Une nouvelle hypothèse pour expliquer l'expansion de la banquise antarctique

Des chercheurs de l’Université catholique de Louvain (UCL) ont cherché à comprendre pourquoi la banquise antarctique s’est étendue entre 1975 et 2015, alors que la banquise arctique n’a cessé de fondre. Leur étude, dont les résultats sont publiés mardi dans la revue scientifique “Nature Communications”, laisse à penser que la rétroaction océan-glace y est pour quelque chose.
L’équipe de scientifiques en question, dirigée par le chercheur au centre de recherche sur la terre et le climat Georges Lemaître de l’UCL, Olivier Lecomte, a étudié les variations de températures océaniques à différents niveaux de profondeur.

Leurs observations ont montré que, dans l’océan austral, de l’eau relativement chaude se situe en dessous de la couche froide occupant les 100 premiers mètres sous la surface. Cela entraîne des transferts d’énergie de l’océan vers la glace beaucoup plus importants que dans l’océan arctique. Ces échanges sont régulés par la formation de glace de mer. “Une modification de la couverture de glace peut donc réduire les échanges de chaleur verticaux. La chaleur censée remonter à la surface se retrouve piégée 100 à 200 mètres en dessous du niveau de la mer et ne peut plus faire fondre la glace en surface en été ou limiter sa croissance en hiver. Conséquences: un réchauffement en profondeur, un refroidissement de l’océan en surface et une accumulation de glace de mer. Cela porte un nom: la rétroaction positive océan-glace”, expliquent les chercheurs dans un communiqué publié mardi.

Selon les scientifiques, la rétroaction océan-glace est donc une hypothèse valable pour expliquer l’expansion de la banquise antarctique sur la période 1979-2015.

Par ailleurs, ce constat pourrait également expliquer la baisse drastique de l’expansion de la banquise antarctique entre 2016 et 2017, “cette rétroaction pouvant s’inverser”.

De nouvelles observations de la banquise et des températures océaniques sont toutefois nécessaires afin de confirmer ou d’infirmer cette nouvelle explication, liée aux échanges de chaleur entre l’océan et la glace.