Au Châtelet, "standing ovation" pour "42nd Street"

Un public enthousiaste a salué debout les danseurs et chanteurs pour la première jeudi soir de “42nd Street”, dernière comédie musicale créée par le Théâtre du Châtelet avant sa fermeture en mars pour 30 mois de travaux. Décors rutilants, costumes à paillettes et numéros de claquettes virtuoses ont fait de cette ultime incursion du Châtelet sur les terres de Broadway un feu d’artifice.

“42nd Street”, adapté à la scène en 1980 à New York à partir d’un film culte outre atlantique de 1933, est emblématique pour ses “taps”, ses numéros de claquettes éblouissants.

Pour sa dernière production parisienne, le directeur du Châtelet Jean-Luc Choplin, qui part à la retraite à la fin de l’année, a confié la chorégraphie à un as des claquettes, le Britannique Stephen Mear, déjà aux manettes pour “Singin’ in the rain” en 2015.

Le résultat donne tout simplement envie de danser: “les claquettes ont ceci de spécial qu’elle rendent joyeux, c’est le meilleur antidote à la morosité”, souligne Stephen Mear.

“Il ne faut pas oublier que le film est sorti en 1933, juste après la grande dépression: c’est ce qui explique son succès, c’était du pur divertissement”, ajoute-t-il.

Le genre est un grand classique, dont le dernier avatar est sans doute le film “The artist” de Michel Hazanavicius. La doublure, jeune et talentueuse, finit par surpasser la star défaillante au dernier moment et devient une vedette.

“42nd Street” est comme “The artist” avec le cinéma muet, un hommage à un genre disparu: la grande revue américaine à paillettes, alignant ses “girls ” et son “chorus line” sur le plateau dans un ordre parfait.

Mais le spectacle est aussi traversé par les angoisses de la dépression de 1929: si le show devait fermer, il mettrait sur le carreau des dizaines de danseurs sans le sou, et une scène montre des gosses récupérant quelques piecettes à travers la grille d’une bouche d’égouts.

Les numéros dansés – avec pas moins de 46 interprètes en comptant les doublures – et les voix (notamment la voix sensuelle de la “star” sur le déclin, interprétée par Ria Jones) sont au diapason d’une production qui vient couronner dix ans de réhabilitation en France de la comédie musicale en VO, impulsée par Jean-Luc Choplin.