Schaerbeek : dix ans de prison pour “Mama Leather”, à la tête d’un réseau nigérian de prostitution
Esoke U., à la tête d’un réseau nigérian de prostitution et de traite d’êtres humains actif à Schaerbeek, a écopé mercredi devant la cour d’appel de Bruxelles d’une peine de 10 ans de prison. En mai, le tribunal correctionnel avait condamné cette femme et neuf autres prévenus à des peines comprises entre deux et 14 ans d’emprisonnement. La cour a également ordonné plusieurs saisies.
Esoke U., surnommée “Mama Leather”, obligeait des filles, parfois à peine âgées de 14 ans, à se prostituer dans l’une de ses 16 vitrines ou “carrés”. Les victimes étaient recrutées au Nigeria, où on leur promettait un avenir radieux en Europe.
Après avoir subi une cérémonie vaudoue, elles quittaient leur pays pour traverser le désert jusqu’en Libye et passaient ensuite par la Méditerranée jusqu’en Italie. “Mama Leather” était en contact avec des recruteurs au Nigeria et avec des trafiquants d’êtres humains en Libye. Un de ses acolytes allait chercher les filles en Italie et les emmenaient en Belgique. À Bruxelles, elles devaient se prostituer pour éponger une dette de 35.000 euros, de l’argent que “Mama Leather” avait, selon elle, déboursé pour les amener en Belgique. Celles qui refusaient étaient menacées et maltraitées, tandis que leurs familles devenaient la cible des sbires d’Esoke U. au Nigeria.
Dans son jugement, le tribunal correctionnel de Bruxelles avait également prononcé la saisie d’un certain nombre de carrés où les filles devaient se prostituer, une première en Belgique. La cour d’appel a confirmé ces saisies.
“Un véritable calvaire”
Pour Me Alexis Deswaef, avocat du Centre fédéral Migration Myria, il s’agit d’un signal fort. “L’exploitation de la prostitution constitue évidemment une infraction pénale, tout comme la traite des êtres humains. Les victimes vivaient un véritable calvaire et certaines personnes ont permis cela. Les propriétaires de ces vitrines gagnaient d’importantes sommes d’argent en fermant les yeux. Les loyers qu’ils peuvent percevoir de cette manière sont bien plus élevés que des loyers normaux, alors qu’ils savent parfaitement que ces filles sont exploitées dans des circonstances scandaleuses”, a-t-il commenté.
Avec Belga – Photo : archive BX1