Une comédie musicale fait swinguer le Brexit

C’est un Boris Johnson ébouriffé et paré d’un casque à vélo vert fluo qui chante et rappe face à un Vladimir Poutine démoniaque dans “Brexit: The Musical”, comédie musicale sur les coulisses tragi-comiques de la politique pré et post-Brexit. Au Canal Café Theatre, une petite salle de 60 places au premier étage d’un pub du quartier londonien de Little Venice, Boris Johnson, ventru et débraillé, est plus vrai que nature, tout en gouaille et calembours.

“Le truc pour jouer Boris, c’est surtout de prétendre que vous savez ce que vous faites tout en vous exprimant comme si vous n’aviez jamais la moindre idée de ce qui se passe”, a confié à l’AFP James Sanderson, l’acteur trentenaire déjà immergé dans son personnage.

A ses côtés, Nigel Farage (Jack Bradley), pinte de bière à la main, chante le peuple et la Britannia perdue quand Theresa May (RJ Seeley), caricaturée en Big Brother de ses ministres, mène d’une main de fer thatchérienne le bateau Brexit à la dérive.

Le chef de l’opposition Jeremy Corbyn (Stephen Emery), drôlement barbant, en prend aussi pour son grade quand Michael Gove (Chris Vincent), un Brexiteur du gouvernement Cameron, apparait en être chétif terrorisé par son épouse castratrice, la chroniqueuse du Daily Mail Sarah Vine.

“J’ai essayé d’être juste. Le truc c’est que le Brexit est un bazar total, que ce soit du côté européen ou britannique. Le monde n’a pas besoin du Brexit, c’est mon point de vue donc j’ai essayé de le rendre le plus ridicule possible sur scène”, a expliqué à l’AFP David Shirreff, ancien journaliste de l’hebdomadaire The Economist qui a écrit cette satire musicale.

Il n’en est pas à son coup d’essai. Auteur d’une trilogie de comédies musicales, il s’en était pris, dans “EuroCash”, son deuxième opus, au monde de la finance.

Il a écrit “Brexit: The Musical” en un mois, en juillet, et confie que Boris Johnson, “qui est un peu un clown et le personnage central” de ces rebondissements politiques, a été, pour l’auteur qu’il est, “un vrai cadeau”. “Je n’ai pas eu à inventer”, avec lui “tout est littéral”.

Sur la petite scène se pressent une trentaine d’autres personnalités politiques, de Donald Tusk à Jean Monnet, d’Angela Merkel à Jean-Claude Juncker, toutes interprétées par quatre acteurs et une actrice venus raconter, au son des accords joyeux d’un piano, ces mois historiques.

“Brexit: The Musical”, mis en scène par Lucy Appleby et composé par Frederick Appleby, se joue à guichets fermés jusqu’au 25 novembre avant quelques dates en janvier et février.