Forest : des peines de deux à vingt mois de prisons requises contre des agents pénitentiaires
Le tribunal correctionnel avait déjà prononcé des peines similaires à l’encontre de quatorze agents pénitentiaires de la prison de Forest pour des faits de violence physique et morale contre des détenus.
L’avocat général a requis, vendredi après-midi, devant la cour d’appel de Bruxelles, des peines de deux à 20 mois de prison à l’encontre de 14 agents pénitentiaires et d’une directrice de la prison de Forest, prévenus pour des faits de violence physique et morale à l’encontre de détenus, entre 2014 et 2015. Le magistrat a demandé, pour certains, un sursis partiel, pour d’autres, un sursis total.
L’avocat général a requis une aggravation de certaines peines prononcées par le premier juge, et la confirmation du jugement pour d’autres prévenus. Il a ainsi requis la confirmation d’une peine de 20 mois de prison à l’encontre d’un agent pénitentiaire, mais en s’opposant au sursis qui lui avait été accordé. Il a également requis des peines de 18 mois de prison à l’encontre de trois autres, avec sursis pour les deux tiers seulement et des peines de 15 mois de prison à l’encontre de deux autres prévenus, avec un même sursis partiel.
Le magistrat a poursuivi en requérant une peine de 10 mois et une peine de neuf mois de prison, avec sursis total, à l’encontre de deux autres agents encore, des peines de six mois de prison avec sursis total à l’encontre de quatre autres et enfin des peines de deux mois de prison avec sursis total pour les deux derniers.
Quant à la directrice, poursuivie pour avoir ordonné une mise à l’isolement d’un détenu souffrant de graves troubles psychiques, le ministère public a requis une peine de six mois de prison avec sursis total. Il a estimé que la suspension du prononcé, qui avait été accordée en première instance, ne sanctionnait pas suffisamment les faits.
Surpopulation et manque de personnel
Les faits ont été commis dans l’aile D de la prison, et dans l’annexe psychiatrique. La situation dans cet établissement pénitentiaire était alors extrêmement problématique, en raison d’une surpopulation carcérale, d’un manque de personnel et d’une infrastructure vétuste. Il est question d’expéditions punitives qui étaient menées le soir, particulièrement auprès de détenus fragiles et isolés. Plusieurs agents auraient considéré comme un jeu le fait d’insulter, d’humilier ou de provoquer des détenus, pour que ceux-ci soient poussés à bout et se montrent agressifs, amenant alors les gardiens à les conduire au “cachot”, la cellule d’isolement. Les auteurs auraient ensuite dressé de faux rapports disciplinaires pour justifier l’usage de la force.
En première instance, en mars 2019, le tribunal correctionnel de Bruxelles avait établi la plupart des faits dénoncés et avait prononcé des peines entre deux et 20 mois de prison avec sursis à l’encontre de quatorze agents sur vingt-deux. Un appel a ensuite été formé du côté du ministère public comme de la défense.
Les agents qui comparaissent actuellement devant la cour contestent avoir abusé de leur autorité auprès de détenus pour s’en prendre à eux par plaisir. Certains ont aussi déploré avoir été qualifiés de racistes par des témoins.
Avec Belga – Photo : illustration Belga/Nicolas Lambert