La Belgique qui gagne et des audiences records : les Jeux Paralympiques rencontrent un succès sans précédent
Depuis leur ouverture le 28 août, les Jeux Paralympiques de Paris connaissent un succès sans précédent. Loin d’être une coïncidence.
La différence est vertigineuse. Le 24 août 2021, 42 300 Belges étaient présents devant leur poste de télévision pour la cérémonie d’ouverture des Jeux de Tokyo. Trois ans plus tard, ils sont plus du double. “En moyenne, 100 539 téléspectateurs ont suivi cette soirée sur Tipik, soit une part d’audience de 11,9 %”, précise la RTBF dans un communiqué. De quoi se classer 13ᵉ des meilleurs scores du 28 août 2023, selon le CIM. Une vraie réussite. “Le public belge s’est passionné pour ce spectacle entre les Champs-Élysées et la Place de la Concorde”, ajoute la RTBF. Deux jours plus tard, pour l’épreuve d’athlétisme sur 400 mètres, 82 000 personnes étaient devant le média public pour admirer la performance de Maxime Carabin. Sous une pluie battante, l’athlète de 23 ans remportait sa première médaille des Jeux paralympiques sur le 400 m T52.
► Lire aussi | Ouverture des Jeux Paralympiques : le programme des Belges
Cet engouement est également perçu par Catherine Vanhollebeke, directrice du pôle communication d’Eqla, une association bruxelloise qui agit au quotidien avec et pour les personnes aveugles et malvoyantes. “On ressent un engouement sans précédent”, commence-t-elle. “La visibilité dans la presse et les médias est beaucoup plus forte comparée aux années précédentes. Cela fait chaud au cœur de voir tout cet intérêt.”
Les Jeux paralympiques de Paris, elle les suit assidûment puisque Martin Clobert fait partie de la Team Belgium et participera au marathon le 7 septembre prochain. “On l’a accompagné durant sa jeunesse parce qu’il était malvoyant. Aujourd’hui, il est kiné. Et on espère qu’il ramènera une médaille.”
Les résultats ont-ils une influence ?
Mercredi soir, la Bruxelloise Léa Bayékula a écrit l’histoire des JO en décrochant sa toute première médaille aux Jeux paralympiques, et la troisième en or pour la Belgique. Cette journée a même été historique, puisque 6 médailles ont été gagnées par la Team Belgium. Actuellement, les Belges ont remporté 9 médailles.
On pourrait penser qu’il existe un lien de cause à effet entre les victoires et l’engouement. “Clairement, on sent qu’il y a quelque chose qui se passe. Lorsque l’on parle aux sportifs ou à la délégation, ils le ressentent aussi”, assure Nathalie Dumont, journaliste couvrant l’événement pour La Dernière Heure. “Cependant, les résultats ont déjà été plus importants. Actuellement, on est à neuf médailles, mais il y en avait 15 à Tokyo.” À New York, la Belgique avait remporté 57 médailles, mais “ce n’est pas comparable. La compétition est devenue beaucoup plus forte et la concurrence est désormais énorme.”
► Lire aussi | Jeux Paralympiques de Paris : la Bruxelloise Léa Bayekula décroche l’or sur 100m en para-athlétisme
Pour les médias, il était important d’être présent pour marquer son intérêt. “Nous ne voulions pas rater le train. Je pense que c’était un moyen de montrer que l’inclusion est importante pour les médias”, poursuit Nathalie Dumont. Et c’est une bonne chose, selon Catherine Vanhollebeke. “Les médias jouent bien leur rôle dans cette compétition à Paris. Je pense aussi que la proximité parisienne aide. Puis, le travail des associations sur l’inclusion commence à porter ses fruits. Ce sont des athlètes accomplissant des exploits sportifs aussi valorisants que ceux des personnes valides.”
Une société et une fédération en mouvement
Cet engouement pour les Jeux paralympiques se reflète aussi dans les chiffres. “À Londres, en 2012, nous avions vendu 1 000 tickets. Cet été, on en a vendu entre 10 et 12 000. Et Londres n’est pas beaucoup plus loin que Paris”, souligne Guillaume Gobert, porte-parole du comité paralympique belge. Le public belge est actuellement le quatrième plus nombreux derrière la France, les États-Unis et la Grande-Bretagne.
Selon Nathalie Dumont et Catherine Vanhollebeke, ce succès est également le reflet d’une société en évolution. “Aujourd’hui, l’inclusivité est un sujet majeur et il y a une prise de conscience”, explique la directrice de la communication d’Eqla. “Les organisateurs ont eu de bonnes idées, comme placer le cécifoot devant la tour Eiffel. De plus, avec les différents combats comme #MeToo, la société a pris conscience qu’il faut être plus ouvert.”
► Lire aussi | Le Tour de Bruxelles, les Jeux Paralympiques, du débat et de la culture: les nouveautés de la rentrée télé de BX1
Nathalie Dumont souligne également le travail du comité olympique pour impliquer le plus grand nombre. “Nous avons mis en place de nombreux projets pour attirer du monde dans les stades et à la Belgium House. Ce mercredi, une cinquantaine de personnes issues des clubs de handisport de la Région bruxelloise, ainsi que des associations, ont pu assister à des compétitions comme le basket-ball en fauteuil.”
Pour une association comme Eqla, les Jeux paralympiques sont une vitrine pour promouvoir l’inclusivité. “N’oublions pas que ce sont des athlètes à part entière, qu’ils sont comme tout le monde.” Une fois la compétition terminée, le combat ne s’arrête pas. Les Jeux Paralympiques doivent être un moyen de se diriger vers toujours plus d’inclusion pour les personnes porteuses d’un handicap. “Les athlètes vont retourner dans leur quotidien. Pour nous, la lutte continue. Il est important de leur donner une place importante dans la société et nous y travaillons tous les jours.”
Gilles Joinau – Photo Belga