Les primes Bruxell’AIR devront reprendre leur deuxième souffle
Abandonner sa voiture pour se donner un peu d’air et opter pour des modes de déplacements plus durables, c’était l’idée des primes Bruxell’AIR, mises en place par la Région bruxelloises dès octobre 2006. En pratique, le candidat, soit remet la plaque d’immatriculation de son véhicule à la DIV (Division de l’Immatriculation des Véhicules) en échange d’un « pack mobilité » d’une durée d’un an, soit radie sa plaque et fait détruire son véhicule de plus de dix ans contre un pack Mobilité plus conséquent et de plus longue durée.
Nous nous sommes procuré les statistiques de cette prime relativement peu connue du grand public. Après des débuts timides dus à la phase de lancement, ces primes ont eu un vrai succès de 2007 à 2011. Ainsi en 2007, 1760 dossiers ont été accepté. Le pic s’est située en 2008 avec 1847 dossiers pour retomber graduellement à un peu plus de mille (1087) dossiers acceptés en 2011. Pendant ces cinq années, ce sont les “packs mobilité” constitués d’un abonnement MTB d’un an, associé à un abonnement au système de voitures partagées Cambio qui ont été plébiscités.
Dès 2011-2012, les primes ont de moins en moins de succès. 879 dossiers acceptés en 2012; mais plus que 520 en 2016, soit plus de 3 fois moins que 8 ans plus tôt. L’année 2017 devrait être du même tonneau puisque 457 dossiers ont été acceptés sur les 9 premiers mois de l’année. En presque 11 années, 12 253 Bruxellois ont donc abandonné temporairement ou définitivement leur voiture pour une meilleure mobilité.
Quel a été le choix “pack mobilité” des candidats au grand changement ? Pour la radiation simple de la plaque, c’est clairement l’association de l’abonnement MTB et de Cambio qui a les faveurs. Quoique depuis 2 ou 3 ans, l’écart avec le pack comprenant un abonnement Cambio et une prime vélo de 505 euros maximum, se réduit très fort. Les deux formules sont à égalité stricte en octobre 2017. L’attractivité pour l’aide à l’achat d’un vélo ou de ses accessoires paraît donc assez marquée. Même s’il n’y a pas de chiffres à ce propos, l’apparition de vélos à assistance électrique fiables ne doit pas être étrangère à ce sursaut.
La radiation associée à la destruction du véhicule de plus de dix ans est très logiquement choisie plus rarement par les candidats au changement. Bon an mal an une centaine de dossiers ont été acceptés avec un pic en 2007 et une cinquantaine seulement en 2016. La tendance est encore à la baisse pour les 9 premiers mois de 2017.
Quelles conclusions doit-on en tirer ? Tout d’abord, la formule, si elle a séduit au début, relayée notamment par les médias, mériterait aujourd’hui une bonne promotion. Peu de Bruxellois la connaissent ou savent qu’elle existe encore. Ensuite, constater que la part du vélo dans le choix des alternatives n’a cessé d’augmenter. Peut-être faudra-t-il imaginer de nouvelles formules axées notamment sur l’assistance électrique et augmenter la prime. Le partenaire de voitures partagées Cambio n’est plus seul sur le “marché”. Depuis 10 ans, l’offre a explosé avec l’apparition de voitures et de vélos partagés en “free floating” et en station. Clairement, l’offre des “packs mobilité” proposée aujourd’hui ne correspond plus à la demande.
Et justement, il y a un accord de principe à Région bruxelloise pour dépoussiérer ces primes. Espérons que cela soit réalisé avant la fin de cette législature. Alors que la Région vient de lancer la zone de basse émission (LEZ), effective ce 1er janvier et qui condamne les véhicules les plus polluants à disparaître.
Photos : Belga