Entre Hitler et Israël, Erdogan juge "déplacé de se demander qui était le plus barbare"

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré qu’il était “déplacé de se demander qui était le plus barbare” entre Hitler et Israël, lors d’un entretien à une chaîne israélienne diffusé lundi soir. En juillet 2014, en pleine intervention israélienne à Gaza (opération baptisée “Bordure protectrice” par le gouvernement israélien), M. Erdogan avait accusé l’Etat hébreu d’avoir “surpassé Hitler en matière de barbarie”, provoquant un tollé.
Ces dernières déclarations surviennent alors que la Turquie et Israël se sont récemment réconciliés après une brouille de six ans provoquée par un assaut meurtrier de forces israéliennes contre une flottille turque cherchant à briser le blocus de la bande de Gaza.
Mais, loin de renier l’évocation d’Adolf Hitler, M. Erdogan a déclaré sur la chaîne privée Channel 2 qu’il était “très conscient” de la sensibilité liée au nom du responsable de l’élimination systématique de millions de juifs pendant la Deuxième Guerre mondiale.
Et d’ajouter: “Moi, je n’approuve pas ce qu’a fait Hitler, et je n’approuve pas non plus ce qu’a fait Israël. Quand il est question de la mort d’autant de gens, il est déplacé de se demander qui était le plus barbare”.
Renouant avec une rhétorique propalestinienne qu’il avait modérée pendant les négociations turco-israéliennes, M. Erdogan a affirmé qu’il lui était “impossible d’oublier les centaines, les milliers de personnes qui sont mortes quand ils (les militaires israéliens) ont frappé Gaza” en 2014.
La guerre de l’été 2014 entre Israël d’une part et le Hamas islamiste et ses alliés d’autre part a été la plus longue et la plus dévastatrice des trois guerres dans la bande de Gaza depuis 2008. Côté palestinien, 2.251 personnes, dont 551 enfants, ont été tuées, selon l’ONU. Côté israélien, 73 personnes, dont 67 soldats, ont été tuées et environ 1.600 blessées.
Israël et la Turquie ont procédé la semaine dernière à la nomination réciproque d’ambassadeurs, scellant une crise née de l’assaut mené en 2010 par les forces spéciales israéliennes contre le Mavi Marmara, un bateau turc faisant partie d’une flottille humanitaire qui se dirigeait vers la bande de Gaza.
Dix militants turcs qui se trouvaient à bord avaient été tués.
Le président Erdogan a qualifié de “tissu de mensonges” les affirmations selon lesquelles les soldats israéliens ont tenté d’éviter l’affrontement. “Nous avons tous les documents (…) Dix de nos frères sont tombés en martyrs”, a-t-il ajouté.