Klison Mapreni, la force de la résilience par le sport
Optimiste et rêveur. C’est par ces deux mots qu’il se définit. Il, c’est Klison Mapreni, un athlète de haut niveau porteur d’un handicap. Depuis sa naissance, il est atteint d’achromatopsie, une maladie génétique et héréditaire rare qui le rend très sensible à la lumière. “Je n’ai aucune perception des couleurs. Je vois plutôt en nuance de gris. Et j’ai une acuité visuelle de 1 sur 10. ” Enfant, il est inscrit dans l’enseignement spécialisé. “Tout était fait autour de moi pour que je puisse suivre des études confortablement. Mais dès que j’ai commencé à avoir une vie sociale, pendant l’adolescence en fait, à côtoyer des jeunes en dehors de l’école, cela a été compliqué. Un déni complet s’est fait à cette période-là”, raconte Klison.
Bruxellois d’adoption, Klison est né au Kosovo et est arrivé en Belgique avec sa famille, en 1999. ” En raison de la guerre civile, mes parents n’ont eu d’autre choix que de partir. Notre arrivée ici en Belgique a été compliqué. Mes parents étaient démunis financièrement, mais nous avons reçu beaucoup d’aides de plusieurs associations et de gens. Ce qui nous a permis de vivre décemment”, se souvient Klison.
Le goalball, une découverte décisive
Adolescent, il découvre le forball, le petit frère du goalball, une discipline sportive spécifiquement adaptée pour les personnes malvoyantes ou non-voyantes, comme Klison. Découvrir ce sport lui a permis de vivre son handicap avec plus de sérénité. ” Dès que j’ai rencontré des gens qui avaient un handicap encore plus lourd que moi, qui avaient une vie géniale, qui voyageaient partout dans le monde, je me suis rendu compte que le handicap n’était pas un frein à la réussite et à l’accomplissement de soi-même. Ça a été un boum”.
Sa vie aussi en a été bouleversé. Le forball, puis le goalball, sont devenus une passion. Alors qu’il venait à peine de commencer la discipline, ses caractéristiques physiques sont repérées par l’entraîneur de l’équipe nationale de goalball. Une sélection qui constitue un grand moment de sa carrière. ” C’était une vraie surprise. J’ai reçu un coup de fil pour passer la première étape des sélections et puis la deuxième. Et j’ai été repris” se remémore-t-il, le sourire aux lèvres.
L’accomplissement du rêve olympique
Son intégration au collectif belge lui apportera d’autres moments forts de sa vie de sportif de haut niveau. Comme la qualification pour les Jeux Paralympiques de Tokyo, décrochée en 2018 lors des Mondiaux de Malmö. “C’était fou, nous avons eu la chance de fêter ça avec des supporters venus de Belgique nous soutenir. C’était une expérience géniale de voir les proches montés sur le terrain au coup de sifflet finale. Un de mes meilleurs souvenirs,” nous raconte Klison. Le prochain grand rendez-vous de Klison est donc les Jeux Paralympiques cet été. Un rêve de plus qui se concrétise pour lui, qui n’avait pu démontrer l’étendue de ses capacités lors des Jeux Paralympiques de Londres. “A Tokyo, on y va pour une médaille. On se prépare pour ça”, confesse-t-il.
Et après l’équipe nationale, la qualification pour les Jeux, il a un autre rêve : rendre le goalball plus populaire dans notre pays. “J’aimerais développer cette discipline. Il faut recruter des jeunes, il faut encourager les non voyants ou malvoyants à au moins essayer le goalball. La Belgique est un des seuls pays où les joueurs ne sont pas des professionnels. Dans les autres pays, le goalball est très développé chez eux”. Il espère aussi être un porte-drapeau pour relayer les difficultés des personnes atteintes de déficience visuelle et porter le message qu’avoir une vie normale en étant atteint d’un handicap est possible.
■ Un reportage de Laura Vandormael, Camille Dequeker et Raphaël Sossa