a notamment invoqué un refus de calculer des mesures “systémiques” (comme la nationalisation du secteur énergétique) et des modèles utilisés qui seraient, selon lui, basés sur une logique “néolibérale”. “Le chiffrage du programme dans ce cadre ne peut pas servir de guide pour trancher le débat politique. Nous avons maintenant besoin d’une bataille d’idées et non pas de réduire uniquement le débat en un débat technique de comptables dans le cadre des politiques d’austérité européennes”, a affirmé le directeur du service d’études du PTB, David Pestieau.

“Ecolo est le parti le plus vert, et le plus juste. Le Bureau du plan le confirme!”, a soutenu Ecolo. “Il augmente les revenus des personnes qui en ont le moins et corrige les inégalités. Nous sommes également, avec Groen, le parti dont les mesures contribuent le plus à réduire les émissions de gaz à effet de serre, responsables des dérèglements climatiques”.

“En résumé, nos mesures : (1) Créent de l’emploi ; (2) Diminuent la dette ; (3) Diminuent les émissions de CO2 ; (4) Améliorent la croissance économique”, ont lancé les Engagés. Les centristes ont remercié le Bureau du plan pour son travail. Ils regrettent toutefois que leur proposition de réforme fiscale globale n’ait pu être prise en compte car elle ne rentrait pas complètement dans le périmètre du chiffrage du BFP. Selon eux, à l’avenir, il faudra veiller à ce que l’institution soit en mesure de mieux appréhender les effets à long terme de mesures structurelles sur 10 à 20 ans et tenir compte de l’impact des propositions sur la santé

Avec Belga