Jugement ce mercredi matin pour 22 agents pénitentiaires de la prison de Forest
Le tribunal correctionnel de Bruxelles prononcera ce mercredi matin à 8h30 son jugement concernant 22 gardiens de la prison de Forest, prévenus pour traitements inhumains et dégradants commis à l’égard de détenus en 2014 et 2015. Les procureures ont requis des peines de 6 mois à 5 ans de prison à l’encontre des prévenus. La directrice de l’établissement est également prévenue dans ce dossier, pour négligence coupable, après avoir envoyé à l’isolement un détenu atteint de troubles psychiques.
Les peines les plus lourdes qui ont été requises, de 5 ans de prison, visent quatre agents pénitentiaires. Deux autres risquent de se voir infliger une peine de 4 ans de prison. Quant à la directrice, elle risque un an de prison. Pour les autres, les procureures ont requis des peines de prison moindres et se sont dites non opposée à une suspension du prononcé de la condamnation pour deux agents qui avaient alerté les médecins quant à l’état du détenu atteint de troubles psychiques placés en isolement.
Les procureures n’ont pas été tendres avec les prévenus, affirmant qu’ils ont tenté de désinformer le tribunal sur ce qui s’est réellement passé entre les murs de la prison et sur les procédures habituelles d’intervention en cas d’incidents avec des détenus. Les représentantes du ministère public ont reconnu que travailler en milieu carcéral était difficile mais que cela ne pouvait pas tout justifier. “Ce n’est pas le procès du monde carcéral, ce n’est pas le procès de tout ce qui se passe mal en prison, ce n’est pas le procès de tous les dysfonctionnements, ce n’est pas le procès de tous les gardiens de prison. C’est le procès de 22 hommes et femmes qui, à un certain moment, ont commis certaines infractions identifiées sur certaines personnes identifiées”.
Elles ont estimé que les prévenus ne méritaient plus d’exercer leur travail d’agent pénitentiaire et ont dès lors requis l’interdiction des droits civils et politiques qui les empêcherait d’exercer leur profession au sein de la fonction publique. La plupart des prévenus ont, eux, contesté avoir commis les actes de violence et de torture qu’on leur reproche.
L’enquête dans cette affaire avait débuté en 2014 après que des plaintes eurent été déposées par des détenus pour violences répétées, perpétrées par des gardiens, à la prison de Forest. Les agents visés par les plaintes étaient alors en service depuis plusieurs années dans l’aile D et à l’annexe psychiatrique de la prison. Surnommés les “SS” par des détenus, ils auraient considéré comme un jeu le fait d’insulter, d’humilier ou de provoquer des détenus parmi les plus fragiles, organisant des paris sur le nombre de prisonniers qu’ils parviendraient à envoyer en cellule d’isolement sur une journée. Ils auraient aussi coupé régulièrement l’électricité ou fermé l’eau des douches alors que les détenus étaient en train de se laver.
Belga – Photo: Dirk Waem