Football : 843 signalements d’actes discriminatoires en un an
Le plan d’action Come Together appelle à signaler les cas de discriminations dans le milieu du football. En une année, ce sont 843 appels qui ont été recueillis dont la majorité concerne des faits de racisme. La prévention, la formation et la sanction sont les trois actions mises en place par les lanceurs du plan : l’Union royale belge des Sociétés de Football Association (URBSFA), l’association des clubs francophones de football (ACFF) et Voetbal Vlaanderen.
Cet été, l’attaquant vedette du Club Bruges Noa Lang a été sanctionné d’un passage à la Caserne Dossin pour avoir proféré un chant antisémite. Il a été contraint à une visite guidée de l’ancien camp de déportation de la seconde guerre mondiale, transformé en mémorial. “Pour lutter contre les comportements discriminants, les visites sont plus efficaces que les suspensions de quelques matches“, assure Pierre Cornez, attaché de presse de l’Union royale belge des Sociétés de Football Association.
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Le plan d’action global contre toutes formes de discrimination tire son premier bilan annuel, mais l’action s’inscrit dans un processus continu. En un an, les fédérations de football ont recueilli 843 signalements dont 394 liés à des faits de racisme sur ou au bord de terrain. Un chiffre conséquent puisqu’il s’agit de 32 faits racistes par mois. Si des chiffres spécifiques à la Région bruxelloise ne sont pas calculés, Pierre Cornez prévient : “Il faut sortir des statistiques, chaque cas est un cas de trop.” Le plan concerne le football professionnel, mais aussi le niveau amateur et les plus jeunes.
“Partis de zéro”
Les trois associations de football belge se sont dotés d’un onglet “Déposer plainte” sur leur site internet : “Nous réitérons notre appel à toutes les personnes impliquées dans le football belge pour qu’elles continuent à signaler tout cas de discrimination par le biais de l’application RBFA ou des sites internet.” Si les faits de racisme se manifestent le plus, les comportements inadéquats qui ont pour motif le genre, l’orientation sexuelle ou les caractéristiques physiques (comme le surpoids) font également l’objet de prévention et de sanction.
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“Nous sommes partis de zéro“, détaille Marvin Olawaiye, chargé des affaires sociales pour l’ACFF. Une des nouveautés est le rôle des arbitres. Le corps arbitral peut se reposer sur des témoignages pour dresser un incident discriminatoire. Si les caméras identifient aisément les lanceurs de projectile, capter les propos discriminatoires reste difficile. Les arbitres ont signalé 204 faits (en plus des 843 signalements).
Conscientiser
Pour briser les préjugés, l’URBSFA, l’ACFF et Voetbal Vlaanderen misent sur la prévention avec l’organisation de formations dédiées au racisme et à la discrimination. Deux workshops de ce type ont déjà été organisés à Bruxelles, un à Uccle et un à Jette. Ils ont attiré une vingtaine de participants chacun. Des mesures qui s’ajoutent pour le monde francophone au programme Parents Fair-Play, visant à propager les comportements exemplaires sur le terrain et en dehors.
Pour son premier anniversaire, le plan a réuni 188 membres de clubs et 185 arbitres à des formations. Les arbitres ont bénéficié de séances dédiées.
Pour monitorer l’efficacité du plan, un Diversity Board est mis en place. Composé d’experts et de victimes de discrimination, le panel pose un regard critique sur le plan pour le faire évoluer dans le bon sens.
Des projets-pilotes pour sanctionner
Derrière la sanction de Noa Lang, se dessinent les peines alternatives que mettent en place les fédérations de football. Le dialogue entre les acteurs et les partenariats avec la Caserne Dossin et le Musée royal de l’Afrique centrale sont les moyens que se donnent le plan pour lutter contre les comportements inadéquats.
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Mais s’il s’agit de peines alternatives, c’est parce que la voie principale passe par la Chambre pour la lutte contre la discrimination et le racisme (CNDR). Lancée en même temps que le plan, la Chambre, qui s’inspire de la justice traditionnelle, a rendu 75 avis. Parmi les sanctions, elle inflige des amendes, des huis-clos, des suspensions pour les joueurs ou entraineurs impliqués. “Vu l’impact du football sur une partie de la population, nous essayions d’apporter notre pierre à l’édifice pour changer les comportements“, conclut Pierre Cronez.
SDC – Photo : Belga/Virginie Lefour